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L’élection présidentielle du 25 mars 2012 : un second tour par défaut ou un cheval de Troie pour le M23 ?



L’élection présidentielle du 25 mars 2012 : un second tour par défaut ou un cheval de Troie pour le M23 ?
Sidy Lamine Niass, Président du Groupe Wal Fadjri, n’avait pas hésité à annoncer la mort du Mouvement des forces vives du 23 juin 2011 (M23) après le scrutin du 26 février 2012. Il convient de lui en savoir gré car ayant été l’un des rares journalistes avec Tamsir Jupiter Ndiaye chroniqueur à Nouvel Horizon, à avoir analysé lucidement la situation politique post 26 février 2012. Non seulement, le peuple a validé la candidature de Me Wade en le portant à la première place mais aussi et surtout, il n’a pas jugé utile de qualifier au second tour les candidats Benno et dépositaires de la Charte de bonne gouvernance démocratique issue des Assises Nationales qui ont constitué de forts moments de débats démocratiques et c’est tout en l’honneur de ses concepteurs.

Le premier tour de l’élection présidentielle opposait Me Wade aux coalitions significatives d’obédience M23 (Benno Siggil Sénégal, Benno ak Tanor et Coalition Idy4Président dans une moindre mesure). Dans ce combat, il fallait qu’une entité politique disparaisse du champ de bataille soit le Pds (et les Fal2012) soit les coalitions Benno (BSS ou BakTanor). Cette bataille épique, au bord du précipice, du 26 février 2012 (et bien avant) a surtout opposé Me Wade au M23 qui regroupe les héritiers politiques du Président Senghor (Moustapha Niass et Ousmane Tanor Dieng) et la Gauche historique (Ld, Pit, Msu, Aj/PadsLanding, Rnd, Udf Mbolomi, Rtas, Jef Jël etc.) qui tenait (et tient toujours) à faire payer à Me Wade son orientation politique post 19 mars 2000. En ne réussissant pas à placer un candidat au second tour de la présidentielle, le M23 a signé sa mort et à travers lui, le système Ups/Pra/ Ps/ Afp et la Gauche historique. Ainsi donc, un autre cycle politique commence. La gauche, en à croire l’ancien Ministre Mamadou Ndoye éminent membre de la Ld (1), devrait pouvoir se réunir dans un nouveau cadre organique élargi même aux socio-démocrates du Ps et de l’Afp ! : Le grand soir attendra longtemps !

Dès lors, comment occulter ces questions fondamentales : Pourquoi les candidats qui se réclamaient de la Charte de bonne gouvernance démocratique issue des Assises nationales ont été recalés le 26 février 2012 ? Pourquoi la coalition Macky2012 les a coiffés au poteau ?
La coalition Macky2012 a profité de la bataille Wade contre les Benno et le M23 pour accéder au second tour en profitant du dépit de l’électorat potentiel des Benno frustré par les candidatures plurielles, de l’ambiance délétère post23juin2011 et de l’essoufflement du Pds locomotive des FAL 2012. Bien sûr et il faut le reconnaître, Macky Sall y a mis du sien en investissant très tôt le terrain politique national et international. Son parcours gouvernemental, parlementaire et son expérience politique (Directeur des campagnes victorieuses de la coalition SOPI 2007) lui ont été d’un grand secours. Il est curieux d’ailleurs que Macky Sall qui avait émis des réserves (orales semble-t-il !) sur la Charte de bonne gouvernance démocratique aille à brûle pourpoint donner des assurances au garant moral des Assises Nationales Son Excellence le Pr. Amadou Makhtar Mbow.

Pourquoi cette précipitation du candidat libéral à vouloir donner des gages au Président des Assises Nationales ? A-t-il fait le deuil du présidentialisme fut-il tempéré ? A-t-il été surpris par son admission au second tour ? Visiblement Oui ! À preuve, l’indigence de son programme de gouvernement qui ne se résume qu’à un chapelet de plans d’actions conjoncturelles dont la réduction des prix des denrées de première nécessité (Riz, Huile et Sucre) en constitue le plan d’opérations phare !. Qui plus est, la Coalition Macky 2012 n’a pas respecté l’engagement ferme des candidats d’obédience M23 consistant à battre campagne ensemble pour combattre la candidature du Président Wade. Ainsi donc, en prenant l’initiative d’aller voir le Président Mbow, Macky Sall a remis en selle les Benno et le M23 sans doute pour se dédouaner et profiter de leurs expertises au second tour. Leur cohabitation risque, dès lors, d’être difficile s’il sortait victorieux le 25 mars 2012. Le second tour a accouché d’un monstre politique notamment une coalition hétéroclite

