Pierrefitte, en banlieue parisienne. Archives nationales, dans le dédale des magasins. Une main. Un badge, puis une courte sonnerie. Dans un grincement, la porte automatique du magasin 501 s’ouvre sur l’un des lieux où dorment les secrets de la République. Le fonds Foccart. 400 mètres linéaires de boîtes à archives Cauchard, disposés sur des « épis » métalliques mobiles.
Jean-Pierre Bat, le conservateur du fonds, fait glisser les épis et se dirige vers l’une des étagères « Prenons par exemple un objet un peu original dans le fonds, le fichier dit ‘fichier vert’, c'est-à-dire des boîtes avec des petits fermoirs comme on voit dans les films policiers. Des boîtes qui conservent toutes les fiches de correspondance adressées à Jacques Foccart avec le nom du correspondant, l’objet de leur requête et naturellement la date. »
Il enlève la sangle qui ferme la boîte et ouvre le fichier. « On trouve aussi bien des lettres de recommandation de personnes habitant en Afrique que des demandes de promotion de légion d’honneur –naturellement camouflées- ou bien tout simplement des propositions de coup d’Etat… Ça n’apparaît pas directement, mais en fouillant dans les archives on le découvre… »
Jean-Pierre Bat cherche un exemple. Se dirige vers un autre épis, une autre boîte. Se souvient d’un rapport proposant un projet de retour de Fulbert Youlou, le président congolais : « Le texte, raconte Jean-Pierre Bat, propose en premier lieu une action psychologique, c'est-à-dire travailler la popularité de Youlou auprès des Congolais. Deuxièmement, un mode opératoire, c'est-à-dire préparer un calendrier de retour de Fulbert Youlou de manière plus concrète. » La proposition vient d’un agent des services secrets français, à qui il est demandé de prendre sur sa responsabilité individuelle l’initiative de cette opération. Jacques Foccart lui délivrera un « feu orange ». Une sorte d’accord implicite. A charge pour l’agent du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) et son équipe de ne pas se faire prendre. Le coup d’Etat n’aura finalement pas lieu.
Communauté française
Jacques Foccart… Ces centaines de mètres d’archives dessinent le portrait d’un homme, de ses méthodes, de son équipe. Elles jettent une toute nouvelle lumière sur les circuits empruntés pour faire la politique africaine de la France.
L’histoire commence après la Seconde Guerre mondiale lors de la création du RPF à la fin des années 40. Jacques Foccart a été résistant. Il est nommé responsable des Affaires africaines pour l’organisation gaulliste. Lorsqu’en mai 1958 de Gaulle accède au pouvoir, il amène avec lui à Matignon puis à l’Elysée Jacques Foccart comme Monsieur Afrique. C’est un collaborateur en qui il a une grande confiance. Sa première mission sera de transformer la nature juridique des liens entre la métropole à ses colonies. Ce sera le projet de Communauté.
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