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Gérer l’afflux de migrants: enjeu des enclaves de Ceuta et Melilla

Comment faire face à un afflux de plus en plus important de migrants africains ? Et comment les empêcher de passer la frontière ? Telles sont les questions clefs d’un sommet bilatéral réunissant, ce jeudi 27 mars 2014, les gouverneurs de Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles sur la côte méditerranéenne du Maroc.



La Guardia civil monte la garde à la frontière de Ceuta.
La Guardia civil monte la garde à la frontière de Ceuta.

Les deux enclaves, séparées du Maroc par des frontières grillagées censées faire barrage à l'immigration clandestine venue d'Afrique subsaharienne et du Maghreb, sont confrontées ces dernières semaines à de nouvelles arrivées massives de migrants, sans précédent depuis 2005. Plus d'un millier d'immigrants subsahariens ont franchi depuis un mois la frontière entre le Maroc et Melilla en escaladant son triple grillage. Alors comment font-ils pour franchir le grillage strié de barbelées, surveillé par les gardes espagnols ? Et pourquoi un tel acharnement, malgré des risques graves de blessures ou de mort ?

Les clandestins s’organisent de plus en plus, et se lancent à l’assaut des clôtures en grand nombre. Le 18 mars, cinq cents ont ainsi réussi à passer à Melilla. Les gardes sont tout simplement débordés et ne parviennent pas à refouler tout le monde. Serge, un Camerounais, a réussi à entrer clandestinement à Ceuta il y a deux mois, après plusieurs tentatives avortées. Il raconte comment les clandestins sont partis en bus de plusieurs villes du Maroc en direction de la frontière, trois jours avant l’assaut. Les policiers marocains étaient prévenus de leur arrivée et les ont battus. Ceux qui ont pu ont escaladé le grillage. Trois cents ont essayé de franchir les clôtures ce jour-là et quatre-vingt-onze y sont parvenus. Depuis, Serge est hébergé dans le centre d’accueil gouvernemental de Ceuta. De là, il espère un jour pouvoir partir pour Barcelone, puis l’Allemagne ou la France.

Une question de vie ou de mort

D’autres n’ont pas cette chance. Gabriel, un autre Camerounais, essaie depuis trois ans de rejoindre Ceuta ou Melilla depuis le Maroc. Il raconte avoir tout essayé. Il a failli se noyer en cherchant à passer à Ceuta à la nage. Et il a essayé à plusieurs reprises d’escalader les clôtures aux frontières des deux enclaves. Sans succès. Il a vu des camarades se blesser sur les barbelés, il en a vu d’autres mourir. Il décrit le grillage comme une clôture à éléphants tellement il y a de barbelés. Gabriel raconte que les Africains qui meurent sur les clôtures -ou qui sont battus par les policiers- sont bien plus nombreux que ceux qui parviennent à passer en Espagne. « Tout ça, c’est une question de vie ou de mort », dit-il, ajoutant qu’il continuera quand même à essayer de passer la frontière.

à (re)lire : Immigration au Maroc: le cri d’alarme des ONG

Mamadou, un Guinéen, ne veut pas prendre le risque. Pour lui, c’est bien trop dangereux. « Je n’ai jamais participé aux attaques massives, ça ne me plaît pas, parce qu’il y a trop de risques, trop de dégâts », dit-il. « J’ai vu beaucoup de mes amis avec des bras cassés, des pieds cassés, ou alors ils ont perdu un œil ou les deux yeux, ou un membre, donc je préfère utiliser la Méditerranée ». Mamadou a donc payé un passeur à plusieurs reprises pour traverser la Méditerranée en zodiac. Mais à chaque fois, il a été refoulé.

L’enfant ne peut pas rentrer les mains vides

Malgré les risques, tous, ou presque, disent la même chose : qu’ils doivent passer en Europe, et qu’ils continueront à essayer. Quelques Africains ont pu être régularisés au Maroc, où ils ont décidé de s’installer, mais la plupart veulent rejoindre l’Europe. Selon Mamadou « l’Europe n’est pas le paradis », mais on peut y gagner de l’argent.

Beaucoup disent avoir besoin de gagner de l’argent pour pouvoir aider leurs familles restées au pays. Hors question, sinon, de rentrer au pays. « La famille est heureuse de te voir quand tu viens avec un ameublement ou un autre confort », dit Serge, « les gens qui sont au Maroc ne peuvent pas faire marche arrière parce qu’ils n’ont rien. Il y a des parents qui s’endettent, qui vendent leur maison pour que leurs enfants puissent partir en Europe, donc l’enfant ne peut pas rentrer les mains vides ». Et c’est là une motivation très forte pour les clandestins du Maroc de poursuivre la route vers l’Europe.

Source : Rfi.fr
 


Dépêche

Jeudi 27 Mars 2014 - 08:46


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