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Deux ans après la fuite de Ben Ali, la Tunisie peine à effectuer sa transition

Deux ans après la révolution, les symptômes sociaux n'ont guère changé en Tunisie. L’économie peine à se redresser. Le chômage s'est même aggravé, avec un taux de 20% au plan national. Résultat, les explosions de violence, et même les émeutes entre forces de l'ordre et manifestants, sont de plus en plus fréquentes. Sur le plan politique, la transition est également difficile. La nouvelle Constitution n’est toujours pas rédigée.



Deux ans après la fuite de Ben Ali, la Tunisie peine à effectuer sa transition

Deux ans après la révolution, les grèves générales débouchant sur des éruptions de violence sont de plus en plus fréquentes en Tunisie. Dernier exemple en date, dans la ville de Ben Gardane, frontalière avec la Libye. Pendant plusieurs jours, des heurts ont opposé manifestants et forces de l'ordres après une grève visant à protester contre la dégradation économique et sociale. L'armée a finalement été obligée d’intervenir.

Six semaines plus tôt, c'était la ville de Siliana, au nord-ouest, qui s'embrasait. Là, une grève générale déclenchée par le puissant syndicat UGTT (Union générale tunisienne du travail) demandait du travail, du développement et le départ du gouverneur nommé par les islamistes. Les manifestants l'ont finalement obtenu, mais après cinq jours d'émeutes et 300 blessés par des tirs de chevrotines de la police.

Deux mois avant, à Sidi Bouzid, berceau de la révolution, des ouvriers mécontents avaient saccagé le gouvernorat. Ils avaient eux aussi obtenu le départ de leur gouverneur. Un an après leur arrivée au pouvoir, les islamistes n'ont pas encore réussi à réduire les inégalités régionales.


Une économie en berne
La multiplication de ces mouvements sociaux, souvent violents, est due aux espoirs déçus de la population face aux difficultés économiques accrues. Avant la révolution tunisienne, l'économie reposait largement sur le tourisme, qui employait la moitié de la population active et les exportations textiles. Les troubles politiques ont entraîné la chute du tourisme, et la crise européenne celle des exportations.
En 2011, l'économie tunisienne a brutalement chuté et le PIB a reculé de 2%. En 2012, la Tunisie a repris le chemin de la croissance avec une progression de 3,5%. Une hausse cependant insuffisante pour résorber le fort taux de chômage qui était déjà élevé auparavant, notamment chez les jeunes, et qui atteint désormais 18% de la population au plan national, mais peut dépasser les 50% dans certaines régions.
Le désordre persistant pèse aussi sur les finances publiques. Le déficit budgétaire se creuse et l'inflation repart à la hausse. L'agence de notation Fitch a fait passer la Tunisie dans la catégorie des pays à risques pour les prêteurs, et l'a assortie d'une perspective négative, estimant que la transition économique s'avère plus longue et plus difficile que prévu.
Crise institutionnelle
Sur le plan politique aussi la transition peine à s'effectuer. Les attentes se cristallisent autour de la future Constitution. Elle devait être livrée en octobre dernier, elle n'en est qu'à son deuxième brouillon, un avant-projet qui n'a pas encore été adopté. Sa rédaction prend du temps car ce sont les députés qui s'en chargent, pas des experts. Des députés au rôle également parlementaire. Des députés souvent divisés.
Le parti islamiste Ennahda a fait des concessions, parfois sous la pression de la société civile. Il n'y a plus de référence directe par exemple à la charia dans la Constitution. Mais des ambigüités persistent, de l'avis d'experts. Des ambigüités relevées également par l'organisation Amnesty International en matière de droits et libertés.
D'autres chantiers, censés être prioritaires, stagnent. La justice transitionnelle pour régler les crimes de l'ancien régime n'est encore qu'un projet. La justice espère toujours une haute instance indépendante pour se réformer. En attendant, les associations de magistrats dénoncent des ingérences du pouvoir exécutif.
Pas non plus de réforme de la police, pourtant promise. Un syndicat du secteur reconnaît des bavures. Le ministre de la Gouvernance constate, lui, que la corruption, loin d'être freinée, s'est démocratisée.

Source : Rfi.fr
 


Dépêche

Lundi 14 Janvier 2013 - 08:56


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