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Ukraine: violences meurtrières à Kiev

Tandis que les affrontements meurtriers ont repris ce jeudi matin dans le centre de Kiev, les ministres européens des Affaires étrangères ont annulé leur rencontre prévue à Kiev. Le bilan des victimes -25 morts par balles selon l'AFP- reste provisoire.



Le nombre de victimes dans le camp des manifestants est difficile à établir. Selon l'AFP, il s'élèverait à au moins 25 morts. A l'hôtel Ukraine, notre journaliste dit avoir vu 15 corps sans vie, recouverts de tissus blanc, alignés dans le hall, derrière des tentures dressées autour de grandes colonnes. Par ailleurs, un journaliste a vu dix cadavres gisant sur le sol, place de l'Indépendance, au centre de Kiev, devant l'hôtel Kozatski, de l'autre côté de la place. L'agence Reuters a quant à elle recensé 21 corps de civils allongés dans les rues, aux abords de la place.

De son côté, la présidence ukrainienne a affirmé que les violences ce jeudi ont fait « des dizaines » de morts et de blessés parmi les policiers.

Blessés et secours. C’est à l'hôtel Ukraine, rapporte notre journaliste qui s'y trouve, que les premiers secours se sont organisés, dans la précipitation ce matin, quelques minutes après le début des affrontements violents qui se sont déroulés à deux pas de là, dans la rue Institutskaya, qui mène au quartier gouvernemental. Les blessés ont été emmenés là par dizaines, couchés sur des brancards ou à même le sol. La pluaprt des blessés ont maintenant été évacués par ambulances, les médecins ne disposant pas de suffisamment de matériel ni de médicaments ici dans ce hall transformé en infirmerie de campagne, où les médicaments commencent peu à peu à arriver.

Balles réelles. Selon une femme médecin de 43 ans, volontaire, venue de Lviv, la majorité sont des blessés par balles. Ils ont été atteints à la tête, dans l'aisne, aux bras, aux pieds. « Je n'ai jamais vu ça de toute ma carrière. Je n'avais vu ça que dans des livres auparavantC'est un carnage, un massacre, une horreurOn ne peut pas rester silencieux face à ça », dit-elle, les traits tirés. Elle dit espérer quand même avoir pu sauver trois vies, trois hommes qui ont été évacués à l'hôpital en ambulance. C’est véritable carnage qui s’est produit tout à l’heure, avec des tirs à balles réelles, comme l'a raconté un photographe ukrainien.

Tireurs embusqués. Si les affrontements semblent marquer une pause, la situation demeure globalement tendue, en particulier plus haut aux abords du quartier gouvernemental, où les employés ont reçu l'ordre de quitter les lieux. Des députés de l’opposition qui se trouvent à l'hôtel Ukraine, affirment que des tireurs embusqués sont toujours susceptibles d’agir. La cage d’escalier de l’hôtel a d’ailleurs été atteinte par plusieurs balles tirées de l’extérieur. Les deux camps s'accusent réciproquement d'avoir recours à des tirs à balles réelles. La présidence a publié un communiqué dans lequel elle impute la reprise des violences aux manifestants accusés d’avoir recours à des tireurs embusqués. « Pourquoi tirerions nous sur les nôtres », rétorquent les députés de l’opposition, qui, eux, voient dans ces derniers événements une provocation du pouvoir.

« Une seringue vite ! »

Ce jeudi matin, les images de la télévision ukrainienne montrent des manifestants hostiles au président Viktor Ianoukovitch qui auraient repris le contrôle de la place de l'Indépendance à Kiev après de nouveaux affrontements avec la police anti-émeutes.

Notre envoyée spéciale rapportait, ce matin, de violents combats dans la rue qui monte au Parlement, tout près de l'hôtel Ukraine où règnait une très grande confusion. De multiples sources évoquait l'utilisation de balles réelles par les forces de police armées de kalachnikov.

Dans le hall de cet hôtel, médecin et infirmier s'affaire autour d'un blessé allongé sur une table basse. « Une seringue vite, une aiguille, des compresses ! », crie une femme affolée. L'homme dont le regard est livide, apparemment inconscient, perd beaucoup de sang. Mais déjà un deuxième blessé ensanglanté est amené, on l'allonge sur le sol et des volontaires commencent à lui prodiguer des premiers soins. Puis deux nouveaux blessés arrivent, le carrelage est déormais macculé de traces de sang, témoins de la violence des combats qui se poursuivent dans la rue. Enfin, un manifestant casqué, debout cette fois, entre dans le hall : « regardez ce que font les policiers anti-émeute ! », dit-il en ouvrant la paume de sa main et en montrant sept cartouches de kalachnikov qu'il vient de ramasser.

Tout cela se passe dans une très grande confusion. Les médecins, qui bien souvent n'en sont pas, manquent de tout.

A l'extérieur, des manifestants ont chargé en direction de secteurs de la place occupés la veille par les forces de l'ordre, qui avaient donné l'assaut la nuit précédente. Sur ces images, on a pu voir des policiers emmenés de force par des hommes en tenue de combat.

Discours, hymnes et prières

La nuit a été relativement calme. Des déflagrations étaient néanmoins entendues et dans une ambiance absolument apocalyptique, et quelque peu surréaliste, au milieu de débris calcinés, les troupes anti-émeutes occupaient la partie de la place qu’elles ont reprise mardi aux manifestants. Les hommes casqués, se protégeant derrière leurs boucliers, se tenaient prêts à lancer l’assaut si l’ordre leur en est donné. De l’autre côté, des barricades de fortune en feu et un nuage de fumée noire entre les deux camps.

Discours, prières et hymnes ont résonné toute la nuit à Maïdan, la place de l’Indépendance, où des centaines de personnes continuent de résister. Les plus radicales d’entre elles continuent d’envoyer des cocktails molotov en direction des forces de l’ordre, qui répliquent en tirant des balles en caoutchouc ou des pavés.


Rfi.fr

Jeudi 20 Février 2014 - 12:45


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