RFI : Onesphore Sematumba, dans le conflit qui oppose l'armée congolaise à la rébellion du M23, un cessez-le-feu doit prendre effet ce dimanche 4 aout à minuit. Selon vous, peut-il être respecté ? Le passé ne pousse pas forcément à l'optimisme...
Onesphore Sematumba : En effet, le passé ne pousse pas vraiment à l'optimisme. D'abord parce que ce n'est pas le premier cessez-le-feu qui est négocié. Pour la petite histoire, le cessez-le-feu va commencer le 4 août 2024, c'est-à-dire le lendemain de la fin d'une trêve qui a été négociée par les États-Unis et qui n'a pas été respectée non plus, donc je ne pense pas que cette fois-ci soit la bonne.
Pour quelles autres raisons doutez-vous du respect de ce cessez-le-feu ?
J'ai plusieurs doutes. D'abord en voyant le compte-rendu, je pense qu'il laisse des brèches pour l'éventuelle violation de ce cessez-le-feu, j'ai parcouru le communiqué. Par exemple, nulle part il n'est fait mention du M23, et donc le communiqué reste assez évasif. On parle de parties du conflit qui doivent cesser les combats, mais on ne nomme pas les entités qui sont, de fait, sur le terrain militaire. Cela fait qu'il y a un risque, par exemple, que le M23 refuse de s'intégrer dans un cessez-le-feu, dont il ne fait pas partie. Et de l'autre côté, on sait aussi que plusieurs fois, du côté du gouvernement de Kinshasa, il y a eu violation du cessez-le-feu, mais que l'armée a communiqué en disant que c'étaient les patriotes Wazalendo, ces jeunes des groupes armés, qui guerroyaient contre M23 et non pas l'armée. Donc, de part et d'autre, on a des sortes de brèches qui pourraient faire que le cessez-le-feu soit violé, tout en ayant l'air d’être respecté.
Qu'est-ce qui va différencier, concrètement, ce cessez-le-feu de la trêve humanitaire actuellement en cours ?
J'aimerais bien le savoir, parce que cette trêve - négociée par les Américains et qui va se terminer ce samedi 3 aout 2024 - était essentiellement humanitaire. La particularité de ce cessez-le-feu, c'est qu'il n’est pas limité dans le temps, et donc il est supposé être le point de départ d'un processus plus long de désescalade, comme ils disent... Mais encore une fois, ça, c’est à voir.
L'annonce de ce cessez-le-feu est tout de même une avancée. À quoi est-elle due, selon vous ? À la pression internationale, voire à l'arrivée de deux nouveaux ministres des Affaires étrangères à Kinshasa et à Kigali ?
Plutôt la première option. Je pense que les États-Unis ont vraiment poussé l'Angola et les différents États - notamment la RDC et le Rwanda - à s'engager vers cette solution à long terme pour une solution durable, parce que tout le monde est conscient que la solution durable ne sera que politique. C'est plutôt cela qui, je pense, a fait bouger les lignes. Je ne pense pas que les ministres eux-mêmes puissent influer sur ce genre de politique. Ça se décide un cran plus haut.
Est-ce que chacune des parties a intérêt à un cessez-le-feu ?
Ça dépend des parties dont nous parlons. Est-ce que le M23 a intérêt, aujourd'hui, à s'inscrire dans une logique de cessez-le-feu, quand son leadership est en train d'être condamné à mort à Kinshasa ? C'est quelque chose qui me semble invraisemblable. Tout comme Kinshasa, qui voit que la guerre a traversé le sud de la province du Nord-Kivu et s'achemine vers Butembo. Aussi, Kinshasa sait que les Congolais rêvent de leur première victoire militaire, de renverser le rapport de force militairement, avant de s'engager dans toutes les négociations. Donc, Kinshasa non plus ne devrait pas être confortable d'y aller en position de faiblesse. Mais évidemment, la réalité politique, la réalité diplomatique est que les deux belligérants principaux - je veux dire les deux capitales - doivent avoir réalisé qu'il n'y aura pas de victoire militaire. Finalement, le plus tôt ils se seront rendus à la table des négociations, en passant par un cessez-le-feu sincère, le mieux ce sera.
