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Absent de toutes les audiences aux chefs d'Etat africains : Pourquoi Obama ne fait pas confiance à Wade

Hier franc allié des Américains - Clinton avait honoré le Sénégal par sa première visite en Afrique - Me Wade n’a, apparemment, plus la cote chez les Yankees.



Absent de toutes les audiences aux chefs d'Etat africains : Pourquoi Obama ne fait pas confiance à Wade
Depuis l’arrivée de Obama à la Maison Blanche, le fossé semble se creuser à vue d’œil entre lui et Me Wade. Pour sa première visite en Afrique, terre de ses ancêtres, le 44e président des Etats-Unis, contrairement à Bush et Clinton, a opté pour le Ghana. Un symbole du renouveau africain, économiquement et politiquement parlant. Mais le choix de cette destination est loin d’être fortuit. Selon un diplomate américain, en poste à Dakar, ce choix répondait ‘à la nécessité, pour le chef de l’Etat américain de rester scotché à son discours d’investiture’.

A Accra, donc, devant les parlementaires ghanéens, Obama avait déclaré : ‘Les Africains doivent chercher à se doter d'institutions fortes et non d'hommes forts’. Une nouvelle ligne qui consiste à renforcer le pouvoir des institutions plutôt que celui des dirigeants. C’est, donc, cette politique que certains chefs d’Etat qui dirigent de main de fer leur pays subissent depuis lors. Et, particulièrement Me Wade, le numéro 1 sénégalais, dont l’autorité affirmée et la forte personnalité sont loin d’en faire un hôte de marque du premier président noir des Etats-unis.



Sinon comment interpréter le fait que Me Wade ait été zappé par Obama le 29 juillet dernier. On se souvient, ce jour-là, le locataire de la Maison-Blanche a reçu quatre chefs d’Etat africains, tous issus de l’espace francophone. Trois nouveaux venus, Ouattara, Conté et Issoufou et, un ancien, Yayi Boni qui, comme Wade, est à son second mandat à la tête de son pays. On peut toujours extrapoler en qualifiant l’acte du président américain de prime à la démocratie pour les trois premiers cités. Cependant, pour le dernier, c’est plutôt sa bonne gouvernance qui a ainsi été reconnue. Il ne peut s’agir là que de son action politique que l’on dit ‘consensuelle’.



Dans un passé récent, Me Wade était quasiment le chouchou de Washington. Avec Bush, il a souvent été placé en face des projecteurs. Avec sa source intarissable d’idées, il avait fini par se confondre, aux yeux des Américains, avec l’Afrique. Il a, avec Mbeki, été au four et au moulin dans les différents sommets mondiaux d’envergure. Les G8 et G20 s’étaient offerts à lui. Et, il avait mis à profit la situation pour distiller ses trouvailles. Nous sommes loin de ses parades fastueuses.



Cependant, même si Me Wade connaît une chute libre en termes d’estime aux Etats-Unis - il convient de le souligner - au pays de l’Oncle Sam, le Sénégal continue de faire l’objet d’une particulière attention. ‘Notre coopération avec le Sénégal va au-delà des hommes. Entre les peuples américain et sénégalais, il n’y a pas d’ombre dans les relations. Notre amitié n’a pas changé et le Sénégal occupe une place de choix dans l’aide américaine à l’Afrique’, soutient un diplomate américain, à Dakar depuis plusieurs années. Ceci pour distinguer l’amitié entre les peuples et la diplomatie.



Mais, en dépit de ces assurances ‘diplomatiques’, la question reste entière. Qu’est-ce qui justifie la désaffection entre Obama et Wade ? La réponse est dans cette phrase : ‘Nous encourageons des institutions fortes et non d'hommes forts’. En effet, le pouvoir américain est foncièrement opposé aux ‘régimes grabataires’ qui ne savent pas passer la main. Aussi, obtenir aujourd’hui le soutien américain suppose que l’on se conforme aux règles du jeu, celles édictées par Washington et rien d’autre. Se pérenniser au pouvoir ou encore diriger son pays avec une main de fer ne fait pas partie du jeu américain.



Pour Me Wade, dont la personnalité est plus imposante que sa propre personne, ces critères ‘d’amitié’ sont ainsi une vraie équation. Mais, à ceci s’ajoutent aussi des faits de pratique politique interne : les tripatouillages constitutionnels, un troisième mandat contraire à la Constitution, le projet de dévolution monarchique du pouvoir qu’on lui prête et surtout sa tendance à nager à contre-courant des principes démocratiques ont donc produit un effet repoussoir. Et, comme Obama tient à sa rigueur, l’Africain le plus diplômé de la planète n’est donc pas prêt à voir la Maison-Blanche lui dérouler le tapis rouge. Mieux, sauf changement d’attitude, Wade risque de s’aliéner à jamais la confiance des Etats-unis.



Un autre diplomate américain, parlant sous le couvert de l’anonymat, explique ainsi la réception des quatre chefs d’Etat francophone à Washington le 29 juillet dernier. ‘Obama a voulu dire aux dirigeants africains qui veulent s’accrocher coûte que coûte au pouvoir que son administration ne sera pas du tout tolérante’. Mais, plus que la volonté de s’accrocher au pouvoir, ‘Obama souhaite que les Africains mettent tout en œuvre pour asseoir des institutions qu’aucun pouvoir ne peut remettre en cause’, souligne-t-il. Me Wade, un homme fort comme les Africains l’affectionnent, changera-t-il de méthode ? Rien n’est moins sûr !

Par Mohamed MBOYO | Wal Fadjri


Mercredi 3 Août 2011 - 12:51


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