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La France frappe l'organisation Etat islamique en Irak

L'Elysée a annoncé ce vendredi que des avions Rafale de l'armée française avaient mené leurs premiers raids aériens contre les positions de l'organisation Etat islamique dans le nord-est de l'Irak. Deux avions Rafale ont détruit un dépôt stratégique dans la région de Mossoul en début de journée.



Un avion Rafale de l'armée française. Dassault Aviation
Un avion Rafale de l'armée française. Dassault Aviation
9h40 (7h40 TU), ce vendredi 19 septembre : la France ouvre un troisième front. Présente au Mali et en Centrafrique, elle entre officiellement en guerre contre le groupe terroriste de l'Etat islamique basé en Syrie et en Irak. La France devient la deuxième puissance occidentale engagée en Irak, aux côtés des Etats-Unis, pour contrer la menace jihadiste.
 
Un dépôt entièrement détruit
 
Un communiqué de l'Elysée a annoncé que les premières frappes aériennes avaient été déclenchées ce vendredi 19 septembre dans la matinée. Elles visaient les positions des jihadistes dans le nord-est de l'Irak. L'Elysée a ajouté qu'un dépôt logistique qui contenait « beaucoup de munitions » ainsi que des véhicules et des réserves de carburant. du groupe Etat islamique avait été « entièrement détruit ». « D’autres opérations se poursuivront dans les prochains jours », est-il écrit. Les Rafale sont ensuite revenus à leur base d’Abou Dhabi, située à 1 500 km de l'objectif de ce matin.
 
François Hollande : «d'autres actions auront lieu dans les prochains jours»
19/09/2014 - par RFI Écouter
Selon le ministère de la Défense, l'opération s'est déroulée dans la région de Mossoul. Le dispositif était donc constitué de deux avions Rafale « équipés de bombes air-sol guidées laser GBU 12 », d'un avion de ravitaillement en vol C-135 FR et d'un avion de patrouille maritime Atlantique 2, chargé notamment de la première
évaluation des frappes, précise-t-on de même source. Au cours de cette mission qui a duré « un peu moins de six heures », il n'y a pas eu « de dégâts collatéraux », a-t-on également affirmé de source militaire.
 
Les détails de l'opération
19/09/2014 - par Emmanuelle Raybaut Écouter
Les frappes aériennes ont été conduites sous commandement français, en coordination avec les autorités irakiennes et avec les alliés de la France dans la région, a précisé la Défense. Le président irakien Fouad Massoum avait adressé une lettre à François Hollande lui demandant ces frappes, a-t-on par ailleurs indiqué à l'Elysée.
 
Jeudi, François Hollande avait indiqué, lors de sa conférence de presse, que l'ordre d'ouvrir le feu interviendrait « dans un délai très court ».
 
Préparation minutieuse
 
 
François Hollande et le président irakien Fouad Massoum à l'Elysée, le 15 septembre.
REUTERS/John Schults
Dans une brève allocution, François Hollande a indiqué vendredi que la France devait « savoir qu'elle est protégée ». « Il y a toujours des risques à prendre des responsabilités, je les ai réduits au minimum », a dit le chef de l'Etat. « En revanche, il y a toujours de la grandeur à
pouvoir atteindre le terrorisme car ce terrorisme-là n'est pas propre au Moyen-Orient, il nous menace », a-t-il ajouté, rappelant que des discussions auront lieu mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU pour lutter contre les « filières terroristes » qui affluent de l'étranger en Irak et en Syrie.
 
Les avions qui ont mené ces premiers bombardements sont les mêmes qui ont effectué cette semaine des vols de reconnaissances au-dessus du pays afin de cartographier le terrain. De larges zones ont été filmées, photographiées puis minutieusement étudiées cette semaine.
 
Comme Washington, Paris a décidé de limiter son action. Il n’y aura que des raids aériens : hors de question de fouler le sol, tout engagement terrestre en Irak est exclu.
 
L'édition spéciale de la mi-journée sur le début de l'intervention en Irak
19/09/2014 - par RFI Écouter
« Ces frappes sont le début d’une campagne qui s’appuie sur les missions de reconnaissance qui ont été effectuées par nos avions mais aussi en coordination étroite avec les Américains » a déclaré cet après-midi, sur l’antenne de RFI, le général Jean-Patrick Gaviard, ancien chef des opérations armées. « On va rentrer maintenant dans une deuxième phase, une phase plus concrète et plus difficile qui va être l’attaque d’objectifs mobiles. La grosse différence avec l’Afghanistan, c’est que l’armée de l'organisation Etat islamique a des véhicules lourds, des chars, de l’artillerie. C’est une grosse différence avec ce que l’on a fait en Afghanistan, voire au Mali » a-t-il poursuivi.
 
