Connectez-vous S'inscrire
PRESSAFRIK.COM , L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité)

Le mystique figuier centenaire qui fait reculer les autorités kenyanes



Le mystique figuier centenaire qui fait reculer les autorités kenyanes
Dans notre série de "lettres de journalistes africains", le formateur en médias et communication Joseph Warungu se penche sur le pouvoir que les arbres semblent avoir sur les politiciens kenyans.

La campagne pour sauver un arbre centenaire montre que les craintes liées aux mœurs culturelles peuvent souvent émouvoir les politiciens......Un exemple en provenance du Kenya....

Au Kenya, la population supplie le gouvernement et les politiciens de l'aider à stopper la propagation de Covid-19, en abandonnant leurs rassemblements politiques visant à persuader la population d'approuver un éventuel référendum constitutionnel.

Ces rassemblements sont responsables de la situation préoccupante de la Covid-19 au Kenya, où les infections à coronavirus ont fait un bond en avant et où beaucoup plus de personnes meurent aujourd'hui qu'au cours des mois précédents.

Les populations de ce pays ont donc été très étonnées de voir un arbre émouvoir les dirigeants du pays....dont le président....et les amener à faire machine arrière.

L'arbre dont il s'agit est centenaire et a des pouvoirs mystiques pour certains.

Il s'agit d'un majestueux figuier, qui a 100 ans et qui domine une portion de Waiyaki Way à l'ouest de Nairobi. Le figuier centenaire devait être terrassé pour faire place à une autoroute en construction.

Cette route de 27 km (16 miles) reliera l'aéroport international Jomo Kenyatta à la zone Westlands de Nairobi, rejoignant Waiyaki Way, la route principale qui mène à l'ouest du Kenya et de l'Ouganda.

Au Kenya, certains membres de la communauté Luhya, dans l'ouest du Kenya, comme les Maragoli, vénèrent le "mukumu" ou figuier.

Traditionnellement, ses larges branches touffues sont utilisées comme salle d'audience où étaient jugées les affaires de la cité et tranchées par les anciens.

Les figuiers sont également utilisés comme points de repère dans certaines parties du pays comme le Maragoliland.

Signe de transfert du pouvoir
Pour le peuple Kikuyu du centre du Kenya, l'ethnie la plus peuplée du pays, le figuier appelé "mugumo" a traditionnellement été un sanctuaire, un lieu de culte et de sacrifices. Les Kikuyus ne permettent pas qu'un figuier soit coupé, car ils estiment qu'un tel acte pourrait être désastreux.

Lorsqu'un figuier se flétrit ou tombe par terre naturellement, les Kikuyu y voient un mauvais présage ou un signal de transfert de pouvoir d'un groupe d'âge ou d'une génération à l'autre. Chaque génération règne pendant environ 30 ans.

Le journaliste de la BBC qui fait remarquer que le président Uhuru Kenyatta, qui est lui-même Kikuyu, dit ne pas être sûr qu'il ait eu envie de porter le fardeau culturel et spirituel d'un mugumo mort.

Tandis que les écologistes faisaient campagne pour arrêter la destruction de l'arbre, les traditionalistes kikuyus observaient avec colère et en signe de protection se tenaient debout devant le figuier.

Ils considèrent la destruction de l'arbre comme une destruction de leur culture.

Ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement obstiné est arrêté dans sa course par la nature alors qu'il tente d'éroder l'environnement.

À la fin des années 1980, le parti au pouvoir à l'époque - l'Union nationale africaine du Kenya - a élaboré un grand projet de construction d'un énorme gratte-ciel qui servirait de siège au milieu du célèbre parc Uhuru de Nairobi.

Avec ses 60 étages, le Times Media Complex, avec ses bureaux, ses centres commerciaux et son parking pour des centaines de voitures, allait être le plus haut bâtiment de la région de l'Afrique de l'Est.

Des écologistes, menés par le professeur Wangari Maathai, lauréate du prix Nobel de la paix, ont lancé une campagne pour lutter contre le bâtiment et sauver le parc.

Finalement, Daniel Arap Moi, qui était alors président, a écouté à contrecœur les protestations et le parc Uhuru et ses arbres ont pu être sauvé.

Sans fanfare, le gratte-ciel a été démoli et aujourd'hui, de nombreux habitants de Nairobi disposent encore d'un espace vert serein pour les sorties en famille et les pique-niques.

Le figuier Waiyaki Way peut lui aussi respirer, car il a également été épargné.

Cette fois encore sous la pression des populations et des activistes le chef de l'Etat Kenyan a accordé une "grâce" au figuier géant vieux de plusieurs siècles.

Personne ne sait exactement pourquoi le président a changé l'avis du gouvernement et a publié un décret pour épargner le figuier.

Il l'a simplement décrit comme un "phare de l'héritage culturel et écologique du Kenya".

En effet, l'arbre a une énorme signification culturelle et religieuse pour les communautés de langue bantoue.

BBC

Lundi 30 Novembre 2020 - 15:28


div id="taboola-below-article-thumbnails">

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter