Connectez-vous S'inscrire
PRESSAFRIK.COM , L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité)

Rendre A Sédar...



Rendre A Sédar...

 
Sénégal-Afrique du Sud, les trois jours de deuil national (6, 7 et 8 décembre) décrétés par la président Macky Sall à l'occasion de la perte cruelle de l'Immortel Nelson Mandela marquent dans les faits les cinquante ans de coopération multiforme et de coopération agissante qui unissent le Sénégal au pays Arc en ciel.
La visite de Jacob Zuma, en octobre dernier, donnait un aperçu de la solidité des relations qui se veulent tout à la fois économiques et militaires ; elle se situait dans le prolongement de celles effectuées plusieurs fois auparavant par le regretté Mandela lui-même, à titre officiel (sous Diouf), et officieux sous Senghor).


C'est Mandela lui-même qui évoque ses souvenirs et rappelle le séjour effectué  en 1962 au Sénégal, avec  Oliver Tambo, son acolyte désigné par le Congrès national africain (Anc) alors en quête de soutien international pour mener à bien son combat contre l'Apartheid. Nelson Mandela est revenu à Dakar en 1991 (7, 8, 9 novembre)remercier le peuple sénégalais de son soutien à la lutte du peuple sud-africain pour démanteler l'apartheid. Abdou Diouf, alors président en exercice de l'Oua, avait visité les États de la ligne de front en octobre 1985, dans le cadre des points de l'Organisation continentale d'accélérer la lutte pour la libération totale du continent ; deux ans auparavant, en 1983, le Sénégal avait commis l'imprudence d'être absent à Lisbonne, au Portugal, lors de la Conférence internationale de solidarité avec les États de la ligne de front, rompant ainsi de facto l'élan national en faveur des plus faibles dans leurs relations avec les plus forts.


Le premier mandat de Diouf à la tête de l'Oua permettait alors de corriger certaines erreurs de jeunesse. L'opposition au sein d'un démocratisme sénégalais aura permis de ce faire, elle présente au Portugal en 1983 et chahutant les dictateurs reçus en grande pompe à Dakar (Mobutu). Premier chef d'État indépendant en solidarité avec ceux qui luttent pour leur indépendance, Senghor s'est engagé très tôt dans la brèche, bien avant l'Organisation de l'Unité africaine qui ne naitra qu'en 1963, pour mener à sa manière une bataille culturelle aux côtés de ceux qui luttent pour la dignité de l'homme noir. Pour la solidarité avec  les pays de l'Afrique australe, cet engagement empruntera parfois des chemins de traverse qui dérouteront bien d'observateurs.
 

Sénégal-Afriquedu SudOr donc, en 1962, Senghor rencontre secrètement Tambo et Mandela. En 1975, il reçoit Elgin, leader de l'opposition blanche. Mieux imprégné de la réalité en Afrique australe, le premier président sénégalais engage la bataille de la solidarité. Prévenant, il accorde aux mouvements  en lutte le statut diplomatique, qu'ils soient proches ou éloignés ; il facilite le déplacement des responsables en leur octroyant le passeport sénégalais et prépare l'indépendance et la formation des cadres en octroyant des bourses pour des études au Sénégal ou à l'extérieur.
 
Ce combat, Senghor le mène aussi bien au Sénégal qu'à l'extérieur. A Dakar, les pays lusophones trouvent gîte et couvert. Suspicieux contre les régimes castrateurs depuis son départ de la Section française de l'Internationale ouvrière (Sfio), il se méfie  même du communisme. Aussi adopte-t-il souvent des attitudes en apparence paradoxales dans le même secteur de la solidarité agissante : il accueille à la fois Thomas Nkono, pour l'Anc, et Andrade de l'Union nationale pour l'Indépendance totale de l'Angola (Unita) pro-occidentale mais fantoche, créée de toutes pièces pour contenir l'avancée du communisme solidaire en Angola. Lui le poète reconnu admire bien António Agostinho Neto Kilamba, premier président de l'Angola libéré,  son alter ego renommé sur le plan de la culture mais adossé à Moscou où il est mort, d'ailleurs.
 
Au Sénégal même, il paie un lourd tribut en Casamance qui subit principalement l'effort de guerre en Guinée Bissau et au Cap Vert  en appuyant le Parti africain pour l'Indépendance de la Guinée et des Iles du Cap-Vert (Paigc) ; mais, puisque Cabral avait son quartier général  à Conakry que de Gaulle avait quitté en 1958 dans les conditions que l'on sait, Senghor admet en même temps le Front de Libération nationale de la Guinée, le Fling, ce qui ne manquait pas de piquant dans la cohabitation des combattants indépendantistes guinéens au Sénégal.


En révolutionnaire incompris de son temps, Senghor maintenait le momentum d'un Sénégal engagé auprès de ceux qui luttent (Palestine) et recherchent la paix (Liban). Il faut donc rendre à Sédar etc...

Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue

Dimanche 8 Décembre 2013 - 00:04


div id="taboola-below-article-thumbnails">

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter