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RDC: Ebola, une lutte de chaque instant

La République démocratique du Congo se bat contre une épidémie de fièvre Ebola depuis près de deux mois. Les chiffres officiels font état de 42 morts dans la province de l'Equateur. Et dans les zones reculées, les habitants doivent s'habituer au dispositif de prévention, c'est-à-dire des mesures de quarantaine, parfois, et des règles strictes pour les enterrements.



Deux hommes, bottes blanches et uniforme jaune intégral, aspergent d’eau chlorée l’entrée d’une maison. A l’intérieur, une petite fille de 4 ans est morte dans la nuit. Rien ne permet de dire encore s’il s’agit d’Ebola. Mais à un kilomètre de l’épicentre de l’épidémie, il ne faut prendre aucun risque, comme l’explique Eric Kanumay, psychologue pour Médecins sans frontières : « Dans ce contexte, dit-il, rien n’affirme que l’enfant est atteinte de cette maladie, mais le principe est préventif. C’est pourquoi notre personnel est venu avec les tenues spéciales pour faire un enterrement sécurisé. »

Enterrement sécurisé

En clair, le corps est entièrement désinfecté et placé dans un sac plastique hermétique, avant d’être enterré. Un moment traumatisant pour les familles, qu’Eric Kanumay, en tant que psychologue, tente d'aider à surmonter. « Les épidémies ont toujours une répercussion sur le plan émotionnel, qui peut propager une mauvaise compréhension de la maladie. Et cela peut créer des résistances même dans la communauté. »

Ces derniers jours, moins de cas d’Ebola ont été signalés. Peut-être un bon signe. Mais pour le Dr Benoit Kebela Ilunga, représentant du ministère de la Santé, il ne faut surtout pas baisser la garde. « Souvent, ces cas arrivent quand on baisse les bras, prévient-il. On se dit qu’on a contrôlé la maladie, et c’est là qu’on voit une vague de cas qui arrivent. C’est la période la plus critique. Pendant ce mois d’octobre, nos équipes ont travaillé dur. »

Travailler dur pour continuer de suivre toutes les personnes entrées en contact avec des patients Ebola. Une tâche extrêmement difficile, alors que ces personnes se répartissent sur 17 localités éparpillées dans la forêt équatoriale et difficiles d’accès.

Les souffrances de la quarantaine

Dans la province de l’Equateur, la lutte contre l’épidémie s’organise. Mais les petits villages enclavés dans la forêt équatoriale sont traumatisés par cette épidémie encore inconnue il y a peu dans la zone. Exemple dans le hameau d’Ituku, à seulement 7 kilomètres de Lokolia, épicentre de l’épidémie, mais à plus d’une demi-heure de moto sur un petit chemin de terre, en pleine forêt. La population s'y trouve durement touchée par les conséquences de l’épidémie et par les mesures de quarantaine.

Dans ce village, le dernier mort d’Ebola date du 9 septembre, mais le traumatisme causé par l’épidémie est intact. Honorine a perdu son mari. « Bien sûr, nous avons peur de cette maladie,dit-elle. D’ailleurs, tous les habits que nous avions achetés, nous les avons brûlés. On a perdu beaucoup des nôtres à cause de cette maladie d’Ebola. »

Sur les six cas confirmés dans ce village d’une soixantaine d’habitants, trois ont pu être sauvés, mais d’autres sont morts. Le village est marqué, car l’épidémie cause aussi d’autres problèmes avec l’interdiction de se rendre en ville, comme l’explique Médard, pasteur. « Nous sommes inquiets, dit-il, parce que nous sommes en quarantaine. Nous ne mangeons pas bien. Nous ne sommes pas des riverains. Ici chez nous, nous consommons de la viande animale. Nous sommes obligés de ne plus en manger. Pas de sortie non plus ; une fois arrivés à Bwende, pas de savon, pas de sel à consommer…. Donc, nous sommes vraiment étouffés. »

Aide parcimonieuse

Dépendant de la chasse pour se nourrir, les villageois demandent donc de l’aide. Mais selon Alfonse, elle tarde à venir. « Trois aides, trois décès ! Pour les aides, ce ne sont que des petits gobelets de sucre, de riz, des cartons neufs de savons (…) Comment voulez-vous vivres avec ça, avec des enfants, plus la faim ? », s'interroge Alphonse.

Les autorités disent avoir conscience du problème et appellent à la patience. Une livraison de 30 tonnes de vivre du Programme alimentaire mondial (PAM) est attendue, un mois et demi après le début de l’épidémie. Encore faut-il qu’elle ne s’embourbe pas en route.


Rfi.fr

Vendredi 3 Octobre 2014 - 17:13


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