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Chronique: Les non dits d’un lapsus révélateur



Chronique: Les non dits d’un lapsus révélateur
S’il y a quelqu’un qui doit indisposer les libéraux en ce moment, c’est bien le ministre conseiller du Président de la République chargé des affaires politiques, Serigne Mbacké Ndiaye. Depuis sa nomination à ce poste, le monsieur est devenu très bavard. Un peu trop peut-être. C’est l’un des derniers venus, mais il a réussi la prouesse d’entrer dans les bonnes grâces de Me Wade au point de devenir son éminence grise en matière de politique. Du coup l’homme est devenu un phénomène médiatique qui tient le haut du pavé, et qui explique mieux la politique libérale que les libéraux eux même. Militant de la 25ème heure, il est parvenu à convaincre le président de le choisir comme émissaire auprès de l’opposition en vue du dialogue politique, on connait les résultats.

A l’entendre parler aujourd’hui, on oublie même que Serigne Mbacké Ndiaye fut un opposant irréductible à Wade, avec le G10 et le Pr et fut parmi les concepteurs de l’Initiative pour la démission de Wade, IDEWA. C’est également lui qui s’était porté volontaire pour tenter un rapprochement entre le pouvoir et l’opposition, lors de la première tentative de dialogue en 2005. Le dialogue n’a pas eu lieu, mais Serigne Mbacké Ndiaye et son patron (ignore s’il est toujours d’ailleurs) Abdourahim Agne ont rejoint la mouvance présidentielle. On entendra encore parler de Serigne Mbacké Ndiaye à l’occasion de sa nomination comme Président du conseil d’administration de la Caisse nationale du crédit agricole.

Dans la foulée de cette promotion, il lance le Collectif des Pca libéraux, pour mieux soutenir l’action du président de la République, mais surtout pour trouver une occupation puisqu’on sait qu’à ce poste, surtout quand il s’agit d’une nomination politique, on ne fait que se tourner les pouces. Cela lui a été bénéfique, dans la mesure où il s’est retrouvé ministre conseiller du président de la République chargé des affaires politiques. Un poste pour lequel, on n’a vraiment pas besoin d’un cv consistant mais plutôt d’un talent certain de manœuvrier.

Toutefois, on aurait vraiment tort de prendre la dernière sortie fracassante de Serigne Mbacké Ndiaye pour du simple activisme, ni pour un lapsus encore moins pour un écart de langage dans le feu de l’action. A ce niveau de responsabilité, les lapsus ne sont pas seulement révélateurs, mais aussi volontaires et les écarts de langage bien calculés. Et venant de Serigne Mbacké Ndiaye, il ne s’agit que d’une déclaration à l’emporte pièce. Comme le petit maure, ce qu’il a dit, il a certainement dû l’entendre quelque part. C’est un avertissement et un message qu’il était chargé de délivrer à ses camarades pour les inciter à s’impliquer davantage pour la réélection de Me Abdoulaye Wade à la prochaine présidentielle. Et éviter la prison, c’est à coup sûr une très grande motivation.

Ce qui est gênant dans cette affaire, ce n’est pas tant ce que Serigne Mbacké Ndiaye a dit, mais cette impression qu’on a qu’il a raison. Autrement, comment peut-on expliquer le silence des libéraux, principaux accusés, face aux propos du ministre conseiller. Personne ne l’a démenti, et surtout personne ne s’en est offusqué. Il s’en est même trouvé certains qui tentent de mieux expliquer le sens de la déclaration de Serigne Mbacké Ndiaye, comme si on éprouvait de la gêne à aborder le sujet. Mais bon rassurons nous, ce n’est pas la première, ni la dernière des inepties qu’il nous ait été donné d’entendre depuis 2000. Encore moins la pire. Tout de même, il s’agit d’une déclaration gravissime dont l’auteur aurait quand même pu être invité à s’expliquer. Pour qu’on comprenne mieux pourquoi il y a des gens qui risquent la prison en cas de défaite de Me Wade en 2012 ? Qui sont ces gens ? Et qu’ont-ils fait ? En tout cas, il a intérêt à dire toutes les prières qu’il connait pour faire réélire Me Wade. Sinon il pourrait bien être le premier à faire face à un juge pour lui désigner les coupables.

Et puisqu’ils sont apparemment tous en sursis, on n’ose pas imaginer jusqu’où ils sont prêts à aller pour ne pas perdre la prochaine élection présidentielle.
Samba Dialimpa BADJI
Rédacteur en Chef
Océan FM
www.oceanfm.sn

Samba Jalimpa Badji

Jeudi 26 Novembre 2009 - 09:41


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