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La Côte d'Ivoire en guerre contre la maladie du manioc

Comment lutter contre les virus qui touchent le manioc en Afrique ? C’est la question à laquelle souhaitent répondre des virologues et scientifiques en sélection variétale venant de 12 pays d'Afrique de l'Ouest, de l'Est et du Centre. Ils sont réunis à Abidjan en Côte d’Ivoire depuis mercredi et ce pour trois jours d’atelier, sous le thème : « Agir ensemble pour une production durable du manioc en Afrique ». Cet atelier est organisé par le programme Wave (West african virus epidemiology, en français : Programme ouest-africain d’épidémiologie virale pour la sécurité alimentaire), qui travaille depuis 2014 avec le soutient notamment de la fondation Bill et Melinda Gates à combler les lacunes dans le contrôle des principaux virus du manioc en Afrique de l’Ouest et du Centre. Et il y a urgence, car c’est un enjeu essentiel pour la sécurité alimentaire du continent.



 
 L’Afrique est le plus grand producteur mondial de manioc et, à elle seule, la tubercule constitue l’aliment de base de plus de 250 millions de personnes sur le conscient. Mais le manioc est menacé par des maladies virales. L’une, la mosaïque africaine, présente en Afrique de l’Ouest, peut entraîner 40 à 70 % de perte de rendement. La seconde, la striure brune, fait des ravages en Afrique de l’Est et vient de faire son apparition en Afrique centrale.
 
Justin Pita est directeur exécutif du programme ouest-africain d’épidémiologie virale. Il prévient que « ce virus est encore plus dangereux, car il provoque des pertes de rendement de 90 % à 100 %. S’il arrive en Afrique de l’Ouest, ce sera une catastrophe. » Puis d’ajouter : « Par exemple, dans un pays comme le Nigeria, où 80 % de la population dépend du manioc pour l’alimentation quotidienne et avec 180 millions d’habitants vous faites vos calculs et vous voyez, ce sont des millions de personnes qui seront affectées seulement au Nigeria. Et si ce virus est au Nigeria, ça veut dire qu’il est au Bénin, il est au Ghana, etc. »
 
Travailler en équipe
 
Il y a donc urgence. Une des solutions pour contenir la menace : faire travailler ensemble les scientifiques en sélection variétale et les chercheurs en pathologie virale.
 
C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont réunis à Abidjan, explique la docteur Angela Eni, virologue nigériane : « Les sélectionneurs travaillent à augmenter le rendement d’une culture ou parfois les nutriments contenus dans une plante. Ce qui nous intéresse ici c’est de nous assurer que, quel que soit leur objectif initial, ils contrôlent aussi la résistance aux virus. »
 
Le dilemme des paysans
 
Des synergies qui doivent donc permettre de produire des boutures saines, mais aussi offrant un rendement suffisant. « Si une plante est malade, mais a des rendements élevés, le paysan va la préférer à une plante qui est saine, mais dont les rendements sont plus faibles. Il y a un dilemme », explique le docteur Samson Medza Mve, chercheur gabonais en sélection variétale. « Pour le paysan, ce qui est important c’est le rendement parce que le surplus de production lui permettra d’avoir un revenu additionnel pour arrondir les fins de mois. Mais la présence de cette plante malade dans un champ représente un danger, car c’est un foyer de diffusion de la maladie. Donc, c’est à nous de proposer une solution médiane : bénéfique pour le paysan, mais également à même pour contenir la diffusion de la maladie dans l’environnement », dit-il.
 
Les participants appellent aussi les gouvernements à mettre sur place un système d’alerte précoce et à renforcer les contrôles phytosanitaires à leurs frontières.

Rfi.fr

Vendredi 13 Avril 2018 - 11:13


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