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L’inflation institutionnelle, Arme de Distraction Massive... Par Yoro Dia



L’inflation institutionnelle, Arme de Distraction Massive... Par Yoro Dia
La semaine passée, je vous entretenais du déconfinement de la distraction massive dont raffolent les hommes politiques, avec le débat sur le statut du chef de l’opposition lancé en 1998 et qui se poursuit encore 22 ans après. Ces armes de distraction massive ont besoin de munitions. La principale munition des armes de distraction massive est l’inflation institutionnelle. On aime créer des jouets institutionnels comme des armes de distraction massive. Ainsi, la Commission politique du Dialogue national nous propose un Observatoire de la démocratie.

Dans notre pays, à côté des rentiers de la foi, nous avons aussi des rentiers de la tension démocratique. Ce sont eux qui sont à l’origine de cette idée de la création d’un Observatoire de la démocratie, un machin de plus dans notre inflation institutionnelle, pour caser des membres de la société civile. Dans la vie démocratique il y a toujours deux phases. Dans la première phase, le débat essentiel porte sur les questions de participation et des règles du jeu. Dans la deuxième phase, le débat doit porter sur la compétition des réponses aux questions que les citoyens se posent. Dans notre pays où l’alternance présidentielle est devenue la respiration naturelle de la démocratie, nous sommes dans la deuxième phase, même si les hommes politiques et les rentiers de la tension démocratique veulent de façon anachronique nous enfermer ad vitam aeternam dans la première phase (la phase infantile de la démocratie) ; d’où cette idée d’un Observatoire de la démocratie, dont la mission serait d’encadrer le débat et faire de la médiation entre les forces politiques. Rien que du superflu et de l’artificiel.
Le meilleur Observatoire de la démocratie s’appelle opinion publique, et les hommes politiques qui nous ont gouvernés, qui nous gouvernent ou qui aspirent à le faire le savent très bien.

Le régulateur, la main invisible de la démocratie, s’appelle le Peuple, qui prolonge ou met un terme aux contrats à durée déterminée des élus. Quant au Dialogue politique dont parle l’Observatoire, il se passe de façon temporelle à l’Assemblée nationale, et de façon permanente dans les médias. A ce dispositif s’ajoute le juge politique, à savoir le Conseil constitutionnel, chargé d’arbitrer les conflits. Notre démocratie se porte très bien et n’a pas besoin d’une nouvelle arme de distraction massive comme un Observatoire de la démocratie, qui aurait tout son sens en Biélorussie ou en Guinée Equatoriale.

Spontanément, le débat démocratique sur les inondations s’est imposé dans l’espace public, pour faire le bilan sur les 750 milliards des inondations, comme il s’est imposé dans la gestion des fonds de Force Covid-19. Ces débats, qui sont dans l’espace public et les médias, finiront à l’Assemblée nationale. On n’a point eu besoin d’Observatoire pour les encadrer. Quand le Covid-19 est arrivé, l’opposition et la majorité n’ont pas eu besoin d’observatoire pour savoir qu’ils devaient se parler. Au total, notre système démocratique se porte très bien et est très solide. Il est tellement solide que nous sommes probablement le seul pays capable d’élire un Président et de l’installer une semaine après. Le système est tellement solide qu’il pallie souvent les manquements des acteurs qui peuvent se payer le luxe d’abuser des armes de la distraction massive.

Par Yoro Dia


Mardi 15 Septembre 2020 - 21:28


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