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Affaire Sarkozy: le gouvernement pris au piège de sa communication

Jean-Marc Ayrault exclut toute démission de Christiane Taubira, qui a évoqué ce mercredi 12 mars un malentendu, quand elle assurait lundi soir sur TF1 n'avoir pas été informée de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy. Cette « affaire » dans l'affaire révèle en tout cas de grosses carences dans la communication du pouvoir.



Christiane Taubira, lors de la conférence de presse du 12 mars 2014.
Christiane Taubira, lors de la conférence de presse du 12 mars 2014.

Il est député socialiste, et depuis deux jours, il est « atterré ». La communication gouvernementale, à ses yeux, atteint des sommets d’incompétence. « L’art de savoir transformer l’or en plomb, c’est un métier », lâche ce pilier de l’Assemblée.

La gauche avait en effet un boulevard après les révélations du Monde vendredi dernier, mais la diversion tentée par la droite a réussi. Oubliés les soupçons de trafic d’influence, oublié le second téléphone utilisé par un ancien président sous une fausse identité.

Faux pas de Christiane Taubira

L’affaire Sarkozy serait ainsi devenue une affaire d’espionnage, l'UMP a tranquillement déroulé ses arguments, sans aucune riposte de la part du gouvernement, jusqu’au faux pas de Christiane Taubira, incompréhensible aux yeux d’une de ses collègues du gouvernement, puisqu’elle n’avait rien à se reprocher.

Lors d'une conférence de presse, le mercredi 12 mars, la garde des Sceaux n'a pas voulu dévoiler exactement les informations dont elle disposait mais elle s'est en quelque sorte trahie en montrant ostensiblement à la presse deux documents. Ils ont été aussitôt photographiés, agrandis et épluchés ligne par ligne par les journalistes.

Sentiment d'improvisation
 

Les deux lettres sont datées du 26 février dernier, alors que la ministre prétend n'avoir été prévenue des écoutes que le 28. L'une émane d'Eliane Houlette, le tout nouveau procureur financier et s'adresse au procureur général de Paris ; l'autre provient de Philippe Lagauche, l'avocat général près la Cour d'appel de Paris, qui écrit directement à la garde des Sceaux (cf. détails ci-dessous).

L'affaire Cahuzac, il y a un an, a visiblement laissé des traces et tétanisé la parole gouvernementale. Le sentiment d'improvisation continue de dominer. François Hollande, c'est sa marque de fabrique, néglige, et même méprise la communication politique. Au risque de créer un vide, dans lequel l'opposition s'est engouffrée ici avec succès. Tout à sa présidence « normale », soucieuse de la séparation des pouvoirs, François Hollande se prête une nouvelle fois à un procès en amateurisme, y compris au sein de son propre camp.


Ce qu'il y a dans les documents brandis par Christiane Taubira lors de sa conférence de presse du 12 mars

Le mot « écoutes » ne figure pas dans le premier document mais il est clairement dit que les policiers ont « intercepté » entre le 28 janvier et le 11 février 2014 des conversations téléphoniques entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog, son avocat, sur une ligne souscrite sous un nom d'emprunt. Le courrier d'Eliane Houlette détaille ensuite longuement l'enchaînement de soupçons nés alors chez les enquêteurs quant à une possible violation du secret de l'instruction et un possible trafic d'influence entre ces deux hommes et un magistrat bien introduit auprès de la Cour de cassation. En principe, les conversations entre un avocat et son client sont protégées même quand ils sont sur écoute. C'est pourquoi le courrier se termine en insistant bien sur le fait que les protagonistes ont utilisé une ligne ouverte sous un faux nom et sur le fait que la teneur des propos est de nature à impliquer pénalement Thierry Herzog. Ce qui justifie selon Eliane Houlette la nécessité d'ouvrir une information judiciaire, citée en objet.

Dans le deuxième document l'avocat général Philippe Lagauche précise bien que Christiane Taubira est régulièrement tenue au courant des développements du dossier concernant le financement présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy par la Libye. Il va même jusqu'à donner la cote de référencement des notes en question. Rien de surprenant puisque la garde des sceaux a exigé d'avoir des remontées régulières sur les dossiers sensibles depuis janvier dernier. Simplement, on ne peut que s'étonner qu'elle ait découvert soi-disant dans la presse ce que ses services lui communiquent officiellement depuis des mois...

Source : Rfi.fr
 



Jeudi 13 Mars 2014 - 09:52