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Pour la Tunisie, la question des migrants ne se résume pas au tout sécuritaire

Cecilia Malmström, commissaire européenne aux Affaires intérieures, a demandé à la Tunisie et à la Libye de faire cesser « le business indigne des embarcations de fortune » après les derniers naufrages meurtriers au large de Lampedusa et de Malte. Des dizaines de milliers de Tunisiens ont en effet profité du vide sécuritaire, après la révolution, pour affluer illégalement vers l'Europe au péril de leur vie. Plusieurs centaines sont portés disparus. Les autorités ont pourtant réagi à cette situation en durcissant les conditions de départ.



Pour la Tunisie, la question des migrants ne se résume pas au tout sécuritaire

Les autorités ont créé un secrétariat d'État aux migrations en décembre 2011, pour s'emparer notamment du problème des clandestins. Sous l'ancien régime n'existait qu'un simple Office des Tunisiens à l'étranger.


Houcine Jaziri, le secrétaire d'Etat en question, estime que le problème ne peut plus être abordé uniquement du point de vue sécuritaire. Il pointe du doigt la fermeture des frontières européennes et les difficultés à obtenir des visas. Il appelle à un dialogue international franc, de toute urgence, pour organiser l'immigration légale.
 

Le tout sécuritaire, voilà une approche que plusieurs associations reprochent aux autorités des deux rives de la Méditerranée. A la place, elles prônent davantage d'efforts en matière de développement, pour améliorer la situation économique et sociale des candidats au départ.


Car depuis le début des années 2000, la législation s'est durcie en Tunisie. Les migrants clandestins arrêtés risquent entre 15 jours à six mois de prison. Quatre ans de détention et 10 000 dinars d'amende attendent aussi ceux qui hébergent des clandestins ou leur fournissent un moyen de transport.


Ceux qui s'abstiennent de signaler des départs illégaux sont même considérés comme complices, et risquent eux aussi la prison.
 

■ Selon Patrick Gaubert, spécialiste des questions d'immigration, l'émigration à partir de la Tunisie ne peut se concevoir sans la présence de mafias locales parfaitement organisées. Ci-dessous, son analyse :


« Ça ne peut pas se faire autrement, vu le nombre de bateaux qui partent tous les jours. Tous les rabatteurs vont chercher les gens au fin fond des pays, et les amènent (...) autour des plages, où on les fait dormir. Il y a des camps d’attente et les camps sont fabriqués, on les connaît. Les gens doivent manger. Cela nécessite toute une organisation entre le moment où les gens quittent leur village, la finition de la fabrication du bateau et l’envoi.


Et puis, une fois qu’un bateau est parti, ça continue. Chaque pays a ses réseaux, a ses mafias. Il arrive que certains pays ne fassent plus partir les personnes pour des raisons X ou Y, donc les gens vont partir par un autre endroit. Les mafias peuvent se déplacer d’un pays à un autre.Mais il n’est pas possible que les gens sur les bateaux partent de leur propre initiative. 


Rfi.fr

Dimanche 13 Octobre 2013 - 12:08


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