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Dix ans après le 11-Septembre, quelles conséquences pour les Africains ?



Dix ans après le 11-Septembre, quelles conséquences pour les Africains ?
Le continent africain, pris en otage dans la guerre entre les terroristes d'al-Qaïda et les États-Unis en 1998, n'a pas échappé aux conséquences de la « guerre contre la terreur », décrétée par George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001 : renforcement des mesures de sécurité intérieure dans les pays d'Afrique de l'Est avec le soutien des États-Unis et des Européens mais aussi gel des financements aux associations musulmanes, discrimination et méfiance entre communautés comme l'illustrent ces exemples aux Comores, au Sénégal et au Cameroun.

Le retour des États-Unis aux Comores

Depuis quelques années, les États-Unis tentent de rouvrir leur ambassade à Moroni. Leur représentation diplomatique est fermée depuis les années 90 et les affaires américano-comoriennes sont diligentées depuis Madagascar.

Cette réouverture, programmée dans les prochains mois, est précédée d'une forte présence américaine dans l'archipel des Comores avec l'installation récente du génie civil de l'armée ou l'ouverture de l'American Corner, un centre culturel. Le regain d'intérêt des États-Unis pour la région est-il l'une des conséquences des attentats du 11-Septembre ? Certains observateurs le pensent.

Les Comores, pays musulman, comptait l'un de ses fils, Fazul Abdullah Mouhammad, -tué en juin dernier en Somalie-, parmi les membres d'al-Qaïda. Selon la CIA (Central Intelligence Agency), devenu chef d'al-Qaïda pour l'Afrique de l'Est, il était l'un des organisateurs des attentats de Nairobi et de Dar es Salaam.

Les conséquences des attentats d'Afrique de l'Est et du 11-Septembre se sont fait sentir pour les Comoriens dans la vie de tous les jours, notamment dans les transferts d'argent. Leurs noms à consonance arabo-musulmane suscitent souvent des contrôles supplémentaires.

Des associations musulmanes privées de soutien arabe au Sénégal

L'Union pour le progrès islamique du Sénégal est une organisation musulmane, parmi de nombreuses autres en Afrique de l'Ouest, dont les financements ont été brutalement coupés à la suite des dispositions prises en septembre 2001, par les États-Unis et leurs alliés du monde arabe pour contrôler les circuits financiers des réseaux jihadistes. À l'époque, la distinction entre associations dédiées à l'enseignement de l'islam et groupes terroristes n'était pas très claire. Cependant, dix ans après, l'UPIS n'a pas retrouvé ses financements.

Dix ans après - Notre dossier spécial

Le siège de l’Union pour le progrès islamique du Sénégal (UPIS) est situé dans un jardin d’enfant de Dakar que gère l’organisation. L’UPIS anime un large réseau national d’écoles franco-arabes et de daaras (écoles coraniques).

Depuis le 23 septembre 2001, date à laquelle George W. Bush lance un appel aux banques et institutions financières du monde pour contrôler « les fondations financières du réseau planétaire de la terreur », tous les financements des pays arabes se sont taris « sans justification » selon El Hadj Abdoulaziz Niang, président de l’organisation qui précise que « avant le 11 septembre 2001, on recevait des dons des pays arabes tel que l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, environ 30 millions de F Cfa [45 000 euros, NDLR] par an. Mais après cette date, il y a eu des pressions sur les pays arabes qui nous aidaient. On leur a dit qu'il ne fallait plus aider les associations islamiques parce que les aider, c'est de risquer d'aider les mouvements terroristes. Ce qui n'est pas vrai ! »

Dix ans après, l’UPIS ne parvient à fonctionner que grâce à la location d’un bâtiment qui lui appartient

El Hadj Abdoulaziz Niang insiste pour que les pays arabes fassent des enquêtes plus fouillées sur les organisations islamiques qui viennent leur demander de l’aide afin de ne pas mettre tout le monde dans le même sac. Mais le responsable s’interroge : toutes les organisations ont-elles été logées à la même enseigne ? Des pays comme l’Arabie Saoudite n’ont-t-ils pas pris prétexte des restrictions imposées après le 11-Septembre pour réorienter leurs fonds vers certaines formes d’islam au détriment d’autres ?

Un air de méfiance entre communautés au Cameroun

Il n'existe pas de statistiques sur les confessions religieuses au Cameroun, on estime cependant que 35% de la population est musulmane. Le pays est majoritairement chrétien et les communautés vivent en bonne intelligence. Un grand nombre d'ethnies sont indifféremment chrétiennes et musulmanes.

« Il y a des Bamoun chrétiens et des Bamouns musulmans, des Etons musulmans... » énumère l'imam du quartier avant d'affirmer qu' « au Cameroun, le 11 septembre 2001 n'a rien changé. L'affaire al-Qaïda, cela ne nous regarde pas parce que ce n'est pas l'islam ! »

Le 11-Septembre a-t-il changé vos relations ?

Dans le chaos caractéristique des rues populeuses et commerçantes du quartier de La Briqueterie, à Yaoundé, l'appel se perd dans les pétarades des motos et les cris des passants. Les grilleurs de viande haoussa, venus du Nigeria et du Nord du Cameroun cotoient les couturiers sénégalais, bijoutiers maliens et petits commerçants foulbés. Guillaume Pascal est né et à toujours vècu à la « Brique ». Dix ans après les attentats du 11 septembre, ce chrétien affirme que ses relations avec les musulmans n'ont pas changé : « Chaque jour, nous blaguons, on rit, on fait tout, on s'amuse. Moi, j'ai jamais eu de problème ».

Toutefois, les habitants confessent de légers incidents qui n'existaient pas avant le 11-Septembre. Un notable de la communauté musulmane confie à propos de la communauté chrétienne : « ils se méfient de nous, soi-disant que les musulmans ne sont "pas sérieux". »


Dimanche 11 Septembre 2011 - 12:14


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