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La COP 24, une conférence climat sur fond de multiples incertitudes

La COP24 s’est ouverte ce dimanche à Katowice en Pologne. Trois ans après l'accord sur le climat signé à l'issu de la COP21 à Paris, un nouveau round s'ouvre sur fond d'incertitudes. La Pologne, qui accueille cette conférence, carbure au charbon, une source d’énergie climaticide, les Etats-Unis ont quitté l'accord et d'autres comme le Brésil sous Jair Bolsonaro risquent de suivre cet exemple. Or, l'urgence climatique s'est encore accentuée. Le dernier rapport des experts sur l’évolution du climat du Giec sorti début octobre est alarmant : il reste peu de temps pour agir, si l'on veut contenir le réchauffement en deçà de 1,5 degré.



La COP24 doit apporter une réponse aux conclusions du Giec. Christophe Cassou est climatologue et membre de ce groupe d'experts, il appelle les négociateurs réunis à Katowice à prendre conscience de l'extrême urgence : « Quand on dit urgence climatique, cela signifie qu’il faut d’urgence entreprendre des actions pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre de manière immédiate et également pour s’adapter aux changements climatiques qui sont en cours et qui vont arriver. »
Incohérences
Mais les incohérences entre ce qu'il faudrait faire et ce qui est fait, sont énormes. « Nous n'allons pas du tout dans la bonne direction » pour freîner le changement climatique qui « va plus vite que nous », a mis en garde le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lors d'un sommet organisé ce lundi au deuxième jour de la COP24. « Même si nous sommes les témoins d'impacts climatiques dévastateurs provoquant le chaos à travers le monde, dit-il, nous ne faisons toujours pas assez, nous n'allons pas assez vite. »
En effet, les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse, alors qu'elles doivent baisser d’urgence. Pour rendre à nouveau l'accord sur le climat crédible, il faut que les pays s'engagent véritablement, souligne Lucile Dufour, du Réseau action climat. Il faut aussi qu’ils s’engagent rapidement : ils ont deux ans pour multiplier l'ambition, d'ici à 2020, date à la laquelle l'accord prendra effet. « La seule réponse qui soit crédible c’est un engagement à relever les objectifs climatiques d’ici à 2020 », insiste Lucile Dufour. « Et le défi est énorme en réalité puisque l’ONU estime que les pays devraient multiplier par cinq leur ambition climatique actuelle pour être en ligne avec un réchauffement à 1,5 degré. »
 
 
Une responsabilité collective
Pour les pays en développement déjà très touchés par les sécheresses, les tempêtes ou l'élévation du niveau de la mer, ce sont les pays riches qui doivent faire plus, pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et pour aider le Sud à se préparer aux catastrophes. « Nous avons le sentiment d'avoir été punis pour des erreurs que nous n'avons pas commises. La communauté internationale doit faire en sorte que justice soit faite » a déclaré la présidente du Népal, Bidhya Devi Bhandari, évoquant notamment la fonte des glaciers himalayens.
« A ceux qui traînent les pieds, je dis simplement : faites-le », a ajouté le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama, président de la COP23. « Que Dieu nous pardonne, si nous ignorons les preuves irréfutables, nous deviendrons la génération qui a trahi l'humanité ». Antonio Guterres a, quant à lui, insisté sur « la responsabilité collective d'aider les communautés et les pays les plus vulnérables, comme les Etats insulaires et les pays les moins avancés, en soutenant les politiques d'adaptation et de résistance » aux impacts du dérèglement climatique.
100 milliards de dollars pour les pays vulnérables
A partir de 2020, les pays riches doivent mettre chaque année 100 milliards de dollars sur la table pour aider les pays vulnérables dans leurs efforts d'adaptation et d'atténuation. Mais là non plus, le compte n'y est pas, souligne Emilie Both d'Oxfam France : « Le dernier rapport sorti par les Nations unies fait état pour 2016 de 56 milliards de dollars qui ont été fournis. Donc on est en retard. Et en plus l’adaptation reste sous-financée, alors qu’elle est cruciale : ce sont les efforts des pays en développement pour faire face aux impacts déjà visibles et dévastateurs du changement climatique. Il est donc indispensable d’augmenter les financements pour l’adaptation. »
Un manuel d’application
La COP 24 doit mener à bien un autre grand chantier : les pays doivent adopter le manuel d'application, autrement dit les règles qui permettront de rendre l'accord de Paris concret. « Il doit être déterminé à la COP 24 comment faire transparence sur les engagements des pays », explique Pierre Cannet du WWF France, « il doit aussi être décidé comment comptabiliser ces engagements, comment faire le bilan tous les cinq ans en référence avec la science. »
L'adhésion des pays à l'accord de Paris commence à s'effriter
Après l’annonce par Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, d’autres gouvernements populistes risquent de suivre cet exemple. Tous les regards sont tournés vers le Brésil, le septième émetteur de gaz à effet de serre au monde. Jair Bolsonaro, le nouveau président brésilien d’extrême droite, vient de renoncer à accueillir la COP25 l’année prochaine. Il a également évoqué la possibilité de quitter l’accord sur le climat. Pour Célia Gautier de la Fondation pour la nature et l'homme il faudrait recourir à un moyen radical qui ferait réfléchir ces dirigeants : « Nous pensons que la France et l’Union européenne devraient utiliser le commerce pour empêcher les Etats de sortir de l’Accord de Paris. Si l’Union européenne disait au Brésil qu’elle suspendra ses importations de produits agricoles brésiliens, peut-être que le gouvernement de Bolsonaro y réfléchirait à deux fois avant de sortir de l’accord de Paris. »
Mais rappelons que l'accord de Paris ne prévoit pas de contrainte et encore moins de pressions commerciales. Tout se base sur le blame and shame, c'est-à-dire l'espoir que les mauvais élèves revoient leur attitude parce qu'ils sont montrés du doigt. On verra si cela fonctionne avec les Bolsonaro et autres chefs d'Etat du même genre.

rfi.fr

Mardi 4 Décembre 2018 - 15:14


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