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Le Mali, pays de tous les dangers et de toutes les attentions

Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies se penche ce 4 avril sur la situation au Mali, à la demande de la France. La junte militaire au pouvoir a rejeté hier la demande des pays de la Cédéao de se retirer. Elle propose la réunion d'une convention nationale dès demain. Sur le terrain, les mouvements armés, notamment le groupe islamiste Ansar Dine, imposent leur loi dans le nord du pays. À Bamako, en prévision de l'embargo de la Cédéao, les habitants font des réserves d'essence et d'argent liquide.



Bamako, 3 avril 2012. Les habitants de la capitale malienne font des réserves d'essence et ont retiré leur argent des banques en prévision de l'embargo décidé par la Cédéao. © Issouf Sanogo/AFP
Bamako, 3 avril 2012. Les habitants de la capitale malienne font des réserves d'essence et ont retiré leur argent des banques en prévision de l'embargo décidé par la Cédéao. © Issouf Sanogo/AFP
La présence des trois principaux chefs d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a été signalée ces dernières 48 heures. Abou Zeid, l'Algérien Mokhtar Belmokhtar ou l'un de ses représentants et Yahya Abou al-Hammam auraient participé à une rencontre entre Iyad Ag Ghali, le chef du mouvement islamiste Ansar Dine, et les imams de la ville. Ces informations étaient très difficillement vérifiables hier soir.

À Bamako, l'embargo décrété par la Cédéao, fait monter l'inquiétude. Les habitants font des réserves d'essence et d'argent en liquide. Les 15 membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest sont convenus de fermer leurs frontières avec le Mali et de geler ses fonds à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pour contraindre les auteurs du putsch du 22 mars à rétablir l'ordre constitutionnel.

Dans une déclaration ce mardi soir, le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte, a convié l'ensemble de la classe politique et tous les acteurs de la société civile à participer à une convention nationale qui débuterait demain, jeudi.


Capitaine Amadou Sanogo, chef du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat
Les conclusions de cette convention seront acceptées par tous afin de mettre un terme aux considérations de politique interne et faire vite face au défi majeur, c'est-à-dire le défi de la sécurité au Nord de l'intégrité territoriale

Dans cette même déclaration, le capitaine indique que le président Amadou Toumani Touré « pourrait être l'objet de poursuites judiciaires pour haute trahison et malversations financières ».

Sur le plan militaire et ce, alors que les mouvements rebelles n'ont cessé de progresser ces jours derniers, les chefs d'état-major de la Cédéao doivent se réunir demain jeudi pour donner leur feu vert à la levée d'une force de 3 000 hommes.

LA SITUATION À GAO
À Gao, 72 heures après la prise de la ville par les rebelles du MNLA et les islamistes d'Ansar Dine, les vivres commençent à manquer. Malgré les messages rassurants de ceux qui contrôlent désormais la ville, la population ne se sent pas en sécurité.

À Gao, les stocks et les entrepôts des organisations humanitaires ont été pillés pour se ravitailler, « c'est la débrouille » comme l'explique un habitant, contacté par téléphone : « Les boutiquiers que vous connaissez sont installés dans leur domicile et ils essaient de vous arranger discrètement et, avec les voisins, les parents ... on s'entraide ».

L'essence est aussi devenue une denrée rare et chère, environ 1 000 F Cfa le litre [1,52 euro, NDLR]. De leur côté, les propriétaires de véhicules ont peur de se faire braquer : « Il y a les rebelles, il y a les milices, il y a aussi les voleurs ! Ils entrent dans la maison, ils braquent le propriétaire, ils prennent sa clé et ils partent avec la voiture ! Cela arrive dans toute la ville ! »

Les islamistes d'Ansar Dine promettent de restaurer la sécurité en faisant passer leur message « Ansar Dine dit que tout ce que tu prends et qui ne t'appartient pas c'est "haram", ce n'est pas bon. Ce sont eux qui récupèrent le bien des gens et ils le mettent dans la rue. Ils demandent aux gens de dire "Allah akbar" de reconnaître que Dieu est le seul et unique, et d'adhérer à leur mouvement ».

De leur côté, les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) appellent à rejoindre leur combat pour l'indépendance de l'Azawad. Ils diffusent leurs communiqués sur une radio locale, la seule qui continue de fonctionner à Gao. Impossible de regarder la télévision publique -l'ORTM- ou d'écouter RFI en FM, les émetteurs ont été endommagés.

Condamnation de l'ONU attendue

La France a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali. Une condamnation du coup de force contre le gouvernement malien et des attaques rebelles dans le Nord devrait être adoptée ce 4 avril.

L’image d’un drapeau islamiste flottant sur Tombouctou a fait l’effet d’un électrochoc au Conseil de sécurité qui s'est mis en état d'urgence. La déclaration demandée par la France a reçu un soutien unanime.

Cette condamnation du Conseil est une mesure modeste, mais les diplomates parlent d’une première étape.

La Cédéao a mis en alerte une force de 3 000 hommes. Si la situation au Mali continue de se détériorer, le Conseil de sécurité pourrait donner un mandat de l’ONU à la Cédéao pour intervenir militairement.

Le Conseil de sécurité s’était déjà inquiété ces dernières semaines de l’instabilité dans la région du Sahel. Un débat qui a ravivé les divisions sur l’intervention en Libye.

La Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud voient dans l’avancée des rebelles touaregs et des islamistes, les conséquences de la chute de Mouammar Kadhafi et du flot d’armes libyennes qui alimente les groupes armés de la région.

L'Union africaine à l'unisson avec la Cédéao

Un conseil de paix et de sécurité sur le Mali s'est réuni ce 3 avril au siège de l'Union africaine, à Addis-Abeba, dans la capitale éthiopienne. Il était présidé par l'ambassadeur de l'Angola, Arcanjo do Nascimento. L'organisation panafricaine a décidé de suivre la mouvement lancé par la Cédéao et de sanctionner les putschistes maliens.

L'Union africaine veut un retour immédiat à l'ordre constitutionnel et la restauration de toutes les institutions le plus vite possible.

Selon Ramtane Lamamra, commissaire paix et sécurité de l'Union africaine, les deux institutions ont déjà trop attendu : « Le conseil a condamné les manoeuvres dilatoires de la junte militaire à Bamako et a exigé le rtour immédiat à la Constitution. Le conseil a exprimé son plein appui aux sanctions imposées par la Cédéao au auteurs du coup d'État. Il a décidé aussi d'imposer des sanctions ciblées contre le président, les membres de la junte ainsi que contre toute personne civile et militaire et toute entité qui collabore avec la junte pour maintenir le changement anticonstitutionnel et pour entraver les efforts de la Cédéao et de l'Union africaine tendant à la restauration de l'ordre constitutionnel ».

Parmi les sanctions individuelles prises par l'Union africaine, il y a le gel des comptes et l'interdiction de circuler au sein des pays de l'Union, pour tous les putschistes. Ces mesures s'appliquent également aux rebelles qui perturbent l'ordre malien au Nord du pays.


Mercredi 4 Avril 2012 - 09:45


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