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FAO : réunion spéciale sur les tensions et instabilité des marchés céréaliers

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, FAO, s'inquiète de la récente flambée des matières premières agricoles. Elle a convoqué ce 24 septembre 2010, à son siège à Rome, une réunion extraordinaire. La sécheresse en Russie est à l'origine de cette nouvelle envolée des cours des céréales, trois ans après celle qui avait provoqué des émeutes dans plusieurs pays en développement.



Jacques Diouf, le Directeur général de la FAO à Rome, le 14 septembre 2010. AFP / ANDREAS SOLARO
Jacques Diouf, le Directeur général de la FAO à Rome, le 14 septembre 2010. AFP / ANDREAS SOLARO
La sécheresse en Russie est à l'origine de cette nouvelle envolée des cours, trois ans après celle qui a provoqué des émeutes dans plusieurs pays en développement. La canicule a détruit une grande partie de la récolte de blé russe cette année. Or, la Russie est redevenue un acteur céréalier de poids au niveau mondial. « La Russie exporte habituellement de gros volumes, entre 16 et 18 millions de tonnes, rappelle Gaultier Le Molgat, consultant associé pour la société Agritel. Cette année on s’attend à ce que ce pays réduise de façon drastique ses capacités d’exportation. Cela a engendré une augmentation importante du potentiel d’exportation des pays concurrents, à savoir la zone européenne et les Etats-Unis. Conséquence : une hausse des prix du blé de plus de 50 %. En moins de quatre semaines nous avons connu des blés à 140 euros en France et aujourd’hui ils dépassent les 230 euros.»

Dans la foulée, les autres céréales ont également vu leur prix grimper. Il y a toujours un effet de contagion dans le complexe des grains. En outre, lorsqu'une céréale manque, une autre est plus sollicitée, pour l'alimentation humaine ou animale. L'orge est ainsi passée de moins de 100 euros au printemps à près de 200 euros aujourd'hui. Quant au maïs, il s'est apprécié d'autant plus rapidement ces derniers jours, que l'on a craint une moins bonne récolte que prévu aux Etats-Unis.

L’importance des stocks de grains devrait limiter l’envolée des cours

Pour autant, on ne revit pas le même scénario qu’il y a trois ans, pour la bonne raison qu’il n’y a pas de pénurie sur le marché international. Les récoltes ont été très bonnes l'an dernier. On dispose donc de stocks très confortables, ce n'était pas le cas en 2007. Mais ces stocks sont surtout situés en Amérique du Nord, loin des grands pays importateurs du bassin méditerranéen, comme l’Egypte, alors ces derniers ont continué d'importer du blé européen, même plus rare et plus cher, ce qui a continué à faire monter les prix.

Cependant, Moscou pourrait écourter son embargo. Les pluies sont maintenant au rendez-vous dans les pays de la mer Noire. Et, aux Etats-Unis, l'avancée de la récolte de maïs révèle un rendement un peu meilleur au fil des jours... L'incertitude demeurera tout de même jusqu'à ce qu'on puisse évaluer la récolte de l'hémisphère sud, et les marchés vont rester nerveux.

On doit en effet compter désormais avec une volatilité croissante des cours depuis le début des années 2000, très nette quand on regarde la courbe des prix sur quinze ans. L'irruption de la Chine et plus globalement des pays émergents dans le commerce mondial a été décisive. La demande en produits agricoles pour l'alimentation humaine et animale mais aussi pour les biocarburants, n'a fait que croître. La tension avec l'offre n'a donc fait que s'accentuer. En parallèle, il y a eu libéralisation des échanges, avec, entre autres, la suppression, en Europe, des stocks d'intervention, qui pouvaient amortir les chocs.

La spéculation mise en cause, notamment sur le café

La spéculation est aussi souvent pointée du doigt. L'entrée massive des acteurs financiers dans ce qu'on appelle les « commodités », depuis le début des années 2000 également, a amplifié les variations de prix. Elle fausserait même les cours du café, en ce moment, selon Patrick Masson, qui dirige la maison de négoce Jobin. A deux dollars, la livre d'arabica est au plus haut depuis 13 ans à New York, et pour lui c'est complètement injustifié : « Vous avez une situation fondamentale au Brésil où on annonce une récolte qui sera sans doute la plus grosse récolte qu’on ait jamais connu ! Malgré cela, il a suffi qu’il ne pleuve pas pendant quinze jours, ce qui était assez normal en cette saison, et on a commencé à parler de sécheresse pour la récolte suivante. Et hop, ça vous a généré une hausse ! Je caricature, mais c’est cela. Aujourd’hui on se retrouve avec des pluies qui sont arrivées et des pluies en prévision, mais le marché reste accroché (NDLR : haut) parce qu’à partir du moment où la spéculation tient et ne lâche pas la position, je ne connais pas d’opérateur assez fou pour aller contre !»

En attendant, l'industrie agro-alimentaire voit ses coûts augmenter. Son représentant en France, René Buisson est d'ailleurs bien décidé à défendre des hausses de tarifs auprès de la grande distribution : « Les industriels ne peuvent pas supporter des hausses de matières premières qui seraient prises uniquement sur leurs marges. Il est certain que sur les produits à base de blé, sur le chocolat et le café, il va y avoir des augmentations qui seront proposées aux fournisseurs, lors des discussions qui vont commencer à la fin du mois.». Rude bataille en perspective d'ici le printemps entre la distribution et ses fournisseurs.

RFI

Vendredi 24 Septembre 2010 - 16:55


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