Les bombardements français et américains ne permettront pas de gagner la guerre dans l'immédiat. En revanche, ces frappes auront l'avantage non négligeable d'obliger les partisans de l'État islamique à réduire leur mobilité, à gêner le mouvement de leurs troupes et à déplacer leur entrepôt d'armes. L’organisation terroriste, qui tenait le pavé au vu et au su de tout le monde dans les régions qu'elle contrôle, soit environ un tiers de l'Irak, sera désormais contrainte d'adopter les réflexes des mouvements clandestins.
 
Certains experts estiment que les étrangers qui se battent aux côtés des jihadistes ont déjà été, par mesure de sécurité, déplacés en territoire syrien. Les autres vont quant à eux chercher à se fondre dans la masse des habitants des villes irakiennes pour tenter de passer inaperçus. Les combattants de l'EI devront d'autre part redéployer tous leurs centres de commandements désormais à la merci des bombardements. Cela ne suffit pas pour gagner une guerre définitivement, mais cela permettra à la coalition de remporter des batailles décisives.
 
Dispositif à améliorer
 
 
L'éloignement nécessite le ravitaillement en vol des Rafale.
DR
« La faiblesse dans ce dispositif, a cependant indiqué le général Jean-Patrick Gaviard, ce sont les ravitailleurs et les drones. Les drones sont pour le moment à Niamey au Niger dans le cadre de l’opération Barkhane. On n’en a que deux et on ne peut pas les amener sur le théâtre irakien puisque Barkhane est une opération très sensible et très importante. Il nous manque donc des drones et il nous manque surtout ces ravitailleurs parce qu'Abu Dhabi est à plus de 1 500 km et il faut presque 2 heures pour aller et 2 heures pour revenir ».
 
« Cela demande du carburant et du ravitaillement avec ces fameuses citernes volantes qui ont plus de 50 ans (…). Après, a estimé le général, on peut se rapprocher des théâtres d’opération, comme on l’a fait en Afghanistan. Si l’intervention s’inscrit dans la durée, on peut imaginer de se poser plus près. Au Koweït, ou même en Irak, voire même à Erbil, pourquoi pas ? De telle sorte que l’on puisse économiser du carburant et être aussi plus réactif ».
 
Une première depuis 1991
 
 
« L’intervention de la France est un appui symbolique très important pour les Etats-Unis. C’est la première fois que la France fait partie d’une telle coalition en Irak depuis 1991 » a pour sa part souligné Karim Emile Bitar, chercheur associé à l'Iris (Institut de relation internationale et stratégique) sur RFI. « En 2003, a-t-il rappelé, la France s’était fermement opposée à ce type d’intervention donc cela donne certainement une légitimité internationale qui manquait aux précédentes interventions ».
 
« Cela n’est pas pour autant une gage d’efficacité », a-t-il cependant estimé. « Si on passe en revue les principales interventions qui ont été menées depuis 15 ans au nom de la guerre contre le terrorisme, on retrouve un scénario qui se répète avec dans un premier temps une efficacité à court terme (…) et très vite on se rend compte que le problème politique est loin d’être réglé, comme c’est le cas en Afghanistan ». « Pour le moment, cette intervention bénéficie d’un large soutien dans l’opinion mais, a prévenu M. Bitar, on va vite se rendre compte qu’il va y avoir non seulement des conséquences inattendues mais qu’on risque peut-être d’aggraver le problème politique et d’accélérer la dislocation de l’Irak »
 
La décision de la France de mener des frappes en Irak a été saluée par le président américain Barack Obama, qui a qualifié Paris de « partenaire solide » dans sa lutte « contre le terrorisme ». L'entente entre les deux alliés contraste évidemment avec les fortes tensions créées  par la franche opposition de Paris à la guerre en Irak lancée par le président George W. Bush en 2003. Pour sa part, le chef de la diplomatie américaine John Kerry préside dans la journée une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'ONU, avec l'objectif d'être « plus précis » dans les attributions de chacun dans la guerre contre le mouvement Etat Islamique.
 
Qui d’autre pour intervenir en Irak ?
 
La question est maintenant de savoir quels autres Etats de la coalition pourront se joindre aux Français et aux Américains. Très peu de pays occidentaux ont les moyens de participer à des opérations directes, car il faut disposer pour cela de bases locales proches ou utiliser un porte-avion comme le fait par exemple l’armée américaine depuis le 8 août.
 
Du côté des pays arabes, on sait les pays du Golfe bien équipés. Mais toute la question est de savoir s’ils seront prêts à aller au-delà d’un support technique et logistique. Aucune annonce dans ce sens n’a pour l’instant été faite.

Rfi.fr

Samedi 20 Septembre 2014 - 02:36