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Cameroun, l'alternance est-elle possible?

L'opposition camerounaise parviendra-t-elle à détrôner Paul Biya? Vingt ans après l'avènement du multipartisme, le parti au pouvoir continue de régner sans partage dans le pays.



Paul Biya, lors d'une conférence de l'Unesco à Paris. Octobre 2007. REUTERS/Pool New
Paul Biya, lors d'une conférence de l'Unesco à Paris. Octobre 2007. REUTERS/Pool New
Nombreux sont ceux qui, en 1991, croient au changement lorsque le président Paul Biya promulgue les vingt lois sur les libertés qui ont instauré le multipartisme au Cameroun. Pour les leaders des partis, les intellectuels et les exilés politiques, l'heure du grand retour avait sonné. Presque tous rentrent au bercail, dans l'espoir d'incarner une nouvelle ère. Mais, deux décennies plus tard, c'est toujours le statu quo. Pour les observateurs de la scène politique camerounaise, les raisons sont multiples.

Hilaire Kamga, porte-parole de la Plate-forme de la société civile pour la démocratie et coauteur de l'ouvrage Cameroun, l'offre orange pour l'alternance, pour notre légitime ambition pour le pouvoir, la nouvelle génération s'engage, analyse:

«Depuis 1960, le même système est resté en place, c'est-à-dire le système néocolonial d'abord incarné par le premier président, Ahmadou Ahidjo, puis par Paul Biya depuis 1982. Les mécanismes de ce système basé sur les réseaux, la mafia, ont tellement gangréné la société qu'il n'était pas possible pour les forces de se structurer et de s'organiser sur le long terme face au pouvoir. Il y avait une trop grosse mainmise des réseaux mafieux néocoloniaux, qui rendait l'alternance impossible. Mais aujourd'hui, bien heureusement, la nouvelle génération est déterminée à prendre son destin en main.»

Autre handicap et non des moindres, le président de la République concentre tous les pouvoirs. Depuis 29 ans, le chef de l’Etat incarne à la fois le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. L'opposition camerounaise n'est jamais parvenue à obtenir la majorité au Parlement. Sur les 180 députés que compte l'Assemblée nationale camerounaise, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RPDC), le parti au pouvoir, en compte près de 150. Le Social Democratic Front (SDF), le principal parti d'opposition, en compte 18. Et certains partis d’opposition n'ont qu’un seul député. Celle-ci peine à jouer véritablement son rôle de contre-pouvoir.

Un système électoral archaïque

Même si les choses s'améliorent progressivement, le système électoral camerounais reste relativement obsolète. Alors que nombre de pays africains pratiquent déjà l'inscription biométrique, le Cameroun reste réticent. Plus grand et plus peuplé, le Nigeria voisin est ainsi parvenu à inscrire plus de 70 millions d'électeurs en quelques semaines avec ce procédé, lors des élections générales d'avril 2011. Le fichier électoral biométrique présente l'avantage de limiter les risques de fraudes. De plus, le scrutin présidentiel au Cameroun est un scrutin à un tour. Un vote à deux tours permettrait que le président élu soit réellement représentatif de la population.

Jusqu'à présent, l'ensemble du processus électoral et référendaire était organisé par le ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, sous la supervision de l'Observatoire national des élections du Cameroun (Onel). En 2008, un nouvel organe voit le jour: Elections Cameroon (Elécam) est désormais chargé de l'organisation, la gestion, et la supervision de l'ensemble du processus électoral et référendaire.

La structure se veut neutre, indépendante et impartiale —même si le Parlement a voté lundi 6 juin 2011 une loi lui retirant la prérogative de publier les résultats des prochaines élections. La plupart des partis d'opposition voient d'un mauvais œil le rapport étroit qui lie les membres de cette structure au RDPC.

Aujourd'hui, toutes les étapes du processus électoral sont constituées de commissions mixtes comprenant un représentant de chaque parti politique. Pour Abdoulkarimou, auteur du livre La pratique des élections au Cameroun 1992-2007: Regards sur un système électoral en mutation, le problème ce sont les acteurs du jeu électoral, pas son système:

«C'est un système qui offre toutes les garanties à condition que chaque acteur joue son rôle. Certains ne font pas leur travail, lorsqu'on les invite à s'inscrire sur les listes électorales par exemple, ils ne viennent pas. Donc, le système lui est bon, ce sont les acteurs qui sont mauvais.»Lire la suite sur slate


Jeudi 16 Juin 2011 - 11:45


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