Interdiction ou non des rassemblements religieux: quand la Santé publique prime sur l'Article 24 de la Constitution



Au Sénégal, le débat sur le report ou l’annulation des rassemblements religieux occupe une place centrale dans les médias classiques et sociaux, depuis la montée en puissance des cas de contagion au Covid-19. Alors que l’Article 24 de la Constitution du Sénégal stipule que « les institutions religieuses ont le droit de se développer sans entrave. Elles sont dégagées de la tutelle de l’Etat. Elles règlent et administrent leurs affaires d’une manière autonome », un problème de santé publique se pose actuellement avec la propagation du Coronavirus au Sénégal.

Selon, Monsieur Bamba Ndiaye, ancien ministre sénégalais en charge des Affaires religieuses sous Abdoulaye Wade, cette disposition constitutionnelle n’empêche pas du tout au gouvernement sénégalais de prendre des mesures allant dans le sens de reporter ou d’annuler les rassemblements religieux.

« Je pense que la question a été tranchée par l’islam. Tout ce qu’on fait aujourd’hui, partant de l’isolement jusqu’à l’internement sont prévus par des Hadiths du Prophète (PSL). Alors, l’Islam ne traite pas les détails, parce que les choses changent, selon le temps et l’espace. Il peut y avoir un événement qui se passe en Arabie Saoudite et qui va se dérouler au Sénégal d’une autre manière. Ce qui veut dire que les aptitudes à prendre peuvent changer », a dit l’ancien ministre Bamba Ndiaye dans un entretien avec PressAfrik.

Selon lui, l’islam a déjà mis en-avant la prévention. Et à partir de ce moment, « il appartient aux médecins et à ceux qui s’occupent de cette question de définir les règles de préventions que tout le monde doit observer strictement. Et le religieux n’a pas le droit, en cas d’épidémie, quand le médecin dit, il ne faut pas faire ceci ou cela, de dire qu’il va le faire. Ce serait contraire à l’esprit de la religion ».
L’Etat n’a pas le droit de se lever un jour pour interdire les rassemblements religieux

Face à cette situation, Bamba Ndiaye a soutenu que l’Etat peut bel et bien décider d’interdire ou de reporter les rassemblements religieux, mais avec la manière. « C’est une question de santé publique. Si cette dernière est menacée, les médecins dictent les précautions à prendre. Cela n’est pas du tout contraire à l’article 24 de la Constitution qui parle de la gestion autonome des affaires religieuses ».

Par ailleurs, l’ancien ministre a tenté d’expliquer le contenu de cette partie de la Constitution pour lever l’amalgame. Parlant de cet article, il a soutenu que « cela veut dire à l’intérieur de la mosquée, celui qui va être Imam, la manière dont il fait, c'est défini par les religieux de manière autonome. Mais la santé et la vie publique reste du domaine de l’Etat et c’est à ce dernier de réglementer cela ».

L’ancien ministre du Culte a affirmé que l’Etat ne peut pas se lever un bon jour pour interdire les rassemblements religieux, comme les Gamou, Magal, la fréquentation de l’Eglise ou des mosquées. Avant de le faire, selon le ministre, l’Etat doit se concerter avec les responsables religieux et prendre mesures de concert avec eux.

Rappelons tout même que Touba a laissé hier jeudi à l'Etat du Sénégal la charge de décider des mesures à suivre par tous à propos de la lutte contre la propagation du Virus.

Les services du ministère de la Santé et de l’Action sociale ont dénombré ce vendredi 13 mars 2020, 11 nouvelles personnes testées positives au coronavirus. Des proches du Sénégalais contrôlé positif au Covid-19 à son retour d’Italie. Ces nouvelles infections portent ainsi à 19 le nombre de personnes porteuses du virus au Sénégal.

Ces nouvelles personnes infectées figurent dans la liste de 71 personnes ayant été en contact avec le patient rentré d’Italie et contrôlé positif mercredi. Il s’agit de proches dudit patient et de membres du personnel médical de Touba, une ville religieuse située à 194 km de Dakar.

Salif SAKHANOKHO

Vendredi 13 Mars 2020 16:42


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