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Au Kenya, l’opposition boycotte le discours de Kenyatta devant le Parlement

Raila Odinga conteste la légitimité du chef de l’Etat qui a officiellement ouvert la nouvelle législature malgré l’annulation de sa réélection.



Au Kenya, l’opposition boycotte le discours de Kenyatta devant le Parlement
Le président kényan sortant, Uhuru Kenyatta, dont la réélection a été invalidée par la Cour suprême, a officiellement ouvert, mardi 12 septembre, la nouvelle législature en s’exprimant devant le Parlement issu des élections du 8 août, tandis que l’opposition a boycotté la séance. « Peu importe que le bruit politique soit plus fort pendant les élections, je veux assurer chaque Kényan, et le monde, que chaque branche de ce gouvernement est en place et opérationnelle. Il n’y a pas de vide, pas de lacune », a déclaré M. Kenyatta.

Le chef de l’exécutif prononce traditionnellement à cette occasion, devant les deux chambres du Parlement, son discours de politique générale qui lui permet de fixer le programme législatif de son gouvernement. Mais en raison de l’annulation du scrutin présidentiel, M. Kenyatta en est resté cette fois-ci à des considérations très générales.

Le 1er septembre, la Cour suprême avait estimé que des « illégalités et irrégularités [avaient] affecté l’intégrité » du scrutin présidentiel à l’issue duquel M. Kenyatta avait été proclamé vainqueur avec 54,27 % des voix, contre 44,74 % à l’opposant Raila Odinga. La Cour avait ordonné qu’une nouvelle élection présidentielle ait lieu. Sa date a été fixée au 17 octobre par la Commission électorale (IEBC).


Les juges de la Cour suprême absents
La Constitution impose normalement au président de convoquer le nouveau Parlement dans les trente jours suivant des élections législatives. Mais l’opposition estime que M. Kenyatta n’a pas la légitimité pour le faire et a donc décidé de boycotter cette cérémonie. Les sept juges de la Cour suprême, qui traditionnellement y assistent, n’étaient pas présents non plus.

 « Même si je suis en désaccord profond avec cette décision [d’annuler le résultat des élections], je l’ai acceptée », a répété M. Kenyatta, qui avait tenu les mêmes propos juste après l’annonce de la Cour. Il avait changé de ton le lendemain, estimant que les juges représentent un « problème [que] nous devons régler ». Faire respecter « la suprématie de la Constitution et de ses institutions […] ne signifie pas que l’on fait toujours ce qu’on veut », a-t-il ajouté mardi, sous les applaudissements polis des parlementaires présents.

Près des deux tiers des 349 parlementaires kényans portent l’étiquette de Jubilee, le parti de M. Kenyatta, ou de partis affiliés.

Le président s’en est également pris à l’opposition, qui avait formulé des accusations de piratage informatique dans le processus de comptage et de transmission des résultats : « Une marque sur un bulletin vaut plus que la technologie, plus qu’un système informatique, a-t-il déclaré. Cette marque est le choix du peuple souverain. Son choix est sacré et ne doit plus jamais être ignoré». 

La Commission électorale dans le viseur d’Odinga
Pendant que M. Kenyatta s’exprimait devant le Parlement, la coalition d’opposition NASA tenait un meeting électoral à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi et l’un de ses bastions. Raila Odinga y a comparé l’ouverture de la nouvelle législature à « une réunion électorale de Jubilee ». « Le Parlement ne peut être ouvert que par un président validement élu. Ce qu’il [M. Kenyatta] n’est pas », a-t-il asséné.
Comme souvent depuis que la Cour suprême a rendu son jugement, M. Odinga a menacé de boycotter l’élection du 17 octobre si certains membres de la Commission électorale ne démissionnaient pas d’ici là. « Nous avons dit que tous les responsables de l’IEBC qui ont participé au trucage [de l’élection] doivent être congédiés avant le 17 octobre. Et nous ne participerons pas à des élections tant que ce ne sera pas fait », a-t-il affirmé.

Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique, M. Odinga a estimé que « les gens ne font plus confiance à la Commission électorale ». « La communauté internationale doit s’impliquer, sinon le pays va glisser vers une grave crise, a-t-il ajouté. Le calendrier n’est pas le problème, nous nous devons de résoudre cette question ».

Le gouvernement a pour sa part exclu tout remaniement en profondeur de l’IEBC.

lemonde.fr

Mercredi 13 Septembre 2017 - 15:19


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