Sous les décombres de sa maison, Marie-Yolande, vendeuse de beignets, vient de retrouver une marmite. Alors, pense-t-elle, peut-être que le couvercle n’est pas loin. À l’aide d’une pelle, la mère de famille creuse le sol, le regard vague.
« Ici, là, c’était ma maison. Celle-là aussi, c’était à moi. Tout a été détruit. Je dois racheter du bois, des palmes pour le toit, des clous. Mais je n’ai pas d’argent de côté. » Marie-Yolande ne se plaint pas. Autour d’elle, tout le monde ou presque est dans la même situation.
Première distribution d’argent
À 2 kilomètres de là, une foule immense s’amasse devant l’école publique de Tanambao. Le programme alimentaire mondial vient de lancer sa première distribution de cash. Deux mille foyers sélectionnés selon l’importance des dégâts dans leur maison doivent recevoir aujourd’hui 100 000 ariary, l’équivalent de 22 euros.
Après quatre heures de queue, Florine, 54 ans, ressort la main crispée sur les billets de banque tout neufs qu’elle vient de recevoir. Pour cette mère de quatre enfants, cet argent est vital.
« Ma maison a été totalement ravagée. J’ai tout perdu. Les casseroles, les habits, les papiers. On n’a plus rien. Avec cet argent, je vais acheter de la nourriture et des cahiers pour les enfants. Parce qu’ils ont été trempés et ne sont plus utilisables. »
Reconstruire sa maison, elle n’y pense pas encore. « Avec quoi pourrais-je le faire », questionne-t-elle dans un sourire. Pieds nus, Florine s’en va retrouver ses enfants dans l’une des six salles communales mises à disposition pour les sinistrés.
« On a tout perdu ici »
Raymond, 87 ans, marche sur un champ de ruines. Sous ses pieds, le toit de sa maison, effondrée, comme toutes celles des membres de sa famille, autour. « Là, c’était la maison de mon petit-fils. Ça c’est le toit de ma maison. Mes affaires sont encore dessous, ensevelies », explique-t-il. « Y a 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 en tout. Qui ont été détruites. Tout détruites. On ne peut plus rien faire. »
Samedi soir, des rafales à 240km/h se sont engouffrées dans la ville. Les maisons du bord de mer n’ont résisté que quelques heures. Avec ses dix enfants et ses 66 petits-enfants, Raymond est parti se réfugier dans l’un des abris de la commune. « On a pu emmener les marmites, et puis quelques vêtements. C’est tout. »
Au petit matin, le spectacle est terrible. « On a pu récupérer quelques linges. Il y a tout ce qu’on a tiré du sable, dans la terre. Oreiller, pantalon, chemise, tout ça. Le linge pour la messe, tout ça c’est fini. Le costard, y'en plus c’est fini. Y a que ça. »
Alors, comme une bouteille à la mer, Raymond s’adresse à l’un de ses frères, résidant en France. « Franck, si tu m’entends, c’est Raymond, à Mananjary. Si tu peux envoyer quelque chose quoi… On a tout perdu ici. La mer est montée et a détruit complètement la maison. »
À moins d’un kilomètre de là, un paysage presque lunaire. Le « Jardin de la mer », cet établissement hôtelier prisé pour sa verdure luxuriante est méconnaissable. Aucun des bâtiments en dur n’a résisté.
« Aujourd’hui mon jardin est englouti par 2 mètres de sable. Ça montre la violence de Batsirai, des vagues. »Dans une des chambres, Roseline, la propriétaire, a entreposé tout ce que ses employés ont pu récupérer. « Ils ont passé au moins trois jours pour déterrer la cuisine, ils ont pu quand même récupérer la vaisselle, quelques tasses, des verres. »
Face au chaos et à l’immensité de la tâche qui s’annonce, la septuagénaire ne flanche pas : « Aujourd’hui, je pense que le plus urgent, c’est de pouvoir nettoyer le site. Il y aura une tronçonneuse qui va arriver de Tana. On va découper tout ce qui a à découper, on va jeter tout ce qu’on doit jeter, on va remettre au propre, après, on va détruire complètement le restaurant, et il faut que je remette en état les cinq chambres. Faut pas que je baisse les bras. C’est un lieu magique. »
L’État malgache a lancé un appel à l’aide internationale. À Mananjary, qui n’a ni eau ni électricité depuis une semaine, l’aide humanitaire se met en place.
« Ici, là, c’était ma maison. Celle-là aussi, c’était à moi. Tout a été détruit. Je dois racheter du bois, des palmes pour le toit, des clous. Mais je n’ai pas d’argent de côté. » Marie-Yolande ne se plaint pas. Autour d’elle, tout le monde ou presque est dans la même situation.
Première distribution d’argent
À 2 kilomètres de là, une foule immense s’amasse devant l’école publique de Tanambao. Le programme alimentaire mondial vient de lancer sa première distribution de cash. Deux mille foyers sélectionnés selon l’importance des dégâts dans leur maison doivent recevoir aujourd’hui 100 000 ariary, l’équivalent de 22 euros.
Après quatre heures de queue, Florine, 54 ans, ressort la main crispée sur les billets de banque tout neufs qu’elle vient de recevoir. Pour cette mère de quatre enfants, cet argent est vital.
« Ma maison a été totalement ravagée. J’ai tout perdu. Les casseroles, les habits, les papiers. On n’a plus rien. Avec cet argent, je vais acheter de la nourriture et des cahiers pour les enfants. Parce qu’ils ont été trempés et ne sont plus utilisables. »
Reconstruire sa maison, elle n’y pense pas encore. « Avec quoi pourrais-je le faire », questionne-t-elle dans un sourire. Pieds nus, Florine s’en va retrouver ses enfants dans l’une des six salles communales mises à disposition pour les sinistrés.
« On a tout perdu ici »
Raymond, 87 ans, marche sur un champ de ruines. Sous ses pieds, le toit de sa maison, effondrée, comme toutes celles des membres de sa famille, autour. « Là, c’était la maison de mon petit-fils. Ça c’est le toit de ma maison. Mes affaires sont encore dessous, ensevelies », explique-t-il. « Y a 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 en tout. Qui ont été détruites. Tout détruites. On ne peut plus rien faire. »
Samedi soir, des rafales à 240km/h se sont engouffrées dans la ville. Les maisons du bord de mer n’ont résisté que quelques heures. Avec ses dix enfants et ses 66 petits-enfants, Raymond est parti se réfugier dans l’un des abris de la commune. « On a pu emmener les marmites, et puis quelques vêtements. C’est tout. »
Au petit matin, le spectacle est terrible. « On a pu récupérer quelques linges. Il y a tout ce qu’on a tiré du sable, dans la terre. Oreiller, pantalon, chemise, tout ça. Le linge pour la messe, tout ça c’est fini. Le costard, y'en plus c’est fini. Y a que ça. »
Alors, comme une bouteille à la mer, Raymond s’adresse à l’un de ses frères, résidant en France. « Franck, si tu m’entends, c’est Raymond, à Mananjary. Si tu peux envoyer quelque chose quoi… On a tout perdu ici. La mer est montée et a détruit complètement la maison. »
À moins d’un kilomètre de là, un paysage presque lunaire. Le « Jardin de la mer », cet établissement hôtelier prisé pour sa verdure luxuriante est méconnaissable. Aucun des bâtiments en dur n’a résisté.
« Aujourd’hui mon jardin est englouti par 2 mètres de sable. Ça montre la violence de Batsirai, des vagues. »Dans une des chambres, Roseline, la propriétaire, a entreposé tout ce que ses employés ont pu récupérer. « Ils ont passé au moins trois jours pour déterrer la cuisine, ils ont pu quand même récupérer la vaisselle, quelques tasses, des verres. »
Face au chaos et à l’immensité de la tâche qui s’annonce, la septuagénaire ne flanche pas : « Aujourd’hui, je pense que le plus urgent, c’est de pouvoir nettoyer le site. Il y aura une tronçonneuse qui va arriver de Tana. On va découper tout ce qui a à découper, on va jeter tout ce qu’on doit jeter, on va remettre au propre, après, on va détruire complètement le restaurant, et il faut que je remette en état les cinq chambres. Faut pas que je baisse les bras. C’est un lieu magique. »
L’État malgache a lancé un appel à l’aide internationale. À Mananjary, qui n’a ni eau ni électricité depuis une semaine, l’aide humanitaire se met en place.
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