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Afrique du Sud: le nucléaire est-il la meilleure solution?

En Afrique du Sud, les réactions se multiplient au lendemain de l’annonce d’un accord dans le nucléaire entre l’Afrique du Sud et la Russie. Moscou va fournir jusqu'à huit réacteurs nucléaires à l’Afrique du Sud, d’ici 2023. Pretoria – deuxième puissance économique du continent africain - peine à répondre à ses besoins énergétiques. Le pays n’a qu’une seule centrale nucléaire qui produit 5% de la production totale d’énergie. Pretoria a ainsi décidé d’investir massivement dans l’énergie nucléaire russe.



La centrale nucléaire de Koeberg, en Afrique du Sud, à 30 km au nord de la ville du Cap. Creative Commons/Pipodesign Philipp P Egli
La centrale nucléaire de Koeberg, en Afrique du Sud, à 30 km au nord de la ville du Cap. Creative Commons/Pipodesign Philipp P Egli

Le nucléaire est-il la meilleure solution pour l’Afrique du Sud ? « Oui », disent certains experts. Le pays doit rapidement développer ce secteur car ses capacités électriques sont proches de leur maximum et les délestages sont fréquents. Pour Chris Yeland, expert en énergie, le nucléaire est une option comme une autre. «Toutes les sources d’énergie - que ce soit le nucléaire, le charbon, l’hydraulique, l’éolien, le solaire, le gaz - sont importantes dans d’une politique énergétique globale et toutes ont des plus et des moins. L’avantage du nucléaire, c’est que les besoins opérationnels sont très faibles ainsi que les émissions de Co2 », a dit Chris Yeland.

Aujourd’hui, 80 % de l’énergie utilisée dans le pays provient de centrales au charbon. Pour Frank Baleni, secrétaire général du syndicat des mineurs, le nucléaire n’est pas créateur d’emplois. « Pendant la construction, ces usines vont faire travailler beaucoup de monde mais après, une centrale nucléaire n’a besoin que d’une fraction de ce qu’emploie une usine a charbon. De plus, l’économie sud-africaine ne peut pas se permettre de dépenser des milliards pour la construction de ces usines, alors que nous avons d’autres alternatives qui sont beaucoup plus économes », a expliqué Frank Baleni.

Un contrat qui fait polémique

Avec huit réacteurs nucléaires d’ici 2023 pour un projet estimé entre 31 et 38 milliards d’euros, il s’agit du plus important marché public de l’histoire de l’Afrique du Sud. Dans le pays, nombreux se demandent comment Pretoria va financer un tel projet. « D’où va venir l’argent ? Nous n’allons pas pouvoir financer le coût de ces réacteurs, car le budget de l’État ne le permettra pas. Donc si on continue avec ce projet, cela veut dire que nous entraînons le pays vers la faillite », s’inquiète ainsi Makoma Lekala-kala, de Earthline, un groupe de protection de l’environnement.

Autre inquiétude, le manque de transparence de ce contrat avec la Russie, notamment sur les conditions d’attribution de ce marché public et ses contraintes. Pour Lance Greyling, député de l’Alliance démocratique, le principal parti d’opposition, il n’y a pas eu d’appel d’offres comme prévu par la Constitution. « Cela irait à l’encontre du principe même d’attribution des marchés publics qui nécessite qu’il y ait un appel d’offres ou tout pays et toute entreprise peuvent participer », rappelle-t-il.

En Afrique du Sud, un scandale de pots de vin dans le cadre d’un contrat d’armement avec la société française Thalès est encore dans toutes les têtes. C’était il y a 15 ans. Presque toute la classe politique avait été touchée, y compris l’actuel président Jacob Zuma.

Echec pour la France

Ce marché du nucléaire a longtemps été convoité par le français Areva - allié à EDF – et de fait, ce contrat entre Pretoria et Moscou sonne comme un terrible désaveu pour l'offre nucléaire française. C'est en tout cas ce qu'estime le député français, Pierre Lellouche, ancien secrétaire d'Etat au Commerce extérieur.


Rfi.fr

Mercredi 24 Septembre 2014 - 10:53


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