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Sénégal: Decroix, la cause de l'acteur



Le secrétaire général adjoint de AJ/PADS, Mamadou Diop Decroix limogé et qui refuse pour être leader
Le secrétaire général adjoint de AJ/PADS, Mamadou Diop Decroix limogé et qui refuse pour être leader
Une nouvelle conscience dans la démocratie, pas de tiraillement au rythme de casseroles qui traînent. Un véritable contrepoids politique inspiré et inspirateur, devant guérir le landerneau dirigeant de son inertie, capable de résoudre sa crise de représentation par un vrai leadership et de trouver un projet de société pertinent et congru. Tout le débat est là. Là, juste sous les pieds d'Aj-Pads. Pas dans le premier regard du premier venu. Et Decroix n'en est pas un.

Decroix est dans les rangs d'AJ. Et il y sera, quoique les idéologues du refoulement veuillent l'extirper d'un foyer dont il détient l'une des clés-forces. En tant qu'intellectuel producteur et non consommateur, je me donne encore le devoir de me prononcer sur une conjoncture structurelle ainsi que sur «un bouquet de conjectures programmées» que les conservateurs peinent à entrevoir. Ma foi ! Surtout, dans un parti, comme AJ, dont l'essentiel des actionnaires portent le titre ô combien honorable de Cadre.

On le sait donc, la politique ne supporte pas les états d'âme, elle les véhicule plutôt. De ce fait, AJ gagnerait davantage à composer avec ce que lui propose Decroix. D'autant que la politique est plus une question de renouvellement du bien qu'une question de décèlement du mal. Plus une question de réincarnation qu'une question de regain… Le recommencement est une donnée faible.

La position de Mamadou Diop Decroix, consistant à donner une nouvelle dimension et une vision beaucoup plus éclairée à AJ qui, on se le rappelle, avait piteusement failli en ayant comme porteur de projet Landing Savané lors de la présidentielle 2007, entre dans ce cadre. Elle n'est guère un reniement à des convictions ni un appel à une «insurrection» interne à un parti qui porte et supporte l'intelligence. Je ne veux pas parler, ici, d'intelligentsia. Puisque le paradigme renvoie à une caste. Et cela exclurait bien des gens dans mon argumentaire. Et mon argumentaire est fait pour être partagé. Il ne saurait être exclusif mais voudrait écarter tout principe de sectarisme.

Ceci étant, revenons à la cause de l'acteur !

La position de Mamadou Diop Decroix est plutôt une invite. Une invite à une objectivation des actions de principe qui fondent son parti ainsi qu'une cohérence plus accrue du dialogue que tout parti moderne doit entretenir avec le peuple souverain. Le peuple seulement !

Son livre (la cause du peuple) en est une preuve palpable. La cause du peuple ! Contrairement à d'aucuns qui porteraient toujours la conscience antérieure en bandoulière, Decroix, lui, l'expert informaticien, par ailleurs, se voulant un acteur dans la postmodernité, ne met pas en avant la lutte des classes, aujourd'hui liquidée par la conscience moderne et le bon sens. Il met plutôt, en première ligne, la formule contemporaine qui voudrait que les partis changent et évoluent. Car, l'immobilisme est une faute en politique et se paie très cher, un jour ou l'autre.

Le monde a changé et Decroix tient à faire évoluer AJ, dans l'action. En effet, de nos jours, seule l'évolution semble avoir de sens et de contenu dans un contexte où la portée et la signification du conservatisme battent de l'aile ; et ce, depuis que François Furet a traduit sa pensée écrite en une belle formule imagée : le passé d'une illusion, raccompagnant ainsi au cimetière la dépouille d'un sujet rendu obsolète par l'épuisement des idéologies, et qui, pourtant, a toujours eu pour dernier viatique la Praxis léninienne. Cela, Demba Ndiaye l'explique qui analyse «la langue de bois du 25 février 2007», dans une ses chroniques dans les colonnes du quotidien L'AS : "(...) La lutte des classes n'est pas morte, elle a seulement bifurqué pour prendre d'autres formes. C'est l'époque qui veut ça. Une époque marquée par un libéralisme outrancier, qui, pour s'exporter et s'imposer, est obligé d'agiter la carotte (de la liberté) et le bâton (de la guerre) des profits. Cela laisse très peu de place à un paradis sans antagonismes ni conflits. Bien sûr, c'est le rêve impossible du libéralisme (...)".Bien sûr, c'est aussi le grand dilemme... Le dilemme auquel les pourfendeurs de Decroix sont confrontés.

On n'a pas besoin de repenser l'histoire pour essayer de comprendre et de s'affirmer. Decroix a pris position… Et c'est tout. Il s'affirme et indique la nouvelle voie à suivre. A ce titre, l'on peut dire qu'il a posé un acte, tout à la fois, héroïque et réformateur. Cependant, il ne défie personne. Il en appelle seulement à la real politique, pas à la fin de l'histoire renvoyant au dernier homme dont parle sociologiquement l'américain d'origine japonaise, Francis Fukuyama, avec autant de salive que d'encre ayant bouleversé le monde des concepts et des concepteurs de l'intellectualisme.

Enfin. Enfin, le dernier mot revient à un autre acteur, partenaire de Decroix : la paix… Silence, elle nous parle : les cloches sonnent. Elles sonnent le tocsin de l'idéologie de la polémique. Aussi s'élèvent, au-delà des barrières, d'autres échos cultuels. Ce sont les voix du muezzin des mosquées, du maître des collines du Boundou, du païen des berges du Sine… De ma chambre, j'entends, tranquilles, toutes ces voix dans le tumulte de la peur. Hélas, elles ne voient et n'entendent rien. La surdité et la cécité les habitent, les assaillent, les dépriment, et les privent de liberté, pourtant largement à leur portée.

Pourquoi donc s'entêter à l'appel des Envoyés du Maître des mondes ? Pourquoi résister à la concorde ? Pourquoi provoquer encore le bruit des banalités et de la subversion ? Silence, la prison de la pensée leur parle. Elle est certes privation de liberté mais elle libère, en aidant à prendre du recul… Reculer pour mieux sauter, comme dit le bel esprit. Juste un saut vers la fraternité, l'ouverture et le dialogue. Juste un essai. Si, il le faut. Il est nécessaire voire impératif de faire le pas menant vers la paix sociale et la quiétude politique. Car, la sérénité est un humanisme. Une éthique loin des fantasmes. A défaut, ce serait un autre dilemme… Celui de voir un pan entier de la démocratie sénégalaise s'effriter avec des pertes, des regrets voire des remords. Car, après tout, Decroix est un acteur en qui AJ doit porter foi si l'on sait que l'Aristotologie ou l'étude de la logique définit l'acteur comme étant quelqu'un qui a une double phalange, pour ne pas dire identité : l'homme (actant) et le personnage. A cause d'un principe qui veuille qu'un homme, politique, s'engage dans l'action, il va de soi que l'auteur demeure l'acteur de La cause du peuple.

Issa Thioro GUEYE
Journaliste-Ecrivain
issathioro@gmail.com


Issa Thioro GUEYE

Lundi 9 Février 2009 - 18:03


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