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Participation des Guinéens refoulés aux manifestations: l'ambassade de la Guinée dément la ministre Aîssata Tall Sall



Participation des Guinéens refoulés aux manifestations: l'ambassade de la Guinée dément la ministre Aîssata Tall Sall
Mercredi 14 juin 2023 au terminus de la Ligne 61 du bus qui se trouve sur la route de Ouakam. A quelques mètres de cet arrêt, un homme habillé en Lacoste bleu, le revers marqué "Sécurité" presse le pas. Il sert de guide à votre serviteur pour trouver l'emplacement exact de l'Ambassade de Guinée à Dakar, jusqu'à ce qu'il doit interpellé sur la question des Guinéens expulsés par les autorités sénégalaises. Il coupe toute collaboration avant de nous envoyer balader. C'est un autre individu, trouvé au niveau du rond-point de la Pharmacie de Mamelles qui nous indique le consulat de son index.
 
Un monde fou à l'ambassade de la Guinée au Sénégal pour des régularisations 

Sur les lieux, c'est un monde fou qui nous accueille. Tous ont presque en commun ces objets en main: enveloppe kaki, photo d'identité et chemisiers de documents. La prise de photo est prohibée par le public. « Madame, SVP pas de photos », lance un jeune, la trentaine bien sonnée, assis sur sa moto, garée juste devant la barrière mise devant l'ambassade.
 
Lui comme tout autre Guinéen patiente devant le consulat pour une carte consulaire. Depuis le refoulement de leurs 79 compatriotes, l'ambassade grouille de monde. Dans ce consul, l'ambiance est électrique. Tout le monde veut se régulariser.

Assis sur un tabouret, le sexagénaire, lunettes de soleil bien vissées au visage, a séjourné à Dakar, plus précisément à Ngor pendant six bonnes années. D'un air renfrogné, ce père de famille souhaite régulariser sa fille qui a quitté récemment la Guinée. « Oui, avec ces rafles opérées ces temps-ci à Dakar, il faut que je cherche un papier pour ma fille », renseigne ce vieux qui ne veut pas décliner son identité, dit-il, pour ne pas se faire reconnaître.
 
Non loin de là, on retrouve M. Ba. Le visage crispé. On peut lire de visu la désolation qui anime ce vendeur de fruit. Venu de la banlieue dakaroise, notre interlocuteur est depuis 4 heures du matin sur les lieux. Mais peine à avoir un ticket. « Il (le Consulat) sert 500 tickets par jour. Et là, on vient de me signaler que les tickets sont finis. Et pourtant depuis 4 h, je suis ici », fera-t-il remarquer.
 
Une femme avec son bébé sur le dos sort du bâtiment. Interpellée sur sa présence sur ces lieux, madame se barricade. « Pourquoi vous êtes venus vous adresser à moi directement », questionne-t-elle. A la suite d’une discussion de quelques minutes, elle se détend. Elle et ses compatriotes sont convaincues et sont plus en confiance pour des confidences.
 
« On m'a vendu des papiers pas conformes. Aujourd'hui comme des opérations de sécurisation s'opèrent de manière intense, je suis venue me régulariser ». Sa compatriote lança dans la foulée « madame, on ne peut pas repartir en Guinée. Là-bas, notre sécurité n'est pas assurée. Et depuis des années nous vivons au Sénégal. C'est ici notre pays », confie-t-elle au bord des larmes. « SVP, aidez-nous à rester », nous supplie cette mère de trois enfants.
 
Nos compatriotes guinéens renvoyés dans leur pays d'origine n'ont pas participé aux manifestations du mois de juin 

 

Samedi 10 juin 2023, la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, Aïssata Tall Sall avait annoncé l'expulsion de 79 Guinéens, selon elle, « arrêtés lors des violentes manifestations nées de la condamnation de Ousmane Sonko à 2 ans de prison ferme". La diplomate est allée même jusqu'à dire que « c’est une question d’individu et de responsabilité pénale individuelle ».

Alors qu'est-ce qu'il en est vraiment de cette affaire. PressAfrik est entré en contact avec l'une des familles refoulées. Celle-ci réside à Ouakam. M. Ba confie que « sa femme ainsi que son fils de deux ans ont été interpellés dans son lieu de travail avec sa carte d'identité. Mais la gendarmerie a exigé une carte consulaire ».

Du côté de l'ambassade de la Guinée au Sénégal, Ibrahima Diallo, le chargé des relations extérieures a abondé dans le même sens que son compatriote s'agissant du motif évoqué par la ministre des Affaires étrangères sénégalaises.

Au bout du fil de PressAfrik, monsieur Diallo renseigne que ces compatriotes n'ont pas été arrêtés pour troubles à l'ordre public, encore moins participation à une manifestation interdite. Mais plutôt lors des patrouilles de sécurité régulière.

« Vous savez, c'est une situation assez complexe et compliquée. Et l'Etat (Sénégal) a le droit et le devoir de sécuriser son pays. Donc quand il y a ces genres d'événements (comme celui de ce mois de juin) avant d'y voir clair, on prend des mesures conservatoires. Et c'est ce qui a été fait. Mais en réalité, nos parents guinéens, qui ont été arrêtés, n'ont pas participé aux manifestations ou troubler l'ordre public », a fait savoir le chargé des relations extérieures de l'ambassade de la Guinée au Sénégal.

D'ailleurs, il précise que c'est pendant « des opérations de sécurisation qui ont eu une semaine après les manifestations de juin, qu'ils (les Guinéens) ont été arrêtés. Après vérification même, il y 'avait pas que les Guinées, d'autres nationalités y figuraient. La raison : à cause des cartes consulaires. »

Le président du Conseil des Guinéens Oury Diallo, a cependant invité ses compatriotes à se « procurer de la carte consulaire afin de faciliter leur identification et d'éviter tout malentendu avec les autorités sénégalaises. »
La communauté ivoirienne informe ses compatriotes des rafles de nuit par les forces de sécurité sénégalaises

Le 15 juin 2023, l'ambassade de République de Côte d'Ivoire a sorti une note d'information informant  sa communauté résidant au Sénégal que depuis les événements des 1er et 2 juin, les forces de sécurité sénégalaises opèrent des rafles de nuit.

Par conséquent, la communauté ivoirienne est priée de bien vouloir « s'abstenir de les sorties nocturnes et invitée à s'acquérir de la carte consulaire ivoirienne. »


Fana CiSSE

Jeudi 22 Juin 2023 - 15:59


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