A la boulangerie Mahbezet Tahwa, une dizaine d’employés s’activent pour servir les clients, attendant leur tour. Cependant, malgré la petite file d’attente, les affaires ne sont pas bonnes.
« Les prix sont stables mais très élevés. Nous, on gagne peu et si on essaie de faire trop de bénéfices, on sera foutus. Tout a augmenté. La farine, la levure, l’huile, le salaire des ouvriers… tout cela suit le cours du dollar. Il faudrait qu’il baisse. L’instabilité du pays aggrave aussi les choses. J’espérais une amélioration avec la chute de Béchir mais pour l’instant, on n’a vu aucun changement », nous explique Dakhallah Abdallah, propriétaire de la boulangerie.
Un pain coûte aujourd’hui une livre soudanaise. Du jamais vu, souligne de son côté, Mohamed Abdelmumin, 26 ans. « En 8 ans, les prix ont été multipliés par 10. Le pain, c’est notre aliment principal, surtout à Khartoum car dans les régions, il y a des galettes pour remplacer. On essaie donc de travailler plus pour s’acheter plus de pain », dit-il.
Travailler plus mais aussi rationner et consommer moins. C’est le choix de Mouamar Makin, 17 ans, et de sa famille.
« Rien n’a changé. C’est comme avant. Pourtant, avec la révolte, on espérait un changement. Avant on mangeait 70 pains par jour, maintenant on est passé à 30. On est 17 personnes à la maison », nous confie-t-il.
Les clients le répètent. Que ce soient des militaires ou des civils au pouvoir, il va falloir agir pour que les prix cessent de flamber, au risque d’enclencher une seconde révolte du pain.
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