
"Le monde entier nous regarde", "L’avortement est un droit humain", "Naissance forcée = violence", "Des femmes vont mourir". Sous les fenêtres de la Cour suprême, samedi 14 mai à Washington, les pancartes appellent à la prise de conscience. Car pour la moitié de la population américaine, un droit garanti depuis près de cinquante ans est menacé de disparition. La majorité conservatrice des neuf juges de la Cour suprême pourrait en effet décider, dès le mois de juin, de renverser la jurisprudence Roe v. Wade qui, en 1973, a légalisé l’avortement au niveau fédéral. C’est en tout cas la teneur d’un brouillon d’avis qui a fuité récemment.
Et pourtant, lors de la manifestation "Bans off our Bodies" (que l’on pourrait traduire par "Pas touche à nos corps") de ce samedi, l’énergie n’était pas débordante dans la capitale américaine. Un peu à l’image du temps, gris et plombant. Les organisateurs attendaient tout au plus 17 000 personnes. Rien à voir avec le demi-million de manifestants de la Women’s March (Marche des femmes) de 2017, une marée humaine qui a déferlé à Washington au lendemain de l’investiture de Donald Trump.
Les manifestants pro-choix se sont rassemblés devant le Washington Monument avant de rejoindre la Cour suprême, samedi 14 mai 2022.
Les manifestants pro-choix se sont rassemblés devant le Washington Monument avant de rejoindre la Cour suprême, samedi 14 mai 2022. © Yona Helaoua, France 24
"C’est trop tard", sanglote Vanessa Aburn près du Washington Monument, où les protestataires s’étaient rassemblés avant de converger vers la Cour suprême. "Les élections ont des conséquences. À partir du moment où il est entré à la Maison Blanche, j’ai su que c’était fini", continue-t-elle en taisant le nom l’ex-président républicain Donald Trump, qui a nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême, faisant basculer l’institution du côté des anti-avortement. "Il va nous falloir vivre avec ça, et c’est tragique."
"C’est terrifiant"
Vanessa est née en 1957. Avant, donc, que le recours à l'IVG ne soit protégé par Roe v. Wade. "J’étais trop jeune pour manifester, mais quand ce droit a enfin été garanti, j’ai pu en bénéficier. Je n’ai pas eu à m’inquiéter. J’avais le droit d’avorter, et je l’ai fait." Alors l’idée que ce droit disparaisse pour la génération actuelle et les suivantes lui glace le sang. "Je ne retournerai pas tranquillement dans les années 1950", clame sa pancarte. "Je viendrai peut-être en France, tiens, je vais vous suivre", lâche-t-elle avec amertume, avant de reprendre son sérieux : "J’ai déjà prévu d’être sous les marches de la Cour suprême chaque jour pendant un mois s’il le faut."
Si les Sages annulaient bel et bien Roe v. Wade au mois de juin, une vingtaine d’États républicains, principalement dans le sud du pays, pourraient restreindre ou interdire l’avortement. "Je vis en Caroline du Nord, et mon État pourrait faire partie de la liste", soupire Liz, une infirmière de 31 ans qui semble avoir du mal à réaliser la possibilité d’une telle situation en 2022, dans un pays démocratique, première puissance mondiale. "C’est terrifiant."
Elle réfléchit aux prochaines étapes, en partant du principe que les dés sont déjà jetés du côté des neuf juges. "Avortez la Cour suprême", peut-on lire sur sa pancarte. "Les juges sont nommés à vie, leur mandat devrait avoir une limite", estime la jeune femme, qui se dit aussi séduite par la possibilité d’élargir le nombre de juges afin d’en nommer des progressistes et de rééquilibrer la Cour politiquement.
Et pourtant, lors de la manifestation "Bans off our Bodies" (que l’on pourrait traduire par "Pas touche à nos corps") de ce samedi, l’énergie n’était pas débordante dans la capitale américaine. Un peu à l’image du temps, gris et plombant. Les organisateurs attendaient tout au plus 17 000 personnes. Rien à voir avec le demi-million de manifestants de la Women’s March (Marche des femmes) de 2017, une marée humaine qui a déferlé à Washington au lendemain de l’investiture de Donald Trump.
Les manifestants pro-choix se sont rassemblés devant le Washington Monument avant de rejoindre la Cour suprême, samedi 14 mai 2022.
Les manifestants pro-choix se sont rassemblés devant le Washington Monument avant de rejoindre la Cour suprême, samedi 14 mai 2022. © Yona Helaoua, France 24
"C’est trop tard", sanglote Vanessa Aburn près du Washington Monument, où les protestataires s’étaient rassemblés avant de converger vers la Cour suprême. "Les élections ont des conséquences. À partir du moment où il est entré à la Maison Blanche, j’ai su que c’était fini", continue-t-elle en taisant le nom l’ex-président républicain Donald Trump, qui a nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême, faisant basculer l’institution du côté des anti-avortement. "Il va nous falloir vivre avec ça, et c’est tragique."
"C’est terrifiant"
Vanessa est née en 1957. Avant, donc, que le recours à l'IVG ne soit protégé par Roe v. Wade. "J’étais trop jeune pour manifester, mais quand ce droit a enfin été garanti, j’ai pu en bénéficier. Je n’ai pas eu à m’inquiéter. J’avais le droit d’avorter, et je l’ai fait." Alors l’idée que ce droit disparaisse pour la génération actuelle et les suivantes lui glace le sang. "Je ne retournerai pas tranquillement dans les années 1950", clame sa pancarte. "Je viendrai peut-être en France, tiens, je vais vous suivre", lâche-t-elle avec amertume, avant de reprendre son sérieux : "J’ai déjà prévu d’être sous les marches de la Cour suprême chaque jour pendant un mois s’il le faut."
Si les Sages annulaient bel et bien Roe v. Wade au mois de juin, une vingtaine d’États républicains, principalement dans le sud du pays, pourraient restreindre ou interdire l’avortement. "Je vis en Caroline du Nord, et mon État pourrait faire partie de la liste", soupire Liz, une infirmière de 31 ans qui semble avoir du mal à réaliser la possibilité d’une telle situation en 2022, dans un pays démocratique, première puissance mondiale. "C’est terrifiant."
Elle réfléchit aux prochaines étapes, en partant du principe que les dés sont déjà jetés du côté des neuf juges. "Avortez la Cour suprême", peut-on lire sur sa pancarte. "Les juges sont nommés à vie, leur mandat devrait avoir une limite", estime la jeune femme, qui se dit aussi séduite par la possibilité d’élargir le nombre de juges afin d’en nommer des progressistes et de rééquilibrer la Cour politiquement.
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