Macky2012+Bss+BakTanor+M23+Transhumants socio-libéraux (qui seraient en train d’ailleurs de quitter la barque : c’est triste et répugnant mais enfin!). On ne peut élire un Président de la République au suffrage universel à partir d’un chapelet de plan d’actions conjoncturelles et incohérentes mais à partir d’une vision fondatrice. Ors donc, fondamentalement deux visions s’affrontent sur le champ politique  depuis mars 2009: la vision wadienne du libéralisme social (arrimé au régime semi-présidentiel) et celle issue des Assises Nationales consignée dans la Charte de bonne gouvernance démocratique d’essence socialiste et citoyenne (arrimé au régime parlementaire).

Un second tour Wade contre un candidat d’obédience Benno (Niasse ou Tanor) aurait permis d’avoir une confrontation entre ces visions et le débat démocratique y aurait gagné en clarté. La coalition Macky2012 est loin d’avoir fait le deuil du régime présidentiel. A preuve cette récente déclaration du Pr. Ass Malick Sarr, Coordonnateur du Cirem/Coalition Macky 2012 rapportée par Saer Sy (2) de Sud quotidien : Nous allons redresser le pays en appliquant le régime présidentiel que Wade a dénaturé en régime présidentialiste, c’est une question d’institutions que d’hommes... C’est à n’y rien comprendre.

L’ancien directeur de campagne de Me Wade avait pourtant défendu avec une forte conviction la vision wadienne du Libéralisme social qu’il qualifiait d’humaniste à juste propos. A moins qu’il ne fasse sien cet aphorisme de Nietzche : On paie mal un Maitre en ne restant que l’élève ! Mais le Maître a plus d’un tour dans son sac, l’incertitude le galvanise et il adore les combats au bord du précipice. Il est abracadabrant d’ailleurs que l’Opposition s’obstine à présenter le second tour du 25 mars 2012 comme un Référendum Pour ou Contre Wade et une question mérite d’être posée hic et nunc : Pourquoi diantre n’avait-elle pas adhéré jadis à la proposition du Président Talla Sylla qui consistait à demander au Peuple si Oui ou Non Me Wade pouvait prétendre à un autre mandat ? Ainsi, le Sénégal aurait pu faire l’économie des deux tours de la présidentielle de 2012 et les pertes regrettables en vies humaines subséquentes.

Une fois de plus, l’histoire semble avoir donné raison au Président Talla Sylla dont il faut saluer le courage, la sincérité et le sens politique. Récemment, il a exigé du candidat Macky Sall des garanties suffisantes pour l’application des conclusions de la Charte de gouvernance démocratique issue des Assises Nationales. La surprenante réaction du candidat Macky Sall et celle de son ancien camarade du Jef Jël Moussa Tine à ses exigences-somme toute légitimes- laissent subodorer que des contradictions de fond vont bientôt apparaître au grand jour entre Macky Sall et les tenants de l’application stricte de la Charte de gouvernance démocratique. La mise en place d’un nouveau cadre de l’Opposition, notamment Benno Bokk Yakaar pour le soutenir au second tour, n’y change fondamentalement rien. A cet égard, l’absence de certaines éminentes personnalités du M23 à la cérémonie de lancement de cette nouvelle alliance n’est pas passée inaperçue.

Les slogans simplistes Wade dégage ou Tout sauf Wade  risquent de se heurter au mur de la dure réalité politique. Benno Bokk Yaakar risque de devenir une coalition fourre-tout à l’instar de sa devancière Benno qui a secrété ses propres agents pathogènes, facteurs d’inefficacité, de surenchère et de discorde comme l’avaient prédit les éditorialistes de Sud Quotidien Doyen Abdoulaye Niaga Sylla et Babacar Touré (3) dont aucun sénégalais de bonne foi ne doute de leur probité intellectuelle et de leur indépendance à l’égard de César.

