
Pour nombre d’internautes africains, l’humour a primé face à une situation chaotique qui n’a pas été sans rappeler certains processus électoraux africains : un président sortant qui se déclare vainqueur avant la fin du dépouillement, puis refuse d’accepter sa défaite, tandis que de longues journées de suspense ont précédé l’annonce des résultats. « Omar Trump Bongo s’accroche au pouvoir comme un authentique dictateur africain », a-t-on pu lire sur Facebook.
Et si l’Afrique envoyait des missions d’observation aux États-Unis ? Ou mieux encore, une force d’interposition menée par l’armée de mer (sic) du Tchad, pays enclavé ? C’est ce qu’a imaginé avec malice un internaute sénégalais, avant l’annonce des résultats.
La victoire démocrate largement saluée
La victoire de Joe Biden a été saluée avec ardeur. L’écrivain Alain Mabanckou espère ainsi voir changer « l’image risible affichée par le pays ces quatre dernières années ». Le journaliste congolais Chris Elongo Selemani, lui, se réjouit de « la consécration d'une carrière hors normes : Kamala Harris, ancienne procureure et fille d'immigrés, entre dans l'Histoire comme la première femme à accéder à la vice-présidence des États-Unis. À 56 ans, la dynamique et pugnace sénatrice de Californie a permis à Joe Biden, 77 ans, d'engranger les voix d'un électorat plus divers qui avait soif de se voir mieux représenté au sommet du pouvoir. À tel point que certains électeurs disaient voter non pas pour M. Biden mais pour elle, la fille d'un père jamaïcain et d'une mère indienne. »
Un bémol est venu d’Abdou Ndukur Ndao, socio-anthropologue sénégalais : « N’oublions pas que cela reste un président américain pour les Américains. Il ne fera pas notre bonheur. Au moment où on s'extasie, l'Éthiopie bombarde le Tigré, Alpha Condé marche sur les cavadres, ADO écrase ses oppositions, les pays du Sahel sont exsangues, le Cameroun se déchire, les lignes de fractures sont partout et nos fils prennent la mer et le désert. Que dieu protège l'Afrique qui redevient un terrain de projection américaine. »
Renversements de situation
Pendant ces jours d’attente, nombreux sont ceux qui se sont amusés d’un renversement de situation et de regards. Le caricaturiste et journaliste kényan Patrick Gathara, sur son compte Twitter, s’en est amusé : « Comme les officiels dans une Amérique ravagée par la crise s’efforcent de compter les voix pour le quatrième jour, les nations africaines ont offert d’envoyer des contingents de professeurs de mathématiques, pour aider à accélérer le processus et renforcer les capacités dans ce que beaucoup sur le continent espèrent voir devenir la plus récente démocratie du monde. »
De son côté, le journaliste ghanéen Kwaku Sakyi-Addo a raconté l’élection américaine en imitant le ton des médias occidentaux sur l’Afrique. « Les tribus américaines vont aux urnes dans l’incertitude », a-t-il annoncé avec la photo d’un sans-abris enroulé dans une couverture aux couleurs du drapeau américain, avant de poursuivre : « Deux anciens de tribus blanches contestent la gestion de cette ancienne colonie britannique ravagée par le Covid et grande exportarice de blé. (…) En raison des niveaux d’analphabétisme, les candidats sont représentés par des animaux sur les bulletins de vote, l’éléphant pour les Républicains et l’âne en train de braire pour les démocrates. Plus de 230 000 personnes sont mortes du Covid, plus que dans aucun autre pays au monde, entraînant une pauvreté endémique et un taux de chômage jamais vu dans ce vaste pays depuis un siècle. »
Moqueries autour de Paula White
Les vidéos montrant un prêche enflammé de Paula White, pasteure évangéliste et conseillère spirituelle de Donald Trump, sont devenues virales en Afrique – où elles renvoient à toutes les rumeurs voulant que les chefs d’État aient recours à des forces occultes. On entend Paula White scander des invocations à tous les anges, y compris d’Afrique, pour œuvrer à la victoire de son client. Un Sénégalais d’Anvers, en Belgique, s’en amuse : « Elle a oublié celui qui qualifiait tout un continent de "pays de merde", donc j’ai bien peur que les noms vaudous qu’elle appelle au hasard ne restent à la maison. » Un Ghanéen a moqué, à l’annonce de la victoire de Joe Biden : « Alors, Donald Trump n’a pas été plus loin que ses 214 grands électeurs ? 56 anges africains ont été déployés pour faire bouger les chiffres. »
Apologues et détracteurs de Trump
Sur Facebook, un Malien ne tarit pas d’éloges sur le candidat républicain, déclarant à qui veut l’entendre que Trump est un « grand homme ». La raison ? « Trump, c’est l’amour de la patrie. Il a lutté contre les homosexuels et l’avortement, et n’a participé à aucune guerre, contrairement à Obama en Libye. » Ses posts font vibrer une corde sensible, celle de l’admiration pour les hommes forts, une tendance déjà lourde avant l’élection de Trump en 2016.
