“J’ai honte pour ma ville“. Ces mots sont d’Abdoulaye. Un enseignant matamois que nous avons rencontré ce lundi, dans la capitale régionale. Entouré de ses copains, ils essaient d’expliquer ou de comprendre l’exception matamoise dans les élections locales 2009. Les postes radios collés à leurs oreilles, ils écoutent religieusement avec différents correspondants régionaux et autres envoyés spéciaux, les résultats qui confirment l’avantage de la Coalition Benno Siggil Senegaal sur celle de Sopi 2009. De leurs bouches sortent des désapprobations ‘’heureuses’’, teintées de brin d’humour, à chaque fois que les stations FM annoncent une défaite de Parti au pouvoir. “C’est l’hécatombe. On vient d’annoncer que la Coalition Sopi a perdu à Pikine Ouest, à Guédiawaye, à Podor, à Saint-Louis, à Thiès, à Fatick“, s’étonne un jeune sympathisant du Rassemblement pour le socialisme et la démocratie / Takku Defaraat Sénégal (RSD/TDS).
“Il n’y a donc que chez nous à Matam que le Sopi va gagner“, affirme-t-il avec dépit. Son camarade d’à côté rectifie sa pensée. “Il ne faut pas généraliser. Moi, je suis de Matam région, précisément à Bokidiawé. Nous avons voté Benno Siggil Senegaal. Il n’y a que Matam commune qui s’est toujours comportée ainsi. Depuis les indépendances vous votez toujours pour le parti au pouvoir, sans réfléchir“. Puis Abdoulaye, “intellectuellement“ d’un cran supérieur aux autres tente de donner les raisons. “C’est quelque chose de purement culturelle. Il y a un adage en poular qui dit ceci : “woondé lamou sadayindi mbantadé (ce qui signifie littéralement : cotoyez les gens qui ont le pouvoir si tu veux une promotion)“. C’est là qu’il faut chercher les raisons“. Et d’ajouter : “depuis Senghor en pensant par Abdou Diouf, Matam n’a pas varié. Même en 2000, la commune a massivement voté pour le candidat Diouf au premier tour avant de faire une volte-face au second tour pour rejoindre Wade“.
Et un confrère de les interpeller en ces termes : “pourtant la région reste l’une des plus pauvres du Sénégal ?“. Un paradoxe qu’ils apprécient doublement. D’aucuns soutiennent que la tendance est restée ainsi parce que l’électorat n’est pas constitué de jeunes contrairement dans certaines capitales régionales. “Ici, la plupart des jeunes sont à l’Extérieur ou à l’intérieur du pays (Dakar, Kaolack etc.). Ce sont donc les femmes et les personnes d’un certain âge qui votent. Des gens qui sont facilement corruptibles ou qui sont fidèles en amitié“, analyse un membre de Benno Siggil Senegaal.
Alors que d’autres mettent l’accent sur le féodalisme qui freine le développement de la région.
Guerre entre nobles, castés et esclaves
L’artiste Baba Maal a essayé de sensibiliser ses concitoyens du Fouta, sur cette “guerre“ qu’ils se livrent depuis les temps immémoriaux, mais sa contrée vit toujours et encore avec ses démons. Dans une de ses chansons, l’enfant de Podor rappelle que la véritable aristocratie n’est pas de naissance. Lui aussi, nous apprend-t-on, a été victime de ce féodalisme qui freine l’ancrage démocratique de cette région. Les victoires de la Coalition Sopi comme celles du PS d’alors qui avaient eu lieu dans la région trouvent leurs explications selon certains dans cette “guerre“.
Une source nous renseigne qu’à Matam, Amadou Djiby Diallo n’a jamais connu de transhumance. “Il a été un libéral et a été toujours avec Abdoulaye Wade. Mais au lendemain de l’alternance, nous avons assisté à l’arrivée massive des Socialistes comme Adama Sall, Sada Ndiaye, Abdoulaye Dieng entre autres. Et je me souviens encore lors d’une réunion, Sada Ndiaye l’a apostrophé en lui disant directement : “tu es un descendant d’esclave, tu ne peux pas nous diriger“.
