L’éducation des filles au Sénégal : défis, engagements et actions

 Un engagement collectif pour l'éducation des filles
Le ministre de l'éducation, Moustafa Mamba Guirassy a réaffirmé l'importance de l'implication des filles dans leur propre avenir. Selon lui, leur engagement est essentiel pour transformer la société. "C’est aussi le moment de réaffirmer notre engagement collectif à garantir à chaque fille, sans exception, une éducation de qualité, inclusive et équitable", a-t-il souligné. C'était à l'occasion de la journée nationale pour l'éducation des filles tenue ce jeudi 9 janvier 2025 au CICAD dont la marraine était la Première Dame Marie Khone Faye.  Cette vision fait écho à la nécessité d’offrir à toutes les filles les mêmes opportunités, non seulement pour leur épanouissement personnel, mais aussi pour celui de la nation.
 
La journée nationale de l'éducation a ainsi été l'occasion de poser les bases d'une nouvelle ère, où les filles pourront aller à l’école, apprendre et s’épanouir sans aucune forme de violence. Ces engagements sont renforcés par des projets éducatifs régionaux, qui visent à améliorer le taux de scolarisation et de maintien des filles à l’école, malgré les nombreux obstacles rencontrés.
 
Le Baol : entre défis et stratégies d’encadrement
Dans la région Diourbel, capitale du Baol plusieurs facteurs bloquent la promotion de l’éducation des filles, tels que les mariages précoces, la pauvreté et les tâches domestiques. L’avis est de Modou Ndiaye, secrétaire général de l’inspection d’académie de Diourbel. Selon qui, malgré ces difficultés, les autorités locales ont mis en place des stratégies pour améliorer le maintien des filles à l’école. Le travail de sensibilisation et l’encadrement dans les établissements scolaires ont permis de surmonter certains obstacles. En conséquence, les taux de maintien ont montré des améliorations notables, avec un démarrage record des écoles dans cette région.
 

 

Diourbel : un taux de scolarisation favorable aux filles
Modou Ndiaye a, en outre, souligné que les statistiques du taux de scolarisation au Sénégal sont aujourd'hui en faveur des filles. "Quand on examine les taux de scolarisation au primaire et au secondaire, on se rend compte que le taux des filles est plus élevé que celui des garçons", a-t-il déclaré, précisant que l’indice de parité est également en faveur des filles.
 
Ce constat encourageant est en grande partie dû aux actions menées dans les écoles, notamment la mise en place des Observatoires de la Vulnérabilité à la déperdition scolaire (OVDS), qui visent à réduire le décrochage scolaire, en particulier chez les filles. En parallèle, les Observatoires de l’Excellence ont été instaurés pour promouvoir l’excellence et soutenir les filles, notamment dans les domaines scientifiques.
 

Tambacounda : le combat contre les mariages précoces et la violence scolaire
Dans la région de Tambacounda, plusieurs facteurs socio-culturels continuent de freiner l'accès des filles à l'éducation. Maodo Ndao, inspecteur des établissements et vie scolaire à l'Inspection d’Académie de Tambacounda, a évoqué les nombreux obstacles, tels que les mariages précoces, la pauvreté et les tâches domestiques. Il a également souligné que les conditions de vie dans les écoles, notamment les infrastructures inadéquates (comme les toilettes non séparées), sont des éléments qui poussent certaines filles à abandonner l’école.
 
Pour remédier à cela, des solutions sont proposées, telles que l’octroi des bourses scolaires, la fourniture de matériel scolaire, ainsi que des serviettes hygiéniques pour les filles afin qu'elles puissent continuer à étudier sans subir d'humiliations liées à leurs règles. "Une fille éduquée est une leader de sa génération", a ajouté Maodo Ndao, soulignant le rôle fondamental de l'éducation dans l’émancipation des filles.

Sédhiou et Ziguinchor : une réalité alarmante des grossesses scolaires
La région de Sédhiou, avec 134 cas de grossesse scolaire enregistrés en 2024, se trouve confrontée à une problématique préoccupante : la grossesse précoce. Ce phénomène est lié à plusieurs facteurs, notamment la vulnérabilité sociale, les effets de la mode et l'absence de soutien adéquat pour les adolescentes. Selon Youssouf Mané, coordinateur de l'inspection médicale des écoles de Sédhiou, ces grossesses ont des conséquences dramatiques sur la scolarité des filles, car elles sont souvent contraintes d’abandonner l'école.
 
Ziguinchor arrive en tête des régions avec 157 cas de grossesse scolaire, suivie de Fatick avec 166 cas, montrant ainsi l'ampleur de ce phénomène. Les autorités éducatives s'efforcent de mettre en place des actions de soutien, telles que des programmes de prévention et des initiatives pour aider les filles à surmonter les difficultés liées à la grossesse et à rester à l'école.
 

De l’importance de l'engagement collectif
L’éducation des filles au Sénégal nécessite l'engagement de tous les acteurs : autorités éducatives, parents, communautés et organisations. Pour permettre aux filles de s'épanouir et de devenir des leaders de demain, il est essentiel de lever les obstacles socioculturels, économiques et infrastructures qui entravent leur accès à une éducation de qualité.
 
Ainsi, à travers des initiatives telles que les Observatoires de la Vulnérabilité et de l’Excellence, la distribution de bourses scolaires et l’amélioration des conditions d’hygiène dans les écoles, le Sénégal continue de progresser dans sa lutte pour une éducation inclusive, équitable et sans violence pour toutes ses filles.