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Colère des habitants de Cambérène : "La canalisation est une gifle à la communauté layenne"

La colère gronde à Cambérène. Les populations se sont mobilisées ce dimanche 7 février pour refuser catégoriquement toute autre implantation ou augmentation de l’exécutoire de l’Office National de l’Assainissement (ONAS) connecté à la plage de cette localité. Toutes griffes dehors, ils ont brocardé l’Etat du Sénégal et l’Union européenne qui ne se soucient guère à l’environnement de ce village traditionnel. Le comité d’initiative mise en place a prévu un plan d’actions gradué et compte aller jusqu’au bout avec le gouvernement qui n’a, selon lui, aucune considération par la famille religieuse layenne.



Colère des habitants de Cambérène : "La canalisation est une gifle à la communauté layenne"
Si l’Etat avec l’appui de l’Union européenne persiste à agrandir la capacité de la station d’épuration en passant par Cambérène, le pire pourrait survenir. En effet, les populations de ce village lébou, qui est par ailleurs la capitale de la confrérie Layenne ont décidé d’user de tous les moyens pour qu’un autre exutoire ne soit pas implanté dans leur localité. Elles ont mis en place un comité d’initiative qui réunit tous les jeunes, notables, chefs religieux et responsables de la localité pour s’opposer à ce projet.

Le premier acte a été posé ce dimanche 7 février sur la plage de Cambérène avec la tenue d’une assemblée générale suivie d’une conférence de presse. Deux activités qui ont reçu un monde fou. On a, ainsi, eu l’impression que les 50 000 âmes de ce quartier ont toutes rallié la plage.

La colère et la rage de cette communauté religieuse ont, à cet effet, été perceptibles sur le visage de chacun de ces jeunes. Les dirigeants du comité d’initiative ont estimé qu’au «moment où les populations commençaient à identifier les moyens de le traduire en justice pour le pousser à respecter les engagements qu’il avait signés, il y a quelques jours, l’Etat du Sénégal signait en grandes pompes un accord de financement avec l’Union Européenne non plus pour arrêter le déversement, mais plutôt pour agrandir la capacité de la station d’épuration en vue de traiter une plus grande quantité d’eaux usées, ce qui se traduira forcément par le doublement voire le triplement des eaux nauséabondes et dangereuses déversées sur la plage».

Libasse Hann, Mamour Ndiaye ont précisé que «toutes les populations se sont toutes levées pour dire «trop c’est trop». En effet, les populations se posent la question de savoir quelle est la capitale religieuse qui a fait l’objet d’autant de manque de respect ? Cambéréne ne se laissera pas faire et a décidé à partir de ce jour de riposter quelque soit ce que ça puisse lui en coûter».

Dans cette optique, ils n’ont pu s’empêcher de se demander : «qui oserait déverser les ordures de la Région de Diourbel à Touba ou de Thiès dans la sainte capitale du tijanisme ?». Avant de marteler : «rien que par respect à cette communauté, la canalisation devait être arrêtée depuis longtemps, car elle constitue une gifle à la communauté layène qui a toujours cru à la bonne foi de nos autorités». Les jeunes de la cité religieuse ont ainsi clamé : «cette fois ci, c’en est trop, la coupe est pleine. Il est temps que l’Etat du Sénégal prenne la communauté layène au sérieux».

Après l’Etat du Sénégal, à l’Union européenne de prendre sa part dans cette colère de la population de Camberène. «Ce qui est surprenant, c’est la complicité de l’Union Européenne qui pour ce cas précis ne s’est même pas préoccupée du risque que ce projet fait courir pour la santé et la vie des populations», ont-ils pesté. Les responsables du comité d’initiative ont souligné que «la participation et l’implication des communautés de base de la conception à l’évaluation constituent un de leurs critères d’attribution des financements, or sur ce cas précis, il faut être clair, les deniers publics européens vont contribuer à dégrader le cadre de vie des populations et s’il faut utiliser les mécanismes internationaux et que Sénégal et les pays européens ont tous ratifiés, nous sommes prêts en engager le bras de fer».

Ce qui a le plus ulcéré ces populations, c’est l’état déplorable de leur cité. Elles sont revenues sur cela en se permettant une petite comparaison avec Touba et Tivaouane qui sont, selon eux, mieux lotis et plus respectés qu’eux. «Il suffit de parcourir les rues de cette capitale religieuse pour se désoler de l’Etat de délabrement et de dénuement auquel l’Etat l’a laissé au moment où dans les autres communautés religieuses on parle d’investissements à coup de milliards», sont-ils désolés.

Cette assemblée générale et conférence de presse sonnent comme une alerte après les affrontements sanglants qui avaient opposé les forces de l’ordre et les jeunes de cette cité religieuse le 19 septembre 2000 et qui avaient fait plusieurs blessés.



Dimanche 7 Février 2010 - 18:33


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