Ce qui ressort depuis quelques semaines, c’est l’improvisation de ce processus d’audiences publiques. Son ouverture a été mainte fois repoussée et beaucoup d’ONG partenaires n’ont pas été informées de son lancement ce lundi.
Les journalistes tenus à l’écart
Ces audiences seront filmées, mais pas par des journalistes. La CDVR a sa propre équipe média qui remettra un montage vidéo tous les jours à la RTI, la télévision nationale. Un journaliste espère avoir accès à la salle, mais ce n’est pas garanti, car moins de 80 personnes peuvent tenir dans l’assistance.
Ces audiences ne sont pas vraiment publiques et beaucoup déplorent le manque de transparence de ce processus sur le papier, comme chez les experts en justice transitionnelle qui citent d’autres expériences sur le continent africain. Au Togo par exemple, les journalistes accrédités pouvaient filmer. Tout était retransmis sur des écrans pour ceux qui ne pouvaient pas entrer dans la salle, sauf bien sûr pour les cas où les victimes demandaient un huis clos dans le cas de violences sexuelles notamment.
Critiques des commissions locales
Des commissaires de commissions locales – il y en a 37 au total - regrettent aussi que tout se fasse à Abidjan. Beaucoup soulignent l’importance pour les victimes de pouvoir s’exprimer face à des gens de leur région, victimes comme bourreaux. Ils assurent être en mesure d’organiser de telles sessions avec des cas représentatifs, même si la protection des victimes peut devenir rapidement problématique. Si cette solution d’organiser des audiences localement a bien été au programme de la CDVR il y a plus d’un mois, elle ne l’est apparemment plus aujourd’hui.
Une trentaine de personnes seulement ont été sélectionnées par la Commission. Toutes les victimes ne vont donc pas pouvoir s’exprimer. Au total pendant ces deux mois que vont durer ces audiences, il est prévu que seule une centaine de personnes sont entendues publiquement alors que 64 000 personnes ont été auditionnées par les commissions locales entre mai et août 2014. Toutes ont été enregistrées dans une base de données qui permettra à ces victimes d’obtenir réparation. Il est aussi question que les commissaires de la CDVR fassent des suggestions de sanctions pénales.
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