C’est un appel à l’aide, un cri d’urgence, que les internes en médecine des hôpitaux malgaches lancent à l’État, au président de la République. En première ligne face aux patients atteints du Covid-19, ils ne sont plus dotés d’EPI, ces équipements de protection individuelle, bien que le chef de l’État soutienne le contraire. Et seule une minorité d’entre eux a reçu la prime de risque promise par le président.
Ainsi, en voyant les images du défilé militaire du 26 juin, jour de fête nationale, les internes ont failli s’étouffer. Saluant la tribune officielle, des soignants, dissimulés sous leurs équipements de protection individuelle. « Voilà où sont passés les EPI qui nous manquent tant », ironise un interne en stage à l’hôpital d’Anosiala.
Effet placebo
Devant le CHU de la capitale, ils sont une soixantaine d’étudiants à s’être regroupés pour décider de la suite du mouvement. Tous portent un masque. Parfois deux, l’un sur l’autre. Beaucoup semblent hors d’usage.
« Ça, c’est un masque FFP2. Normalement, cen’est pas lavable, c’est à usage unique. Mais comme ils sont rares, on n’a pas le choix : on les lave. Juste au savon et à l’eau froide. » « Moi, dit un autre, je mets plusieurs couches de masques. En fait, ça ne protège pas je sais bien, mais cela a un effet placebo. »
La plupart achètent leur masque avec l’argent gagné durant leurs gardes. Car tous le confirment : ils sont distribués au compte-gouttes. Et il n’y a plus de surblouse.
« Comme si nos vies n'avaient plus d'importance »
Cet étudiant à l’hôpital de Befelatanana raconte : « Les masques FFP2 ont une durée de 8 heures, il me semble. Au début, on nous en distribuait deux pour une garde de 24 heures. Depuis un mois et demi, on n’en avait plus qu’un par garde. Et désormais, on nous a distribué un nouveau masque de fabrication chinoise dont les spécifications ne sont pas indiquées, ni sur les masques, ni sur les boîtes. Et aucun des médecins qui nous les distribuent ne les portent. C’est comme si nos vies n’avaient pas d’importance. »
Cet autre interne à Anosiala explique : « Dans notre hôpital qui est censé être un hôpital de référence pour la prise en charge des patients Covid, on n’a tellement pas d’équipements que nos chefs refusent d’aller voir les malades et nous ordonnent à nous, les internes, de faire les visites de ces patients contaminés, sans protection. Comment le gouvernement ose-t-il dire qu’ils ont maîtrisé la situation alors qu’en quatre semaines, les cas ont explosé ? Là, franchement, c’est catastrophique. Tout le monde est contaminé. On ne sait plus du tout le nombre de malades. À 3 cas, on était en confinement total. Aujourd’hui, on a 90 nouveaux cas par jour, et on déconfine. Il n’y a aucune logique. »
« Aucune formation sur le Covid-19 »
Jeudi dernier, le président des étudiants de médecine d'Antananarivo a alerté le professeur Ahmad Ahmad, ministre de la Santé, sur le fait que beaucoup d’internes étaient contaminés, faute de protections adaptées. « Nous voulons travailler, confie Mosa Zafimaro à RFI, mais avec un équipement. C’est ça le but de notre grève. Nous faire entendre, que l’on sache la réalité dans nos hôpitaux. »
Cet étudiant en stage à l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona, lui, dénonce le manque total de préparation à cette situation. « On n’a eu aucune formation sur le Covid-19. Alors on s’auto-informe, on recherche des documents concernant le virus, on lit les nouvelles recommandations internationales publiées sur Internet. Et on essaie de se former nous-mêmes, voilà. »
Son collègue, d’un service voisin, rappelle que dès le début de la crise sanitaire, les internes avaient réclamé des formations pour savoir comment prendre en charge les patients atteints du Covid-19. En vain. « Quels sont les premiers soins à faire à ces malades ? Quelles prises en charge thérapeutiques pour ces patients qui, le plus souvent, sont entrés chez nous pour des pathologies autres que le Covid ? Voilà des questions auxquelles j’aurais aimé avoir des réponses depuis longtemps ! »
Incapacité à isoler les patients suspects
Autre problème, que les internes racontent sans ambages : l’incapacité des hôpitaux à isoler les patients suspects. « Aujourd’hui, un patient, avant que ne soit confirmée sa positivité, il a déjà circulé dans différents services de l’hôpital pour être soigné. Et si après avoir déambulé librement partout, le résultat du test confirme sa positivité, alors seulement il est placé dans le service dédié au Covid. Mais avant cela, il peut avoir contaminé plein de gens. Moi, par exemple, j’ai été en contact avec une personne gravement malade, sans qu’on le sache au début. Je n’avais pas d’équipement. J’ai fait un test. Ça fait une semaine que j’attends le résultat du PCR. Pourtant, eh bien je continue de circuler en transports en commun et dans mon service à l’hôpital HJRA. »
Si la grève se poursuit, les internes ont annoncé reprendre un service minimum à partir de ce jeudi matin. Le ministère de la Santé s’est engagé à leur distribuer dès aujourd’hui des kits de protection. Concernant le versement de la prime de risque, il va falloir encore être patient.
Ainsi, en voyant les images du défilé militaire du 26 juin, jour de fête nationale, les internes ont failli s’étouffer. Saluant la tribune officielle, des soignants, dissimulés sous leurs équipements de protection individuelle. « Voilà où sont passés les EPI qui nous manquent tant », ironise un interne en stage à l’hôpital d’Anosiala.
Effet placebo
Devant le CHU de la capitale, ils sont une soixantaine d’étudiants à s’être regroupés pour décider de la suite du mouvement. Tous portent un masque. Parfois deux, l’un sur l’autre. Beaucoup semblent hors d’usage.
« Ça, c’est un masque FFP2. Normalement, cen’est pas lavable, c’est à usage unique. Mais comme ils sont rares, on n’a pas le choix : on les lave. Juste au savon et à l’eau froide. » « Moi, dit un autre, je mets plusieurs couches de masques. En fait, ça ne protège pas je sais bien, mais cela a un effet placebo. »
La plupart achètent leur masque avec l’argent gagné durant leurs gardes. Car tous le confirment : ils sont distribués au compte-gouttes. Et il n’y a plus de surblouse.
« Comme si nos vies n'avaient plus d'importance »
Cet étudiant à l’hôpital de Befelatanana raconte : « Les masques FFP2 ont une durée de 8 heures, il me semble. Au début, on nous en distribuait deux pour une garde de 24 heures. Depuis un mois et demi, on n’en avait plus qu’un par garde. Et désormais, on nous a distribué un nouveau masque de fabrication chinoise dont les spécifications ne sont pas indiquées, ni sur les masques, ni sur les boîtes. Et aucun des médecins qui nous les distribuent ne les portent. C’est comme si nos vies n’avaient pas d’importance. »
Cet autre interne à Anosiala explique : « Dans notre hôpital qui est censé être un hôpital de référence pour la prise en charge des patients Covid, on n’a tellement pas d’équipements que nos chefs refusent d’aller voir les malades et nous ordonnent à nous, les internes, de faire les visites de ces patients contaminés, sans protection. Comment le gouvernement ose-t-il dire qu’ils ont maîtrisé la situation alors qu’en quatre semaines, les cas ont explosé ? Là, franchement, c’est catastrophique. Tout le monde est contaminé. On ne sait plus du tout le nombre de malades. À 3 cas, on était en confinement total. Aujourd’hui, on a 90 nouveaux cas par jour, et on déconfine. Il n’y a aucune logique. »
« Aucune formation sur le Covid-19 »
Jeudi dernier, le président des étudiants de médecine d'Antananarivo a alerté le professeur Ahmad Ahmad, ministre de la Santé, sur le fait que beaucoup d’internes étaient contaminés, faute de protections adaptées. « Nous voulons travailler, confie Mosa Zafimaro à RFI, mais avec un équipement. C’est ça le but de notre grève. Nous faire entendre, que l’on sache la réalité dans nos hôpitaux. »
Cet étudiant en stage à l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona, lui, dénonce le manque total de préparation à cette situation. « On n’a eu aucune formation sur le Covid-19. Alors on s’auto-informe, on recherche des documents concernant le virus, on lit les nouvelles recommandations internationales publiées sur Internet. Et on essaie de se former nous-mêmes, voilà. »
Son collègue, d’un service voisin, rappelle que dès le début de la crise sanitaire, les internes avaient réclamé des formations pour savoir comment prendre en charge les patients atteints du Covid-19. En vain. « Quels sont les premiers soins à faire à ces malades ? Quelles prises en charge thérapeutiques pour ces patients qui, le plus souvent, sont entrés chez nous pour des pathologies autres que le Covid ? Voilà des questions auxquelles j’aurais aimé avoir des réponses depuis longtemps ! »
Incapacité à isoler les patients suspects
Autre problème, que les internes racontent sans ambages : l’incapacité des hôpitaux à isoler les patients suspects. « Aujourd’hui, un patient, avant que ne soit confirmée sa positivité, il a déjà circulé dans différents services de l’hôpital pour être soigné. Et si après avoir déambulé librement partout, le résultat du test confirme sa positivité, alors seulement il est placé dans le service dédié au Covid. Mais avant cela, il peut avoir contaminé plein de gens. Moi, par exemple, j’ai été en contact avec une personne gravement malade, sans qu’on le sache au début. Je n’avais pas d’équipement. J’ai fait un test. Ça fait une semaine que j’attends le résultat du PCR. Pourtant, eh bien je continue de circuler en transports en commun et dans mon service à l’hôpital HJRA. »
Si la grève se poursuit, les internes ont annoncé reprendre un service minimum à partir de ce jeudi matin. Le ministère de la Santé s’est engagé à leur distribuer dès aujourd’hui des kits de protection. Concernant le versement de la prime de risque, il va falloir encore être patient.
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