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Election sur mesure pour Sassou-Nguesso



Denis Sassou Nguesso et sa femme Antoinette en campagne le 10 juillet 2009 à Brazzavile. (© AFP Guy Gervais Kitina)
Denis Sassou Nguesso et sa femme Antoinette en campagne le 10 juillet 2009 à Brazzavile. (© AFP Guy Gervais Kitina)
Il a l’air plutôt content de lui. Le visage hilare du président congolais Denis Sassou-Nguesso qui brigue un nouveau septennat dimanche est omniprésent dans Brazzaville, la capitale de ce pays d’Afrique centrale, depuis le début de la campagne électorale, fin juin. Sur des banderoles et des affiches géantes, d’innombrables tee-shirts, des pagnes, des téléphones portables, des véhicules 4 x 4 rutilants, des blocs-notes, des sacs plastiques : il est partout. Avec des slogans réjouissants comme on n’en fait plus : votons pour «l’homme de cœur»,«le bâtisseur infatigable» !

Force. Pour ses partisans, pas de doute : il sera réélu dès le premier tour de l’élection de dimanche. «Il nous a ramené la paix, il faut le remercier en votant pour lui», explique un de ses supporteurs. C’est pourtant par la force que "DSN" est arrivé au pouvoir en 1979 puis y est revenu en 1997, après avoir perdu la présidentielle de 1992 face à Pascal Lissouba. A Brazzaville, des immeubles portent encore les traces des trois guerres qui ont ravagé le pays au cours des années 90. La débauche de moyens de la campagne électorale du président sortant n’a pas séduit tout le monde, loin de là.

«C’est de l’humiliation dans un pays où les gens ont faim», critique, amer, un prof d’université. Bien que le Congo, qui compte 3,6 millions d’habitants, soit le quatrième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, 70 % de ses habitants continuent de vivre avec moins d’un euro par jour. A Brazzaville, les routes sont défoncées, l’électricité et l’eau manquent dans la plupart des quartiers. Malgré les promesses du président Sassou-Nguesso d’améliorer la gestion des revenus pétroliers ces dernières années, la «gabegie» continue, explique Guy Romain Kinfoussia, un candidat de l’opposition.

Tripatouillages. Face à la machine Sassou, les douze autres candidats ne pèseront pas lourd dimanche. D’abord parce qu’ils ont peu de moyens, ensuite parce qu’ils ne représentent pas vraiment le changement attendu par beaucoup de Congolais. «La moitié d’entre eux sont d’anciens hauts commis de l’Etat, et les autres n’ont pas d’expérience de gestion», souligne un cadre congolais de la Banque mondiale à Brazzaville.

Les choix économiques du président sortant sont certes «mauvais», mais sur le plan politique, il est encore «incontournable», relève-t-il. A plusieurs reprises, certains candidats de l’opposition ont demandé en vain un report de l’élection en dénonçant les tripatouillages des listes électorales. Cartes d’électeurs distribuées à des mineurs, d’autres établies au nom de personnes décédées : les dysfonctionnements, déjà relevés en 2002, notamment par l’Union européenne, sont nombreux. Le représentant de l’UE au Congo, Miguel Amado, confie : «J’espère avoir une explication sur la méthodologie qu’on a utilisée pour arriver au chiffre de 2,2 millions d’électeurs. Je n’ai pas eu de réponse claire jusqu’à présent.»

«N’allez pas au vote, restez chez vous», ont demandé à leurs militants plusieurs candidats de l’opposition vendredi lors de leur dernier meeting, espérant que le taux d’abstention permettra d’annuler le scrutin. Encore faut-il qu’il soit correctement comptabilisé et enregistré. De crainte que des violences n’éclatent à l’issue du vote, comme en 1992 et 1997, de nombreux Brazzavillois ont préféré quitter la ville au cours des dernières semaines pour se mettre à l’abri en province.
Source: Libération

Libération

Dimanche 12 Juillet 2009 - 11:53


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