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Opinion: Abbé Adolphe Faye : Bouclier du Vendredi Saint

Si le Devoir est une obligation morale, alors la reconnaissance nous commande de tracer ces quelques lignes.



Opinion: Abbé Adolphe Faye : Bouclier du Vendredi Saint
14 avril 2006, jour du Vendredi Saint, des gouvernants à culture primaire, instruisent des janissaires de la DIC (Division des Investigations Criminelles-police sénégalaise), tout aussi incultes car ignorants de la signification du Vendredi Saint, d’arrêter à 15 heures, un citoyen catholique, jeûneur innocent, qui n’a ni tué ni volé. Préalablement, il leur avait signifié clairement sa décision de se rendre au Chemin de Croix à la Cathédrale de son enfance plutôt que de déférer, à cette heure là, à une convocation injustifiée.

Après s’être postés auprès de toutes les issues de l’église, y compris la porte intérieure de la sacristie, les policiers de la DIC infiltrèrent l’édifice en vue de l’exécution de leur basse besogne. Les célébrants informés, saisirent l’Abbé Adolphe qui fit déplacer l’auteur de ce texte pour l’installer vers le chœur afin de parer à toute éventualité de force qui, nécessairement, aurait troublé la cérémonie.

A la fin de l’office, l’Abbé Adolphe Pierre Faye monte en chaire. Il informe les fidèles médusés de ce qui se passe. Orateur hors pair, admiré de l’ancien ministre de l’Education Nationale, feu le Dr François Dieng, il décrit la situation dans une belle improvisation, prend l’assistance à témoin, fustige le comportement de la police et des autorités, clame l’indépendance et la neutralité de l’Eglise, crie à la profanation, fait vibrer le vitraux en tonnant l’indignation de la Communauté Catholique, proclame souverainement son soutien et celui des fidèles présents à leur frère en Christ pourchassé, perturbé dans sa prière, en ce jour de grande dévotion.

L’assistance ahurie, murmura sa colère en s’interrogeant puis explosa en un tonnerre d’applaudissements lorsque l’abbé Adolphe invita votre serviteur à sortir juste derrière la croix, comme pour dire au Christ, «...Per Sanctam Crucem Tuam… », Tu dois refuser l’injustice.

Le relais médiatique et l’opposition physique des fidèles à toute arrestation à la sortie de l’église, propagèrent dans le pays une réprobation unanime œcuménique. Pour parvenir à ses fins, la police dut se résoudre à une course poursuite dans la ville, digne des films de gangsters.

Quelques heures plus tard, le Chef de l’Etat, victime d’une désinformation de ses serviteurs à travers, notamment, des bulletins de renseignements falsifiés, contacta l’Abbé Adolphe. Ce dernier ne se laissa ni impressionner ni influencer. Il expliqua les faits dans leur vérité et profita de l’occasion pour dire, courageusement, la vérité à son interlocuteur. Le courage authentique réside dans la vérité authentique.

Comportement normal pour un prêtre qui ne «…confondait jamais César et Dieu, Eglise et Etat… » et dont le « ...programme politique…c’est Jésus et l’Eglise » (Henriette Niang-Kandé in Sud Quotidien 27/7/09).
Après vérifications et recoupements, le Président se rendit à l’évidence, d’où la libération ordonnée tard dans la nuit, d’autant que la nouvelle était déjà remontée de diverses chancelleries vers l’étranger, y compris le Vatican dont l’un des édifices venait d’être violé.

Devant la Hiérarchie, l’Abbé Adolphe soutiendra la version authentique, vécue et fit obstacle, avec autorité, à toutes les tentatives d’intoxication et de malveillance.

Ultérieurement, l’incompétence d’un petit juge d’instruction aux ordres mena le laïc concerné en prison, d’où il refusa de sortir à la suite de près d’un mois d’incarcération arbitraire. On dut l’expulser de la prison.

Depuis lors, nous avons posé sur l’Abbé Adolphe le même regard que celui avec lequel nous observions feu l’Abbé Sock (Sénégal), le Cardinal Malula (ex Zaïre), Mgr Tchidimbo (Guinée), le Cardinal Tumi (Cameroun). Quelques exemples de prêtres courageux et qui l’ont prouvé. Ces exemples ne sont pas exhaustifs. Pour ne pas surcharger l’exposé nous ne développerons que le cas de deux des modèles présentés ci-dessus.

Goréen comme l’abbé Adolphe qui porte son prénom, Monsieur l’Abbé Pierre Sock, ancien curé de Thiès, indépendantiste et socialiste, fut un ami personnel de Mamadou Dia qu’il ne lâcha jamais malgré les pressions de Léopold S. Senghor. Au contraire, « IL a été une des personnalités du monde religieux qui a osé interpeller Senghor pour réclamer dans une lettre de cinq pages, la libération de son ami et frère Mamadou Dia. » (Dia dans un journal politique -août 1983).

A sa disparition, dans un article de haute facture, publié dans le journal précité et signé du 19 août 1983, le président Dia, en manière de témoignage, salua cette « ...voix d’orgue de cathédrale…évangéliste des temps nouveaux… porteur de message œcuménique... patriote et prêtre engagé…volcan généreux d’étincelles qui jaillissaient de ses sermons où se heurtaient toutes ses passions et se jumelaient la vérité fougueuse quand elle s’émancipe et le courage serein qui triomphe… ».