On se souvient aussi d’un meeting en 2000, où l’actuel Réformiste, alors tout puissant porte-parole du PS avait qualifié Abdourahmane Touré “d’étranger“ qui vient du Mali. Ce phénomène semble aussi refaire surface à Thilogne où les Torodos sont décidés de barrer la route à Abdoul Guissé (casté) candidat d’AJ/PADS pour la conquête de la mairie. Après Elimane Kane, il y a de fortes chances que Sidy Kane redevient l’édile de la ville.
“Il n’y a donc que chez nous à Matam que le Sopi va gagner“, affirme-t-il avec dépit. Son camarade d’à côté rectifie sa pensée. “Il ne faut pas généraliser. Moi, je suis de Matam région, précisément à Bokidiawé. Nous avons voté Benno Siggil Senegaal. Il n’y a que Matam commune qui s’est toujours comportée ainsi. Depuis les indépendances vous votez toujours pour le parti au pouvoir, sans réfléchir“. Puis Abdoulaye, “intellectuellement“ d’un cran supérieur aux autres tente de donner les raisons. “C’est quelque chose de purement culturelle. Il y a un adage en poular qui dit ceci : “woondé lamou sadayindi mbantadé (ce qui signifie littéralement : cotoyez les gens qui ont le pouvoir si tu veux une promotion)“. C’est là qu’il faut chercher les raisons“. Et d’ajouter : “depuis Senghor en pensant par Abdou Diouf, Matam n’a pas varié. Même en 2000, la commune a massivement voté pour le candidat Diouf au premier tour avant de faire une volte-face au second tour pour rejoindre Wade“.
Et un confrère de les interpeller en ces termes : “pourtant la région reste l’une des plus pauvres du Sénégal ?“. Un paradoxe qu’ils apprécient doublement. D’aucuns soutiennent que la tendance est restée ainsi parce que l’électorat n’est pas constitué de jeunes contrairement dans certaines capitales régionales. “Ici, la plupart des jeunes sont à l’Extérieur ou à l’intérieur du pays (Dakar, Kaolack etc.). Ce sont donc les femmes et les personnes d’un certain âge qui votent. Des gens qui sont facilement corruptibles ou qui sont fidèles en amitié“, analyse un membre de Benno Siggil Senegaal.
Alors que d’autres mettent l’accent sur le féodalisme qui freine le développement de la région.
Guerre entre nobles, castés et esclaves
L’artiste Baba Maal a essayé de sensibiliser ses concitoyens du Fouta, sur cette “guerre“ qu’ils se livrent depuis les temps immémoriaux, mais sa contrée vit toujours et encore avec ses démons. Dans une de ses chansons, l’enfant de Podor rappelle que la véritable aristocratie n’est pas de naissance. Lui aussi, nous apprend-t-on, a été victime de ce féodalisme qui freine l’ancrage démocratique de cette région. Les victoires de la Coalition Sopi comme celles du PS d’alors qui avaient eu lieu dans la région trouvent leurs explications selon certains dans cette “guerre“.
Une source nous renseigne qu’à Matam, Amadou Djiby Diallo n’a jamais connu de transhumance. “Il a été un libéral et a été toujours avec Abdoulaye Wade. Mais au lendemain de l’alternance, nous avons assisté à l’arrivée massive des Socialistes comme Adama Sall, Sada Ndiaye, Abdoulaye Dieng entre autres. Et je me souviens encore lors d’une réunion, Sada Ndiaye l’a apostrophé en lui disant directement : “tu es un descendant d’esclave, tu ne peux pas nous diriger“.
On se souvient aussi d’un meeting en 2000, où l’actuel Réformiste, alors tout puissant porte-parole du PS avait qualifié Abdourahmane Touré “d’étranger“ qui vient du Mali. Ce phénomène semble aussi refaire surface à Thilogne où les Torodos sont décidés de barrer la route à Abdoul Guissé (casté) candidat d’AJ/PADS pour la conquête de la mairie. Après Elimane Kane, il y a de fortes chances que Sidy Kane redevient l’édile de la ville.
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