Le processus électoral ira-t-il à son terme ? La question est sur toutes les lèvres à Bissau. Du retour à l’ordre constitutionnel dépendra la reprise de la coopération internationale, interrompue pour l’essentiel depuis le coup d’Etat d’avril 2012. Une coopération vitale pour ce pays exsangue, l’un des plus pauvres du monde.
Le déroulement du vote à proprement parler ne semble pas, pour le moment en tout cas, susciter de véritables polémiques. Quelques accusations ont été portées contre le nouveau fichier électoral, mais elles restent pour l'instant discrètes. Le principal enjeu du vote, c’est finalement l’après-élection. Par le passé, le pays a connu une guerre civile, des assassinats politiques et plusieurs coups d’Etat. En vingt ans, pas un seul président ou chef de gouvernement n’a pu terminer son mandat.
Pour Gilles Yabi, spécialiste des questions politiques et sécuritaires en Afrique de l’Ouest, la gageure n’est d'ailleurs pas forcément de doter le pays d'un président démocratiquement élu, mais de lui garantir de bonnes chances de survie - physique et politique - jusqu'à la fin de son mandat, surtout si l'idée lui venait de toucher aux intérêts des chefs militaires. Car à Bissau, les habitants osent à peine espérer la fin définitive des violences politiques.
Qui sont les candidats en lice ?
Après s’être longtemps déchiré, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) a finalement choisi José Mario Vaz comme candidat à la présidentielle. Cet ancien ministre des Finances, que l’on surnomme « Jomav », compte sur la puissante machine électorale du PAIGC pour s’imposer. Mais la belle unité affichée à la fin du congrès se traduira-t-elle dans les urnes ?
Pour détrôner le vieux parti qui domine la vie politique depuis 40 ans, Abel Incada porte les couleurs du Parti pour le renouveau social (PRS). Vice-président de la Chambre de commerce, c’est un homme neuf en politique. Mais il n’avait pas obtenu le soutien de Kumba Yala. L’ancien président, qui vient de décéder en pleine campagne électorale, et dont on connaissait l’influence, s’était engagé pour un autre candidat : l’indépendant Nuno Nabiam, un ingénieur de l'aviation civile.
Troisième candidat à la présidentielle : Domingos Quadé, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats. Yaya Djalo du PND et le colonel à la retraite Afonso Té espèrent également faire bonne figure. Tout comme Paulo Gomes, ancien directeur de la section Afrique subsaharienne à la Banque mondiale. C'est une première candidature pour cet homme qui a passé une décennie hors de son pays. Un personnage au profil différent, qui souhaiterait volontiers faire la différence.
Des élections qui apportent l’espoir
Dans un pays miné par la violence politico-militaire et le trafic de drogue, le vote de dimanche est censé ramener la stabilité deux ans après un énième coup d'Etat. Pour de nombreux Bissau-Guinéens, c'est un soleil nouveau qui pointe à l'horizon, après le vote ce dimanche. Dans le quartier de Cupilum, un quartier populaire proche du centre de Bissau, un groupe de jeunes résume ce sentiment. Assis autour d'un verre de vin de cajou, la boisson favorite des Bissau-guinéens en cette période de l'année, ils ont promis de voter « massivement, pour tourner la page sombre des coups d'Etat ». Treize candidats se présentent pour la présidentielle et ceux de quinze partis pour les législatives. « Tous les candidats que nous avons rencontrés aspirent à vivre dans un pays nouveau », a indiqué un haut responsable de la Cédéao au sortir d'un entretien avec la classe politique.
Source : Rfi.fr
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