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Burkina Faso: le point sur le coup d'Etat

Un calme précaire régnait cette nuit au Burkina Faso. Après l'annonce officielle, la veille, de la prise de pouvoir par les putschistes du régiment de sécurité présidentiel (RSP), constitués en un Conseil national pour la démocratie. A leur tête, le général Dienderé, ancien chef d'état-major particulier de l'ex-président Compaoré. Depuis, tentatives de mobilisation, couvre-feu, condamnations internationales s'enchaînent alors que l'ex-président Michel Kafando et le chef du gouvernement sont toujours retenus en otage.



La première raison invoquée par le nouvel homme fort pour justifier son coup d'Etat :
les élections programmée le 11 octobre « n'auraient pas été bien organisées ». Alors que l'exécutif burkinabè, dont le président Kafando et son premier ministre, sont toujours détenus par les putschistes. Le président de l'Assemblée de transition, de nombreux partis politiques, la société civile et les syndicats ont appelé à la mobilisation populaire. Mais les militaires du RSP ont jusqu'à présent empêché tout rassemblement dans la capitale.
 
Retrouvez ici les principales déclarations de l'édition spéciale de RFI diffusée ce vendredi 18 septembre :
 
_ Saran Sérémé. Elle se présentait sous les couleurs du Parti pour le développement et le changement (PDC) pour les élections présidentielles prévues le 11 octobre prochain au Burkina Faso. « Il faut se battre pour son bien-être, pour la justice. Le peuple burkinabè est prêt à se défendre coûte que coûte. Nous déplorons cette situation. Nous ne sommes pas prêts à courber l’échine. Vous avez remarquez comment les jeunes sont sortis ? »
 
 
_Emile Kaboré. L'ancien membre fondateur du CDP est actuellement président d’un petit parti allié, le Rassemblement pour un sursaut républicain. Il soutient le coup d’Etat qu'il justifie ainsi : « Nous n'avons eu de cesse de dénoncer la pratique de l’exclusion qui s’est installée au départ et par la suite. » Il fait référence à l’exclusion des candidats du CDP pour l’élection présidentielle d’octobre. Pour lui, le gouvernement de transition a fait une erreur. Il rappelle que la communauté internationale avait stipulé sur la charte que  « les élections devaient être inclusives. »
 
A cela, Saran Saramé lui a alors rétorqué : « L’inclusion ne signifie pas l’impunité. Nous avons des lois, un corpus juridique qui prévoient la gestion de l’Etat. Il faut remplir des conditions. Personne n’est au dessus des lois. »
 
_ Dragoss Ouedraogo. Pour cet anthropologue burkinabè, spécialiste des luttes sociales, interviewé depuis Bordeaux, ce coup d'Etat était prévisible. « Il n’y a pas de surprise. Il y avait des signes avant-coureurs : comme empêcher la tenue des conseils des ministres,- le Premier ministre avait même dû fuir- ou encore les radios de la presse saccagées par le régiment de sécurité présidentiel. » Il ajoute que l'histoire et les antécédents de ce régiment ne pouvaient qu'alerter : « Ce régiment est tristement célèbre. Il est impliqué dans tous les crimes de sang connus du pays. »
 
_ Fadel Barro, du mouvement «Y’en en marre». En ligne de Dakar, il fait part de son exaspération et demande de la fermeté face aux putschistes. Il veut croire et soutenir la résistance du peuple burkinabè : « La société civile s’organise déjà. La jeunesse est en train de s’organiser. Elle n’acceptera pas cette énième forfaiture ».
 
 
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Pour Fadel Barro, le Burkina Faso vit la suite du premier soulèvement d'octobre 2014 : « Nous avons les mêmes marges de manœuvre qu’il y a à peu près un an. Ce régime était déjà là pendant la révolution et le peuple burkinabè avait fait face. J’ai l’impression que c’est une suite. C’est comme s’il avait décidé de poursuivre et sanctionner les manifestations d’octobre dernier. On va continuer la mobilisation, sans armes, on reste non violent. C’est une résistance pacifique. Si on ne le fait pas, tout ce qu’on a fait sera remis en cause. »
 
→ A relire : Burkina Faso, «Y’en a marre » demande de la fermeté face aux putschistes
 
Ces dernières 24 heures, à de multiples reprises, des habitants ont tenté de se rassembler pour dénoncer le coup d'Etat, d'ériger des barricades pour bloquer les patrouilles du RSP. Mais les éléments putschistes ont traqué sans relâche tout contestataire potentiel.
 
De source médicale, au moins 6 personnes auraient été tuées, jeudi, et une soixantaine blessées dans la capitale. Les leaders des mouvements citoyens ont dû entrer dans la clandestinité. Plusieurs d'entre eux ont été menacés, à leur domicile, par d'éléments du RSP. Le studio de musique de Smockey, l'un des leaders du Balai citoyen a été attaqué.
 
En province en revanche, où l'armée et la police se sont faites discrètes, des mobilisations ont pu avoir lieu : manifestations à Bobo Dioulasso, opération ville morte à Pô, au sud du pays, barricades dressées à Banfora, près de la frontière ivoirienne. Une mobilisation globalement sans incident, excepté à Yako, la ville natale du général Diendéré, où plusieurs maisons dont celle du chef des putschistes ont été incendiées.

Rfi

Vendredi 18 Septembre 2015 - 07:25


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