Éventuels troubles du 29 janvier, Wade dégage toute responsabilité

Le Président de la république qui s'adressait hier au khalife de Médina Baye, quelques minutes après la prière du vendredi, a porté à l'attention de Cheikh Ahmeth Tidiane Ibrahima Niasse que « s'il y a trouble, le jour de la proclamation par le Conseil constitutionnel de la liste des candidats à la présidentielle de février, ce n'est pas de moi, mais de personnes qui cherchent par tous les moyens à torpiller les principes constitutionnels ». Prenant de fait à témoin le khalife, Me Wade a ajouté : "Nous savons tous que le Sénégal est un pays de lois. Ces lois sont ficelées autour d'une charte autrement appelée Constitution. Et cette constitution prévoit des droits comme elle interdit certaines choses". Invitant dès lors les candidats à la présidentielle de 2012 au respect de la prochaine délibération du Conseil constitutionnel, seule instance habilitée à dire qui est candidat ou qui ne l'est pas, le Président Wade a fait remarquer que « Nul n'a le droit de violer la Constitution ou enflammer le pays, comme c'est le cas chez certaines personnes malintentionnées et qui veulent à tout prix violer cette charte ».

Et de préciser : «Nous ne devons pas l'accepter et nous devons combattre tout acte perpétré en violation de notre Constitution ». S'adressant toujours au khalife de Médina Baye, Me Wade dira : «Sur ce point, nous sollicitons auprès de vous des prières pour un Sénégal de paix, un Sénégal comme celui de nos ancêtres, des élections sans violences, un scrutin apaisé et que le meilleur gagne ». Sur un autre registre, le président Wade a fait savoir son intention d'organiser le 23 de chaque mois des caravanes pour la paix dans la capitale sénégalaise, notamment à la place de l'Obélisque. Et pour le 23 de ce mois-ci, le Président a invité les Sénégalais qui conduiront ces caravanes à se vêtir de blanc et à brandir des mouchoirs blancs, une manière de dire non à la violence et que vive la paix au Sénégal.
UNE COMMISSION MIXTE POUR LA PAIX AU NIGERIA


Concernant la situation au Nigéria, Me Wade a proposé au khalife de Médina Baye la mise sur place d'une commission mixte de règlement du conflit islamo chrétien qui secoue le nord de ce pays depuis plusieurs années. Cette commission qui regroupera le ministre des Affaires étrangères, Mr Madické Niang, et plusieurs chefs religieux de la famille de feu El Hadji Ibrahima Niasse Baye dont l'actuel Imam Cheikh Ahmeth Tidiane Cissé sera dirigée par le khalife Cheikh Ahmeth Tidiane Ibrahima Niasse ou tout autre personne qui sera proposée par le khalife lui-même, a annoncé le Président. Me Wade a également émis sa volonté d'envoyer cette commission dans les semaines à venir au Nigeria pour l'entame des négociations.

D'abord, en proposant un arrêt immédiat des hostilités et ensuite en invitant les parties belligérantes au Sénégal afin de leur permettre d'entamer un dialogue direct autour d'une table de négociation. « Si ces négociations aboutissent par un cessez-le-feu durable, il sera alors établi une charte qui sera respectée par tous», a ajouté le Président de la république. Avant de faire comprendre que ce sera la meilleure façon d'aider le président nigérian Goodluck Jonhattan pour le règlement pacifique de la crise qui secoue son pays, mais aussi une manière de permettre au Nigéria de copier l'expérience de certains pays d'Afrique ayant connu le même sort.

OUVERTURE DE DEUX CONSULATS POUR LES AFFAIRES MUSULMANES ET CHRETIENNES


Qui plus est, le Président de la république a émis son souhait d’envoyer au Nigéria deux consulats. En exclusivité, un consulat pour les affaires musulmanes et un second consulat qui sera chargé des questions chrétiennes pour mieux nouer le dialogue inter religieux dans ce pays. Car, pour Wade, il n’est plus question pour le Sénégal de continuer à garder le mutisme face à des scènes de violence qui font des milliers et des milliers de morts. Déjà, a-t-il fait remarquer,

«J’avais entrepris la même démarche lorsque la dame Amina Leuweul était condamnée à la peine capitale par lapidation. J’avais à l’époque envoyé un émissaire issu de votre entourage auprès du président nigérian. Et ce dernier, sans doute, m’avait accordé ma demande. D’ailleurs, ce n’est pas pour la première fois que notre pays, en mon nom, intervient dans certains pays africains en crise.

C’est le cas en Madagascar, au Soudan où feu Cheikh Mamoune Ibrahima Niasse avait effectué un remarquable travail de sortie de crise, et même tout récemment en Mauritanie. S’il est aujourd’hui évident que l’implantation de la famille de feu Cheikh Ibrahima Niasse, au Soudan, en Afrique de l’Est, au Nigeria au Ghana pour ne citer que ceux-là, n’est plus à démontrer, nous ne devons que nous retourner vers cette famille pour trouver une issue à la situation conflictuelle au Nigeria. Nous allons ensemble proposer cela au président du Nigeria, et l’aider en tant que minoritaire dans un pays à forte concentration musulmane ».
Abdoulaye FALL (Sud quotidien)