Excellence Monsieur le Président,
Avec le jeu obscur découlant de votre refus de vous prononcer à propos de votre éventuelle candidature pour un 3e mandat, vous installez le pays dans une tension permanente.
Il me semble que vous privilégiez, en ces temps, votre posture de chef de parti et de coalition à la place de celle, constitutionnelle, de garant de l'unité nationale.
Vous laissez l'impression de vous soucier plus des luttes de positionnement au sein de votre parti et probablement de la liberté d’actions que retrouveraient vos alliés qui, à l'origine, à l'image de feu O. Tanor Dieng, s'étaient engagés à vous accompagner jusqu'au terme de vos mandats légaux en février 2024, en dépit des soubresauts ayant porté atteinte à la cohésion au sein du parti socialiste.
Au reste, qu’est-ce qui justifierait le mutisme de vos alliés ? Y’aurait-il un accord caché au Peuple sénégalais au moment où vous formiez la coalition Benno Bokk Yakaar et que vous sollicitiez les suffrages des citoyens ?
Le flou entretenu sur votre mandat a bien un impact négatif sur l'image de notre modèle démocratique et la préservation de la stabilité et la paix sociale quand bien même vous préconiseriez de mettre tout le monde, y compris vos propres alliés, devant le fait accompli.
Vous en avez la parfaite certitude par l'annonce, depuis deux mois, de la nécessité d'un dialogue au nom de la préservation de la stabilité sociale...
Excellence, nous sommes au regret de constater que lorsque la stabilité du pays et la cohésion sociale sont menacées, l'État se tait ! Or lorsque des particuliers sont supposés agressés, il déroule sa redoutable machine.
Au surplus, il y a lieu de souligner que malgré votre appel réitéré, le dialogue tarde à prendre forme au point que nous soyons dans l'obligation de supposer qu'il s'inscrit dans une logique de manœuvre...
Nos inquiétudes et suspicions seraient fondées par le timing : vider les contentieux politico-juridiques puis démarrer les concertations.
A propos de celles-ci, la cohérence voudrait qu'on procède à la poursuite des travaux du dialogue national que vous aviez initié au lendemain de l'élection présidentielle de 2019 et suspendu depuis l'avènement de la pandémie COVID 19.
En outre, il nous est arrivé d'affirmer avec insistance la nécessité de s'entendre sur les règles du jeu.
Sous ce rapport, la cohérence appelle, pour notre part, que les concertations soient centrées sur les conditions de préparation et de participation à la prochaine présidentielle.
En premier lieu, il s'agira d'évaluer le niveau d'application des accords significatifs auxquels est parvenue la commission cellulaire du dialogue politique sur les réformes du système partisan, le statut de l'opposition... Ce nonobstant la revue les conclusions contenues dans les rapports des missions d'audit et d'évaluation du processus électoral ainsi que des recommandations des différentes missions d'observation électorale.
En second lieu, revenir sur les points de désaccord, notamment le parrainage, la caution, la modification des articles L.29 et L.30 du code électoral, l'autorité en charge des élections.
En dernier lieu, recenser et discuter toutes questions nouvelles réalisables à court et moyen terme et, relativement au processus de l'élection présidentielle.
Évidemment, pour le respect des délais indiqués par les impératifs du calendrier électoral et ceux prescrits par le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, il serait judicieux d'écourter, comme vous l’aviez déjà annoncé, la durée des concertations.
Pour y parvenir, il faudra nécessairement mettre en place une commission cellulaire conduite par des personnalités neutres - pourquoi pas reconduire les mêmes selon leur disponibilité - ainsi que des sous-commissions thématiques qui devront présenter leurs conclusions en séance plénière au terme de deux semaines de travaux.
Excellence Monsieur le Président de la république, permettez que nous nous interrogeons sur l'environnement et le contexte assez tendu dans lequel le dialogue devra se dérouler tout comme sur le champ, l’étendue et la finalité des concertations au vu de la séquence qui nous sépare de la prochaine élection présidentielle.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute et distinguée considération.
