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A QUAND LA RUPTURE ? (Par Meïssa BABOU)



A QUAND LA RUPTURE ? (Par Meïssa BABOU)
Dès les premières heures de sa prise de fonction, le Président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, a engagé une dynamique de rupture en convoquant les Assises de la Justice. Celles-ci visaient à apporter des modifications de fond, et non de simples ajustements de forme, afin de garantir une véritable équité juridique à des justiciables longtemps lésés sous l’ancien régime.

La Justice a ainsi bénéficié de deux rencontres à Diamniadio... en attendant une troisième. Ces journées de réflexion avaient pour objectif de passer au crible l’ensemble de l’arsenal juridique, dans le but de corriger les dérives ayant miné la justice et le processus électoral.

Il faut rappeler qu’entre 2021 et 2024, de graves manquements ont été observés, touchant particulièrement les militants de PASTEF, à commencer par le président lui-même et son Premier ministre Ousmane Sonko. La justice, instrumentalisée à outrance, a servi les intérêts d’un homme et d’un système mafieux. Pendant ce temps, les crimes économiques et les détournements présumés sont restés impunis, sans la moindre enquête sérieuse. La traque politique, les emprisonnements massifs et arbitraires – plus de 1800 détenus politiques selon les chiffres de PASTEF – ont révélé les limites criantes d’une justice gangrenée par des magistrats corrompus, prêts à tout pour préserver leurs privilèges.

Fort heureusement, le peuple sénégalais, conduit par une jeunesse consciente et debout, a dit NON à ces forfaitures et a balayé les "kulunas à col blanc" lors de l’élection présidentielle, dans un élan révolutionnaire sans précédent. La traque actuelle menée par le Pôle des Juridictions Financières (PJF), avec son lot de révélations fracassantes, vient confirmer les accusations longtemps portées par les résistants.

Mais après ces assises de la justice et ces promesses de rupture, les Sénégalais attendent toujours des mesures concrètes pour instaurer une justice équitable, souveraine, indépendante. Le silence devient pesant. Hélas.

L’éducation et la santé : deux chantiers prioritaires en panne

La santé et l’éducation, deux piliers de toute société, souffrent d’une crise chronique de performance et appellent aujourd’hui à une réorientation stratégique audacieuse, synonyme de rupture véritable.

Éducation : pour une refondation endogène et inclusive

Il est plus que temps de lancer des États généraux de l'éducation, afin de refonder un système encore calqué sur le modèle colonial. La rupture doit mener vers une éducation endogène, inclusive, et arrimée à nos réalités socioculturelles et économiques.

Il est urgent de réunir, pendant les vacances, tous les professionnels et acteurs sociaux du secteur autour de séminaires de refondation. L’ensemble des curricula doit être repensé, avec l’objectif d’adapter les formations aux besoins des territoires, de promouvoir l’entrepreneuriat local, de professionnaliser les jeunes et de réduire le chômage de masse.

Or, à ce jour, aucune innovation majeure n’a été amorcée dans ce sens. Pourtant, un an après l'alternance, le moment est venu de concrétiser le projet présidentiel, sous peine de le voir devenir un simple slogan récupérable par les adversaires politiques.

-Santé : urgence sanitaire nationale

La déliquescence du système de santé est telle que de plus en plus de citoyens se tournent vers les tradipraticiens ou les charlatans, faute de mieux. Le système est plombé par :

des plateaux techniques obsolètes ou inexistants,

des coûts de soins prohibitifs,

un manque criant de spécialistes,

et une inaccessibilité des structures dans de nombreuses localités.

Les erreurs médicales répétées, devenues des faits divers fréquents, nourrissent l’indignation collective. Même si le professionnalisme de certains agents de santé ne fait aucun doute, la surcharge de travail et le manque d’équipements adéquats entravent leur efficacité.

Il est urgent d’organiser des États généraux de la santé, pour une réforme structurelle et une rupture nette avec un système devenu, dans certains cas, un véritable mouroir.

Une rupture attendue dans tous les secteurs vitaux

Le peuple sénégalais attend beaucoup de ce nouveau pouvoir, porté par un homme de principes, au sens élevé de la justice et de la responsabilité. Mais l’excès de prudence, aussi louable soit-il, ne doit pas servir de refuge à l’inaction.

La rupture ne peut être différée. Elle est attendue à tous les niveaux :

Dans l’administration centrale, pour en finir avec la bureaucratie et le clientélisme ;

Dans les forces de défense et de sécurité, pour instaurer discipline, redevabilité et professionnalisme ;

Dans la fiscalité, pour plus de justice et d’élargissement de l’assiette ;

Dans le code des investissements, pour mieux encadrer les multinationales et protéger les intérêts nationaux ;

Dans la rationalisation des charges publiques, pour lutter contre le gaspillage des ressources de l’État.

Le Peuple de la rupture, celui qui a porté l’espoir du changement, n’attend pas des discours, mais des actes concrets, rapides, structurants. C’est le prix à payer pour restaurer la confiance, bâtir une société juste et donner corps à la promesse d’un Sénégal nouveau.


Lundi 7 Juillet 2025 - 15:14


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