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Conférence pour la reconstruction de l'Ukraine: Kiev face au défi de la lutte anti-corruption

À partir de jeudi, les membres du G7 essaieront de s'entendre pour reverser à Kiev les avoirs russes gelés depuis le début de la guerre. Ce week-end, des dizaines de pays se retrouveront également en l'absence de la Russie lors d'une conférence pour la paix. Mais avant cela, les partenaires de Kiev ont rendez-vous mardi et mercredi à Berlin. Près de 2 000 participants d'une soixantaine de pays se réunissent pour une Conférence sur le redressement et la reconstruction de l'Ukraine.



D'après la Banque mondiale, près de 500 milliards de dollars (486 milliards d'euros) sont nécessaires à la reconstruction de l'Ukraine. Logements, routes, industries, entreprises... La guerre a mis à terre des pans entiers de l'économie : les experts estiment par exemple que près de la moitié de la capacité de production d'électricité a été détruite.
 
À Berlin, l'Ukraine va donc une nouvelle fois mobiliser les bailleurs de fonds traditionnels, mais Kiev compte aussi sur le secteur privé et veut insister sur les incitations fiscales : près de 600 entreprises sont attendues dans les secteurs de l'énergie, la santé ou la logistique.
 
Accélérer l'adhésion de l'Ukraine à l'UE
Cette conférence pour le redressement de l'Ukraine est la troisième du genre depuis le début de la guerre il y a deux ans et demi. Mais après Lugano en 2022, puis Londres l'année dernière, c'est la première fois qu'elle se tient au sein d'un pays de l'Union européenne. Tout un symbole pour le pays hôte, l'Allemagne, qui devrait rappeler que les réformes doivent encore être menées pour accélérer l'adhésion de l'Ukraine à l'UE. « En plus de notre soutien militaire, c'est la meilleure protection qui soit », a estimé ce lundi la ministre allemande des Affaires étrangères.
 
Mais alors que s'ouvre cette nouvelle conférence pour la reconstruction du pays, c’est bien Kiev qui a envoyé un message inquiétant à ses partenaires occidentaux, alors que le chef de l’agence pour la reconstruction de l’Ukraine, le réformiste Mustafa Nayyem, a démissionné de son poste, estimant que le gouvernement de Volodymyr Zelensky l’empêche d’exercer ses fonctions, rapporte notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan.
 
Ancien journaliste, figure de la révolution de Maïdan, Mustafa Nayyem s’est lancé en politique il y a dix ans, avec pour cheval de bataille de réformer de l’intérieur le fonctionnement des administrations publiques. Vice-ministre des Infrastructures, à la réputation impeccable, Nayyem est devenu en 2023 le chef de l’agence pour la reconstruction, chargée de coordonner dans le pays l’aide internationale permettant de remettre sur pied les infrastructures du pays.
 
Les enjeux sont immenses, et se comptent en milliards, tandis que les instances anti-corruption surveillent comme le lait sur le feu la manière dont va être utilisée cette manne, pour éviter tout phénomène de corruption.
 
À quelques heures de la conférence sur la reconstruction de Berlin, le gouvernement a interdit à Mustafa Nayyem de voyager en Allemagne, où il devait rencontrer les bailleurs de fonds donnant de l’argent pour la reconstruction, ce qui a précipité sa décision de démissionner quelques heures plus tard. À Kiev, tous les regards se tournent vers Andriy Yermak, le tout-puissant chef de l’administration présidentielle, qui fait la pluie et le beau temps dans les nominations politiques, et place dès qu’il peut des hommes loyaux au pouvoir, à tous les rouages de l’État.
 
Pour la société civile et les organisations anti-corruption, l’affaire est extrêmement grave, car Mustafa Nayyem et son équipe étaient un gage d’indépendance, loués par les partenaires internationaux pour leur probité et leur professionnalisme. Beaucoup craignent à Kiev que les hommes de Zelensky aient décidé de mettre leurs mains partout, avec le risque qu’apparaissent des phénomènes de favoritisme ou de corruption, dans l’attribution des contrats de la reconstruction.

RFI

Mardi 11 Juin 2024 - 10:06


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