Des enquêteurs travaillent sur la scène de l'explosion qui a eu lieu au café Argana, situé sur laplace Jamaa el-Fnaa, à Marrakech, le 29 avril 2011. REUTERS/YOUSSEF BOUDLAL
Les enquêteurs ont-ils plus d’éléments sur l’attentat en lui-même?
Dès les premières heures, les enquêteurs avaient établi avec certitude que l’attentat avait été perpétré à l’aide d’un engin explosif déclenché à distance. Cette bombe était composée «de nitrate d'ammonium, d'explosif TATP, ainsi que de clous, et que l'explosion a été déclenchée à distance», selon le ministre marocain de l’Intérieur Taeb Cherkaoui. Le Figaro a indiqué que «la bombe aurait été déclenchée à distance par téléphone», ce qui amenait les enquêteurs à vérifier «tous les éléments de téléphonie possible».
Y a-t-il des suspects?
Oui, et ils sont au nombre de deux. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a indiqué mercredi que la France disposait d'informations selon lesquelles deux éventuels suspects auraient été identifiés au Maroc . «On semble avoir identifié deux suspects possibles», avait déclaré le ministre. Les enquêteurs ont pu remonter leur piste grâce à deux portraits robot, très précis, établis par les clients présents au café Argana lors de l’atttentat, et diffusé très peu de temps après les faits.
Sont-ils liés à Aqmi?
Une semaine après, l’attaque n’a pas été revendiquée. Ce qui est «normal», selon Louis Caprioli, ancien responsable de la lutte contre le terrorisme à la DST et conseiller du groupe Geos. «Les terroristes ont leur propre timing. Les attentats de Londres ont par exemple été revandiqués deux mois après.» Mais, selon lui, «il est clair que cet attentat a été commis par des personnes proches de la mouvance d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi)». En effet, une source française proche de l’enquête citée par Le Figaro affirme que les deux suspects font partie de la mouvance d’Aqmi.
Les enquêteurs prennent en effet au sérieux les menaces proférées par l’organisation trois jours avant l’attentat: dans une vidéo postée sur YouTube et attribuée depuis à Aqmi, cinq jeunes gens armés avaient proféré des menaces directement à l’encontre du Maroc et dénoncé les conditions de détention des prisonniers «religieux». De plus, la bombe porterait également la signature d’Aqmi: «Ceux qui ont l'habitude d'opter pour ce mode d'action à distance sont connus», a affirmé le ministre marocain de l’Intérieur Taeb Cherkaoui.
Cependant, certains accréditent la thèse d’un «complot intérieur» voulant faire porter le chapeau à Aqmi. Pour éviter la contagion du Printemps arabe, et mettre un coup d’arrêt aux réformes extorquées au roi Mohamed VI, certains au sein du gouvernement auraient organisé l’attentat de Marrakech.
Y a-t-il eu des arrestations?
Pas encore, si l’on en croit les responsables marocains. «L'enquête est en cours et je peux vous assurer que personne n'a encore été arrêté, contrairement à ce qui a été dit ici et là», a affirmé ce jeudi à l'AFP un responsable judiciaire proche de l'enquête. Le gouvernement marocain se refuse également à tout commentaire sur l’enquête, arguant qu’une enquête de cette envergure ne se déroule pas à ciel ouvert pour conserver totue son efficacité. Pourtant, mercredi, plusieurs sites d’informations indiquaient qu’un suspect avait été arrêté.
Ce dernier, Adelatif Zarhaoui, était connu des services de police marocains, selon Europe 1: emprisonné en 2007 du fait de ses liens avec la «Cellule catalane», un groupe lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), il avait été libéré il y a peu et était déjà recherché deux semaines avant l’attentat de Marrakech pour une attaque commise à Tanger. Il aurait été interpellé dans la soirée de mercredi à Marrakech, et serait interrogé discrètement par les services de renseignement marocains.
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