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Mort de 92 migrants dans le désert nigérien: La Jeunesse africaine interpelle le président Mahamadou Issoufou pour la création d’un ministère de la sécurité civile

Monsieur le président de la République,



Maurice NGUEPE
Maurice NGUEPE
Au moment où la libération des otages français de la firme Avéra, multinationale d’extraction de l’uranium nigérien, éclipse l’actualité sur la disparition de 92 migrants nigériens, morts en plein désert, nous, jeunes Africains, venons auprès de votre bienveillance solliciter l’organisation d’un deuil national en la mémoire de ces victimes et vous proposer la création, au sein de votre gouvernement, d’un ministère de la sécurité civile.
 
En effet,  ce sont au total 52 enfants, 33 jeunes femmes et 7 hommes qui, fuyant la misère, ont quitté le sud du pays en direction du nord dans le but de rejoindre illégalement l’Algérie d’où ils espéraient affronter la Méditerranée pour atteindre l’Europe.  Nous n’en sommes pas à la première, mais à la énième tragédie qui se joue presque chaque jour dans le pays, et ce, depuis des années. Mais la particularité de ce drame réside dans le fait qu’à la suite de la panne survenue sur le car qui les transportait, les 40 jeunes victimes, accompagnés de leurs 52 enfants, ont entamé une longue marche à travers les plaines et les montagnes de sable brûlant et, rendus au bout de leur pénitence, ont dû se disperser en petits groupes pour donner la chance aux plus chanceux de trouver des points d’eau. Malheureusement, tous, à l’exception de quelques rescapés qui purent arriver à Arlit, ont trouvé la mort par déshydratation et leurs corps, complètement asséchés par le soleil, ont été retrouvés, selon le principe de leur dispersion, à 20 km à la ronde.
 
Monsieur le président de la République,
Le plus choquant dans ce drame, ce n’est plus tant le nombre de morts – on y est déjà presque habitué –  que le temps écoulé entre le moment de la panne de leur voiture (fin septembre 2013) et celui de la découverte des cadavres (fin octobre 2013), soit un mois. Plus que le drame lui-même, c’est notre lenteur, notre incapacité à anticiper, à prévoir et à réagir promptement face aux catastrophes qui font désormais de l’Afrique un continent en retard. Et ce manque d’anticipation et de réaction est dû à l’inexistence des structures gouvernementales et, dans le cas présent, d’un ministère de la sécurité civile.
 
Face à ce drame, les jeunes Africains lancent un appel au gouvernement nigérien afin qu’il ne reste pas indifférent, au risque de donner le signal fort d’une mauvaise gouvernance. Nous vous exhortons, Excellence, à prendre vos responsabilités devant l’histoire, non pas seulement en organisant un deuil national, mais en créant dans les faits un ministère de la sécurité civile qui aura pour mission d’élaborer les stratégies de prévention des fléaux et des catastrophes, de gérer celles-ci ou leurs risques, de reconstruire les zones sinistrées, de prendre en charge les victimes et de faire le suivi auprès d’eux. Cette mission de prévention ne sera pas bureaucratique. Elle impliquera les enfants, les jeunes et tous les citoyens en les soumettant régulièrement à des exercices de simulation en situation  de catastrophes (naturelles, industrielles, etc.) et de fléaux (famine, sécheresse, épidémies, etc.) pour les préparer à mieux les affronter.
 
Pour réaliser cette mission de création des structures et des institutions, la signature des contrats d’exploitation des richesses du pays doit être assortie des clauses de protection des personnes, des biens et de l’environnement, et des redevances doivent être prélevées aux exploitants à cet effet. Ces redevances permettront aussi bien d’acheter les cars, les ambulances, les hélicoptères de surveillance que de former et de recruter le personnel de la sécurité civile dans les domaines aussi divers que la santé, la géographie, la police, la psychologie, l’ingénierie, etc.
 
Tant que nous n’aurons pas mis sur pied ces structures fortes, comme le conseillait d’ailleurs Barack Obama, nous n’aurons pas rendu hommage à ces victimes, et nous n’aurons pas commencé à gouverner véritablement. Gouverner, c’est sauver et protéger la vie des citoyens; c’est s’assurer que s’ils travaillent dans les mines d’uranium par exemple, que les conditions et les équipements de travail soient tels qu’ils ne s’y feront plus irradier, comme il ressort d’ailleurs de plusieurs rapports d’experts ayant enquêté auprès des multinationales présentes au Niger. Gouverner, c’est aussi s’assurer que les citoyens soient rémunérés à leur juste valeur; c’est créer des conditions de justice sociale et garantir leur bien-être matériel et intellectuel.
 
Du fait qu’il est le deuxième producteur mondial de l’uranium, juste derrière le Canada, nul ne peut imaginer que le Niger n’ait pas les moyens de cette politique. Et il peut en créer davantage du fait qu’on y compte aussi le gaz, le pétrole, l’or et la bauxite. Il est donc inacceptable que les enfants de ce pays meurent de soif et de faim comme on l’a vu par le passé et comme on le voit encore aujourd’hui; il est inconcevable qu’ils soient sous scolarisés, vivent pauvres, sans assurance sociale et médicale, et  soient obligés de fuir leur pays au point de mourir dans leur désert.
 
Et à propos du désert, grâce aux revenus du pétrole, l’Arabie Saoudite a transformé le sien en un espace plus que vivable pendant que les Émirats Arabes Unis faisaient du  leur un véritable paradis. Le Niger peut transformer le sien en un espace vert à travers une politique de reboisement stratégique. Copions le bon exemple, Monsieur le président,  pour bâtir un Niger prospère où aucun enfant et aucun  jeune Nigérien ne se sentira plus abandonné.
 
La Jeunesse africaine compte sur votre sens de l’humanisme, sur votre patriotisme et sur votre vision du développement pour mettre sur pied des structures fiables et nombreuses  qui garantiront aux jeunes Nigériens un avenir meilleur et mettront fin à leur fuite. 
 
 
Pour l’Organisation Jeunesse Africaine
Maurice NGUEPE
Le Secrétaire Général

 

Maurice NGUEPE

Vendredi 1 Novembre 2013 - 22:47


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