Dia ajoute : « ..C’est ce courage qui lui permettra, sans être un diplomate, de donner la solution apaisante au conflit qui opposait l’Eglise catholique de Guinée et le président Sékou Touré ». Mamadou Dia oublie de préciser que la personnalité de l’Abbé Sock en imposait, même face à Sékou Touré lequel nourrissait, en fait, affection et admiration pour le prêtre sénégalais.

Monseigneur Raymond-Marie Tchidimbo (Conakry) : Nous avions eu le privilège de le connaître chez nous car camarade d’armes de notre père avec qui il avait servi sous les drapeaux. Lors de ses passages à Dakar, il était parfois invité à la maison. Né en Guinée d’un père gabonais, ce prélat, nationaliste pragmatique, se dressa farouchement contre la tyrannie de Sékou Touré qui l’arrêta « ...pour collaboration avec l’opposition et délit d’opinion » (sic), le tortura, l’emprisonna durant huit ans et huit mois au camp Boiro, camp de la mort de triste réputation.

Libéré, il fut expulsé, envoyé de force en exil à Rome.
Son sacrifice fortifiera, à ce point l’Eglise de Guinée qu’elle put offrir au Vatican son successeur (Mgr Robert Sarah) comme membre du Gouvernement de l’Eglise.
Lors de la visite du Pape Jean-Paul II, d’illustre mémoire, en Guinée, en Février 1992, le Souverain Pontife, rendra en la présence de Mgr Tchidimbo, un vibrant hommage à ce combattant de la liberté et de la démocratie aussi bien en la cathédrale qu’au stade du 28 septembre de Conakry.

Le Cardinal Joseph-Albert Malula (Kinshasa), alias l’adepte de « ..la profondeur subversive de la parole de Jésus…” fera face à la dictature de Mobutu sans faillir. Le Cardinal Christian Tumi (Douala) appelé le « ...symbole de la résistance éthique et morale » est celui qui a toujours mener une lutte ouverte pour le « respect du jeu démocratique au Cameroun ».

Nous avons souhaité rapprocher Monsieur l’Abbé Adolphe Faye de ces quelques grandes figures de l’Eglise Africaine pour magnifier son attitude courageuse lors de ce Vendredi Saint. En fait, depuis longtemps, il avait adopté une posture patriotique en direction de l’engagement démocratique.

En 1996, après les élections locales, prenant l’initiative d’insister sur l’engagement des chrétiens dans le champ politique, il nous avait demandé d’introduire le débat devant de nombreux jeunes réunis à la salle Biard. Sa préoccupation consistait à les sensibiliser aux affaires du pays, afin que les décisions ne se prennent pas en leur absence et qu’ils puissent apporter leur contribution à l’édification d’un Sénégal nouveau.
Diverses voix et plumes plus avisées ont déjà souligné et évoqueront, sûrement, d’autres facettes de ce prêtre de référence.

Avec leurs cousins goréens, les dakarois sont nombreux qui regrettent, profondément, que l’Abbé Adolphe n’ait pas été évêque, ne serait-ce qu’évêque auxiliaire ainsi qu’ils l’espéraient secrètement. IL en avait l’étoffe, les capacités, l’autorité, la droiture, la personnalité, le sens des responsabilités, la probité managériale et il bénéficiait du vœu populaire à cet effet. Il n’en a pas eu la chance.

Adieu, Monsieur l’Abbé ! Merci ! Grâce à vous, tout le Sénégal, toutes confessions confondues, sait, à présent, la signification et l’importance du Vendredi saint. Nous avons la certitude que les anges, les archanges et les martyrs vous ont accueilli pour vous mener auprès de Notre Père. Que le Christ vous remette l’Anneau de votre fidélité à l’Eglise ; qu’IL vous confie la Crosse car vous avez toujours pris soin du troupeau ; qu’IL vous coiffe de la Mitre de la sainteté que la terre ne vous a pas fait porter. Ainsi Soit-IL.

Jean-Paul Dias

Jean Paul Dias

Jeudi 30 Juillet 2009 - 19:10


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1.Posté par DIOP le 31/07/2009 01:53
MERCI Mr. J-P DIAS..... SEULE LA VERITE, ET UNE VIE VERTUEUSE......

2.Posté par alfred le 31/07/2009 17:30
Un Homme s'en est allé rejoindre son pére. Il a accompli sa mission sur terre, mais malheureusement la reconnaissance des grands hommes n'est reconnu qu'en leur absence. Il incarnait la sagesse, la sincérité, et la droiture. Pour m'avoir baptisé , introduis et accueilli dans la famille des enfants de Dieu, je dois à cet homme toute ma démarche de foi qui est le centre de ma vie.
Un merci ne saurait traduire ma gratitude et ma reconnaissance. Mais je pense ma priére pourrait lui être utile. Repose en Paix Abbè et que les Saints Anges vous accueille auprès du Pére Celeste en qui tu as toujours donné ta vie.
Hommage à toi.

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