Dakar, le 25 mai 2023
Ndiaga SYLLA
Avec le jeu obscur découlant de votre refus de vous prononcer à propos de votre éventuelle candidature pour un 3e mandat, vous installez le pays dans une tension permanente.
Il me semble que vous privilégiez, en ces temps, votre posture de chef de parti et de coalition à la place de celle, constitutionnelle, de garant de l'unité nationale.
Vous laissez l'impression de vous soucier plus des luttes de positionnement au sein de votre parti et probablement de la liberté d’actions que retrouveraient vos alliés qui, à l'origine, à l'image de feu O. Tanor Dieng, s'étaient engagés à vous accompagner jusqu'au terme de vos mandats légaux en février 2024, en dépit des soubresauts ayant porté atteinte à la cohésion au sein du parti socialiste.
Au reste, qu’est-ce qui justifierait le mutisme de vos alliés ? Y’aurait-il un accord caché au Peuple sénégalais au moment où vous formiez la coalition Benno Bokk Yakaar et que vous sollicitiez les suffrages des citoyens ?
Le flou entretenu sur votre mandat a bien un impact négatif sur l'image de notre modèle démocratique et la préservation de la stabilité et la paix sociale quand bien même vous préconiseriez de mettre tout le monde, y compris vos propres alliés, devant le fait accompli.
Vous en avez la parfaite certitude par l'annonce, depuis deux mois, de la nécessité d'un dialogue au nom de la préservation de la stabilité sociale...
Excellence, nous sommes au regret de constater que lorsque la stabilité du pays et la cohésion sociale sont menacées, l'État se tait ! Or lorsque des particuliers sont supposés agressés, il déroule sa redoutable machine.
Au surplus, il y a lieu de souligner que malgré votre appel réitéré, le dialogue tarde à prendre forme au point que nous soyons dans l'obligation de supposer qu'il s'inscrit dans une logique de manœuvre...
Nos inquiétudes et suspicions seraient fondées par le timing : vider les contentieux politico-juridiques puis démarrer les concertations.
A propos de celles-ci, la cohérence voudrait qu'on procède à la poursuite des travaux du dialogue national que vous aviez initié au lendemain de l'élection présidentielle de 2019 et suspendu depuis l'avènement de la pandémie COVID 19.
En outre, il nous est arrivé d'affirmer avec insistance la nécessité de s'entendre sur les règles du jeu.
Sous ce rapport, la cohérence appelle, pour notre part, que les concertations soient centrées sur les conditions de préparation et de participation à la prochaine présidentielle.
En premier lieu, il s'agira d'évaluer le niveau d'application des accords significatifs auxquels est parvenue la commission cellulaire du dialogue politique sur les réformes du système partisan, le statut de l'opposition... Ce nonobstant la revue les conclusions contenues dans les rapports des missions d'audit et d'évaluation du processus électoral ainsi que des recommandations des différentes missions d'observation électorale.
En second lieu, revenir sur les points de désaccord, notamment le parrainage, la caution, la modification des articles L.29 et L.30 du code électoral, l'autorité en charge des élections.
En dernier lieu, recenser et discuter toutes questions nouvelles réalisables à court et moyen terme et, relativement au processus de l'élection présidentielle.
Évidemment, pour le respect des délais indiqués par les impératifs du calendrier électoral et ceux prescrits par le Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, il serait judicieux d'écourter, comme vous l’aviez déjà annoncé, la durée des concertations.
Pour y parvenir, il faudra nécessairement mettre en place une commission cellulaire conduite par des personnalités neutres - pourquoi pas reconduire les mêmes selon leur disponibilité - ainsi que des sous-commissions thématiques qui devront présenter leurs conclusions en séance plénière au terme de deux semaines de travaux.
Excellence Monsieur le Président de la république, permettez que nous nous interrogeons sur l'environnement et le contexte assez tendu dans lequel le dialogue devra se dérouler tout comme sur le champ, l’étendue et la finalité des concertations au vu de la séquence qui nous sépare de la prochaine élection présidentielle.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute et distinguée considération.
Dakar, le 25 mai 2023
Ndiaga SYLLA
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