Connectez-vous S'inscrire
PRESSAFRIK.COM , L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité)

Corée du Sud: le déménagement de la résidence présidentielle fait des vagues

Le nouveau président sud-coréen fait des vagues avant même son entrée en fonction. Yoon Suk-yeol souhaite organiser le déménagement de la résidence présidentielle qui accueille tous les chefs d’État du pays depuis la création de la république de Corée en 1948. Mais ce projet ne se déroule pas sans accroc. Entre le coût jugé faramineux, les accusations de chamanisme et le conflit ouvert avec l’actuel président démocrate, ce déménagement défraie la chronique.



Le nouveau président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, affiche une volonté de déménager les bureaux de la présidence, car il estime que la résidence actuelle est un « symbole de l’impérialisme ». Elle représente un pouvoir très fort et éloigné du peuple. C’est vrai que d’un point de vue géographique Cheongwadae, soit la Maison Bleue comme elle est surnommée (traduction littérale : la Maison aux tuiles bleues), se situe sur une montagne au-dessus du centre de la ville. Son style architectural est lui aussi très traditionnel.
 
Enfin Yoon estime qu’en ces temps incertains où la Corée du Nord poursuit ses essais avec un nouveau missile intercontinental dévoilé ce jeudi, la Maison Bleue n’est pas conçue pour garantir sa sécurité. Il a donc dévoilé un projet de déménagement au sein de l’actuel ministère de la Défense. Yoon a donc tenu une conférence de presse plus tôt cette semaine afin d’expliquer à quel point les lieux étaient appropriés pour l’accueillir. Mais il a malencontreusement révélé où se trouvait plusieurs installations classées secrets défense. Une gaffe malvenue alors que le projet est très controversé.
 
Un déménagement mal accueilli
La population accueille ce déménagement assez mal. Les enquêtes d’opinion montrent qu’entre 53 et 58% des Sud-coréens seraient opposés à l’idée, mais Yoon semble s’en moquer car le projet reste populaire chez ses partisans. Ce qui pose un problème tout d’abord, c’est son coût. Le camp conservateur estime qu’il serait de 40 millions de dollars, 820 millions, estiment les démocrates opposés au déménagement.
 
Cette installation est aussi compliquée par le fait qu’il faut trouver de nouveaux locaux aux fonctionnaires du ministère de la Défense. Autant de difficultés qui renforcent les théories des détracteurs du projet qui affirment que Yoon veut déménager car la Maison Bleue manque de feng-shui, cette croyance chinoise supposée favoriser le bien-être. Une théorie qui fait écho aux nombreuses rumeurs autour de ses croyances chamaniques. Durant la campagne, ses liens supposés avec des chamanes avaient fait les gros titres de la presse.
 
L’un d’entre eux lui aurait avisé de déménager lors de son arrivée au pouvoir, car la Maison Bleue était synonyme de mauvaise fortune pour ceux qui y résidaient. Une thèse renforcée dans l’imaginaire collectif par le fait qu’une grande partie des présidents sud-coréens se sont retrouvés en prison à la fin de leur mandat pour des scandales de corruption.
 
Pas de certitude que le projet aboutisse
Il n’est pas sûr que ce projet aboutisse. Moon Jae-in, l’actuel locataire de la résidence présidentielle, fait de la résistance. Il a exprimé son inquiétude en jugeant que c’était un risque pour le pays, qualifiant même le déménagement de déraisonnable. La rupture entre les deux hommes est d’ailleurs assez claire. Contrairement à la tradition politique coréenne, ils ne se sont toujours pas rencontrés depuis l’élection, notamment car Yoon pose certaines conditions.
 
Et sans l’accord de Moon Jae-in ,difficile d’imaginer que lors de l’inauguration du nouveau président le 10 mai prochain, ses nouveaux bureaux soient installés. Alors, il devra se résoudre à commencer son mandat dans une résidence temporaire. Cet affrontement interroge car Yoon devra composer avec l’opposition démocrate, qui contrôle le Parlement au moins jusqu’aux prochaines législatives en 2024.
 
Autant de raisons d’imaginer un début de quinquennat agité pour le nouveau dirigeant sud-coréen.

RFI

Dimanche 27 Mars 2022 - 09:41


div id="taboola-below-article-thumbnails">

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter