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Pascal Simbikangwa, «l'instigateur d'un génocide» selon l'accusation

Dans le procès de Pascal Simbikangwa qui se déroule à Paris devant la cour d'assises, le ministère public a requis la peine maximale c'est-à-dire la perpétuité. Pour l'accusation, Pascal Simbikangwa s’est rendu coupable de crime de génocide, « le crime des crimes ». Au moment de requérir, l’avocat général Bruno Sturlese a livré cette réflexion, « après cette plongée dans ce "livre noir" de l’humanité, je ne pourrai plus être le même homme ».



Photo d'archives de Pascal Simbikangwa.
Photo d'archives de Pascal Simbikangwa.

Après six semaines de débats, de plongée dans ce dossier rwandais terrifiant, l’accusation a acquis la certitude que Pascal Simbikangwa a bien joué un rôle essentiel dans le génocide des tutsis d’avril à juillet 1994. Et elle a la rage de convaincre : l'accusé est un instigateur du génocide, pas un simple complice ; il est coupable du crime de génocide, voilà sa véritable place pénale insiste le procureur. Des mots qui ont bouleverséDafroza Gauthier, survivante de la tragédie  : « Je salue le réquisitoire », dit-elle. « Ces paroles nous sont allées droit au cœur. Aujourd’hui on a ressuscité nos victimes…elles revivent ».

Perpétuité, la peine s’imposait, ca n’est pas une surprise ajoute Simon Forman, avocat du collectif des parties civiles pour le Rwanda : « c’est cohérent avec les débats avec la gravité de ce qui lui est reproché. Ce n’est jamais réjouissant d’entendre requérir une peine aussi lourde, il n y a pas de satisfaction particulière que les parties civiles peuvent retirer à l’idée que quelqu’un finisse ses jours en prison. Mais le génocide est puni de réclusion criminelle à perpétuité, Pascal Simbikangwa est accusé et vraisemblablement coupable d’avoir eu un rôle particulièrement important à Kigali dans l’organisation de ce génocide, donc c’est cohérent ».

Les éléments à charge longuement détaillés par l'accusation

Pascal Simbikangwa, c’est un épurateur de la première heure, affirme le procureur Sturlese. C’est un homme terrifiant, agissant masqué, un dignitaire radical mêlé aux basses œuvres et capable du pire. De nombreux témoins l’ont vu à Kigali, sur les barrières, donnant des ordres et distribuant des armes aux miliciens Interhamwés. Un homme aux antipodes donc du « petit fonctionnaire désœuvré», comme il s’est décrit.

« Pascal Simbikangwa a-t-il pu vivre les trois mois du génocide dans une bulle d’ignorance, sans rien voir ? », poursuit la vice-procureur Aurélia Devos. Cela prête à sourire. Et de rappeler que les tutsis réfugiés chez lui ont été les témoins, malgré eux de son comportement. Il les a sauvé pour créer un écran de fumée pour se transformer en ce qu’il n’est pas, soutient l’accusation. Une ligne de défense vouée à l’échec aux yeux d’Emmanuel Daoud, avocat des parties civiles : « Le capitaine Pascal Simbikangwa a choisi une stratégie qui est celle du mensonge, de l’esquive, du déni, du cynisme, de l’indignité, cette stratégie n’allait pas être suivie par les juges, parce qu’il avait un devoir de vérité aussi à l’égard de ses juges. En se défendant ainsi, il courait à mon avis à une condamnation et une déclaration de culpabilité ».

La parole à la défense

Une accusation qui ne repose que sur des témoignages douteux, voir manipulés clame Fabrice Epstein, l’un des deux avocats de l’accusé : « On sait très bien depuis le début que le parquet allait requérir la perpétuité, à nous de démontrer que tout ce qu’ils ont construit ne tient pas debout. C’est bien plus agréable de le qualifier de génocidaire négationiste pour pouvoir requérir une peine de réclusion à perpétuité, faire de lui un gros bonnet, un instigateur. Ça devient quelqu’un qui a participé à des réunions, ca devient quelqu’un d’extrêmement important. C’est leur approche, ce n’est pas la nôtre ». La défense qui ce jeudi va avoir la lourde tâche de plaider et de tenter de convaincre la cour de l’innocence de l’accusé, au moins au bénéfice du doute.

Source : Rfi.fr
 



Jeudi 13 Mars 2014 - 10:14


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