« Une perte de temps et d’argent », estiment les mineurs et leurs familles. Plus de deux ans d’enquête et ils n’ont obtenu ni compensations financières pour les mineurs blessés ou tués, ni justice. Plus d'une trentaine de mineurs tués, 200 blessés, dont certains ne peuvent plus travailler. Selon les avocats des mineurs, ils comptent bien déposer une plainte au civil pour obtenir réparation.
Pour Joseph Matunjwa, président du syndicat Amcu auquel appartenaient les mineurs en grève, ce rapport a surtout servi à exonérer les responsables politiques.
« Cela a été deux ans de perdus ; une perte de temps et d’argent, car la vérité n’a pas été faite et les familles ne vont pas pouvoir panser leurs blessures. Pour moi, il s’agit d’une opération pour blanchir l’exécutif et la bourde du gouvernement », estime le président d’Amcu, syndicat rival du syndicat national des mineurs (NUM).
Selon lui, le rapport fait aussi l'impasse sur les raisons sous jacentes du drame. « Le terrain propice à ce massacre à commencer dés 1994. Quand le gouvernement a échoué à lancer une transformation de l'économie. La seule réforme qui a été engagée a été politique. Qui sera un président noir, qui sera un ministre noir. Mais il n'a jamais été question de transformer l'économie du pays », analyse Joseph Matunjwa.
La commission a conclu que le plan d’action de la police était défectueux et recommandé l’ouverture d’une enquête, notamment sur les compétences de la commissaire de police de l’époque. Cependant, tous s’accordent pour dire qu’elle n’est qu’un bouc émissaire.
Pour Zwelenzima Vavi, syndicaliste, la responsabilité de ce massacre remonte bien plus haut. « Je pense que la commission n’a jamais été mise sur pied pour établir la vérité. A partir du moment où le gouvernement a amendé le pouvoir de cette commission, avec le président de la République lui rappelant qu’elle peut tout faire, sauf juger l’exécutif, on a compris qu’il s’agit d’une farce », estime Zwelenzima Vavi, qui considère aussi que les conditions de vie des mineurs n'ont pas changé.
En ligne de mire se trouvent le ministre de la Police et surtout l’actuel vice-président du pays, Cyril Ramaphosa. A l’époque, il faisait partie du conseil d’administration de la compagnie minière Lonmin et avait personnellement demandé l’intervention des forces de l’ordre pour mettre fin à cette grève illégale. Les mineurs et leurs familles ont jusqu'au 16 août, date anniversaire de la tuerie, pour déposer une plainte contre l'Etat.
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