Onesphore Sematumba : En effet, le passé ne pousse pas vraiment à l'optimisme. D'abord parce que ce n'est pas le premier cessez-le-feu qui est négocié. Pour la petite histoire, le cessez-le-feu va commencer le 4 août 2024, c'est-à-dire le lendemain de la fin d'une trêve qui a été négociée par les États-Unis et qui n'a pas été respectée non plus, donc je ne pense pas que cette fois-ci soit la bonne.
Pour quelles autres raisons doutez-vous du respect de ce cessez-le-feu ?
J'ai plusieurs doutes. D'abord en voyant le compte-rendu, je pense qu'il laisse des brèches pour l'éventuelle violation de ce cessez-le-feu, j'ai parcouru le communiqué. Par exemple, nulle part il n'est fait mention du M23, et donc le communiqué reste assez évasif. On parle de parties du conflit qui doivent cesser les combats, mais on ne nomme pas les entités qui sont, de fait, sur le terrain militaire. Cela fait qu'il y a un risque, par exemple, que le M23 refuse de s'intégrer dans un cessez-le-feu, dont il ne fait pas partie. Et de l'autre côté, on sait aussi que plusieurs fois, du côté du gouvernement de Kinshasa, il y a eu violation du cessez-le-feu, mais que l'armée a communiqué en disant que c'étaient les patriotes Wazalendo, ces jeunes des groupes armés, qui guerroyaient contre M23 et non pas l'armée. Donc, de part et d'autre, on a des sortes de brèches qui pourraient faire que le cessez-le-feu soit violé, tout en ayant l'air d’être respecté.
Qu'est-ce qui va différencier, concrètement, ce cessez-le-feu de la trêve humanitaire actuellement en cours ?
J'aimerais bien le savoir, parce que cette trêve - négociée par les Américains et qui va se terminer ce samedi 3 aout 2024 - était essentiellement humanitaire. La particularité de ce cessez-le-feu, c'est qu'il n’est pas limité dans le temps, et donc il est supposé être le point de départ d'un processus plus long de désescalade, comme ils disent... Mais encore une fois, ça, c’est à voir.
L'annonce de ce cessez-le-feu est tout de même une avancée. À quoi est-elle due, selon vous ? À la pression internationale, voire à l'arrivée de deux nouveaux ministres des Affaires étrangères à Kinshasa et à Kigali ?
Plutôt la première option. Je pense que les États-Unis ont vraiment poussé l'Angola et les différents États - notamment la RDC et le Rwanda - à s'engager vers cette solution à long terme pour une solution durable, parce que tout le monde est conscient que la solution durable ne sera que politique. C'est plutôt cela qui, je pense, a fait bouger les lignes. Je ne pense pas que les ministres eux-mêmes puissent influer sur ce genre de politique. Ça se décide un cran plus haut.
Est-ce que chacune des parties a intérêt à un cessez-le-feu ?
Ça dépend des parties dont nous parlons. Est-ce que le M23 a intérêt, aujourd'hui, à s'inscrire dans une logique de cessez-le-feu, quand son leadership est en train d'être condamné à mort à Kinshasa ? C'est quelque chose qui me semble invraisemblable. Tout comme Kinshasa, qui voit que la guerre a traversé le sud de la province du Nord-Kivu et s'achemine vers Butembo. Aussi, Kinshasa sait que les Congolais rêvent de leur première victoire militaire, de renverser le rapport de force militairement, avant de s'engager dans toutes les négociations. Donc, Kinshasa non plus ne devrait pas être confortable d'y aller en position de faiblesse. Mais évidemment, la réalité politique, la réalité diplomatique est que les deux belligérants principaux - je veux dire les deux capitales - doivent avoir réalisé qu'il n'y aura pas de victoire militaire. Finalement, le plus tôt ils se seront rendus à la table des négociations, en passant par un cessez-le-feu sincère, le mieux ce sera.
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