Et ces derniers de poursuivre dans cet édito d’une remarquable hauteur analytique : voilà pourquoi, elle (Benno) ne constitue, ni dans son format, ni dans son déploiement actuel, une menace sérieuse pour Me Abdoulaye Wade qui aura à cœur de terminer un dernier chantier consistant à mettre tous les caciques de l’opposition hors -eu et à les envoyer à la retraite avant de prendre la sienne. L’une des principales motivations du maintien de sa candidature controversée, jusque dans ses propres rangs, résiderait dans cette détermination à assurer ses arrières en favorisant l’émergence d’une nouvelle classe politique recomposée avec l’inversion de la pyramide des âges. Le vieil homme à l’esprit éternellement jeune, aventurier et baroudeur ne résistera pas à la délectation de faire ce dernier pied de nez à ses adversaires d’hier et d’aujourd’hui regroupés dans Benno. Terminus, tout le monde descend ! Le Sénégal est à la croisée des chemins et devra négocier des virages dangereux (crises financière, agricole, énergétique, climatique et socioculturelle aux externalités incertaines). Oui, le Sénégal a encore besoin de son Président Triple A (ambitieux, audacieux et toujours en mouvement donc actif) pour négocier ces virages. C’est une question de lucidité et surtout de dignité. Point n’est besoin d’étaler ici les raisons car Mr. Abuul Abass Sy les a si brillamment énumérées dans sa récente contribution (4).

Le 25 mars 2012, le face à face entre le Maître et son élève sera épique et j’espère courtois. L’élève se souviendra sûrement de l’avant-propos dithyrambique qu’il fit jadis pour présenter le Programme de Gouvernement de son candidat-Maître dont il était le directeur de campagne pour l’élection présidentielle du 25 février 2007. En voici quelques extraits (5) : …Avec le recul, je suis de plus en plus convaincu, qu’il s’agit de la victoire d’une personnalité messianique, d’un intellectuel hors du commun, d’un panafricaniste de premier ordre, comme on en trouve rarement dans le monde actuel. Voilà pourquoi, il est nécessaire de comprendre la pensée philosophique, économique, politique, sociale et culturelle de l’homme Wade, pour aider à le codifier pour les générations actuelles et futures, comme une contribution majeure, je dirais même un viatique, dans la définition d’une démarche africaine du développement. La vision du Président Abdoulaye Wade renferme, incontestablement, les enseignements permettant à l’Afrique et au Sénégal d’affronter les grands défis actuels et futurs qui interpellent l’humanité. Ma conviction est faite dès lors, que le Sénégal est, aujourd’hui, à un tournant important de son devenir, un tournant qu’il ne peut se permettre de rater, puisqu’il lui ouvre la voie d’accès dans le cercle des nations modernes. Depuis l’an 2000, le chantre inspiré du libéralisme à visage humain s’est attaché à préparer minutieusement la mise en valeur de ce champ laissé en friche durant le régime socialiste. Aujourd’hui, les semis effectués sur cette terre désormais fertilisée produisent les premières récoltes de bonheur et d’espoir, que partout au Sénégal et dans la Diaspora, les citoyennes et les citoyens savourent avec allégresse…

Docteur Ibrahima DÈME, Vétérinaire
Cric/And SANT/SbimSbi
E-mail: idemmedk@yahoo.fr /idemgfatm@gmail.com
Références
(1) Mamadou Ndoye : Urgences et responsabilités historiques de la gauche sénégalaise dans l’AS : Quotidien d’informations générales, vendredi 02 mars 2012 n° 1936.
(2) Saër Sy : Le cirem donne les perspectives Sud Quotidien n° 5658 du 06 mars 2012
(3) Abdoulaye Niaga Sylla & Babacar Touré : Benno. Il est minuit, Camarades ! Editorial Sud Quotidien n ° 5522 du 15-16 octobre 2011
(4) Abuul Abass Sy : Pourquoi Wade dérange ? Contribution dans le Soleil n° 12537 du 10-11mars 2012
(5) Macky Sall : Avant-propos In Maître Abdoulaye Wade : le Sopi en marche 2007-2012. Objectifs chiffrés et datés d’un Quinquennat.
 
 


Mardi 20 Mars 2012 - 13:30


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1.Posté par gankalsamb le 20/03/2012 17:00
très bonne et lucide analyse politique c'est un plaisir de vous lire monsieur dème: enfin un intellectuel qui a du recul
j'ai beaucoup appris en vous lisant

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