Depuis Libreville, le sociologue gabonais Joseph Tonda voit plutôt en Trump la figure tutélaire du « capitalisme sauvage ». Parce que ces partisans sont ruraux, le président sortant symbolise « la force brute du rêve américain instrumentalisé par le populiste (…). Il exprime son racisme en soutenant les suprématistes blancs, et comme il a l'esprit paysan, il déteste les intellectuels et ne croit pas à ce qu'ils racontent sur le Covid-19 ». En Afrique du Sud, enfin, l’intérêt s’est plutôt porté sur Joe Biden. C’est une ancienne vidéo le montrant jeune et très énervé contre le régime de l’apartheid, qu’il qualifie de « répugnant », qui a fait le buzz.
Et si l’Afrique envoyait des missions d’observation aux États-Unis ? Ou mieux encore, une force d’interposition menée par l’armée de mer (sic) du Tchad, pays enclavé ? C’est ce qu’a imaginé avec malice un internaute sénégalais, avant l’annonce des résultats.
La victoire démocrate largement saluée
La victoire de Joe Biden a été saluée avec ardeur. L’écrivain Alain Mabanckou espère ainsi voir changer « l’image risible affichée par le pays ces quatre dernières années ». Le journaliste congolais Chris Elongo Selemani, lui, se réjouit de « la consécration d'une carrière hors normes : Kamala Harris, ancienne procureure et fille d'immigrés, entre dans l'Histoire comme la première femme à accéder à la vice-présidence des États-Unis. À 56 ans, la dynamique et pugnace sénatrice de Californie a permis à Joe Biden, 77 ans, d'engranger les voix d'un électorat plus divers qui avait soif de se voir mieux représenté au sommet du pouvoir. À tel point que certains électeurs disaient voter non pas pour M. Biden mais pour elle, la fille d'un père jamaïcain et d'une mère indienne. »
Un bémol est venu d’Abdou Ndukur Ndao, socio-anthropologue sénégalais : « N’oublions pas que cela reste un président américain pour les Américains. Il ne fera pas notre bonheur. Au moment où on s'extasie, l'Éthiopie bombarde le Tigré, Alpha Condé marche sur les cavadres, ADO écrase ses oppositions, les pays du Sahel sont exsangues, le Cameroun se déchire, les lignes de fractures sont partout et nos fils prennent la mer et le désert. Que dieu protège l'Afrique qui redevient un terrain de projection américaine. »
Renversements de situation
Pendant ces jours d’attente, nombreux sont ceux qui se sont amusés d’un renversement de situation et de regards. Le caricaturiste et journaliste kényan Patrick Gathara, sur son compte Twitter, s’en est amusé : « Comme les officiels dans une Amérique ravagée par la crise s’efforcent de compter les voix pour le quatrième jour, les nations africaines ont offert d’envoyer des contingents de professeurs de mathématiques, pour aider à accélérer le processus et renforcer les capacités dans ce que beaucoup sur le continent espèrent voir devenir la plus récente démocratie du monde. »
De son côté, le journaliste ghanéen Kwaku Sakyi-Addo a raconté l’élection américaine en imitant le ton des médias occidentaux sur l’Afrique. « Les tribus américaines vont aux urnes dans l’incertitude », a-t-il annoncé avec la photo d’un sans-abris enroulé dans une couverture aux couleurs du drapeau américain, avant de poursuivre : « Deux anciens de tribus blanches contestent la gestion de cette ancienne colonie britannique ravagée par le Covid et grande exportarice de blé. (…) En raison des niveaux d’analphabétisme, les candidats sont représentés par des animaux sur les bulletins de vote, l’éléphant pour les Républicains et l’âne en train de braire pour les démocrates. Plus de 230 000 personnes sont mortes du Covid, plus que dans aucun autre pays au monde, entraînant une pauvreté endémique et un taux de chômage jamais vu dans ce vaste pays depuis un siècle. »
Moqueries autour de Paula White
Les vidéos montrant un prêche enflammé de Paula White, pasteure évangéliste et conseillère spirituelle de Donald Trump, sont devenues virales en Afrique – où elles renvoient à toutes les rumeurs voulant que les chefs d’État aient recours à des forces occultes. On entend Paula White scander des invocations à tous les anges, y compris d’Afrique, pour œuvrer à la victoire de son client. Un Sénégalais d’Anvers, en Belgique, s’en amuse : « Elle a oublié celui qui qualifiait tout un continent de "pays de merde", donc j’ai bien peur que les noms vaudous qu’elle appelle au hasard ne restent à la maison. » Un Ghanéen a moqué, à l’annonce de la victoire de Joe Biden : « Alors, Donald Trump n’a pas été plus loin que ses 214 grands électeurs ? 56 anges africains ont été déployés pour faire bouger les chiffres. »
Apologues et détracteurs de Trump
Sur Facebook, un Malien ne tarit pas d’éloges sur le candidat républicain, déclarant à qui veut l’entendre que Trump est un « grand homme ». La raison ? « Trump, c’est l’amour de la patrie. Il a lutté contre les homosexuels et l’avortement, et n’a participé à aucune guerre, contrairement à Obama en Libye. » Ses posts font vibrer une corde sensible, celle de l’admiration pour les hommes forts, une tendance déjà lourde avant l’élection de Trump en 2016.
Depuis Libreville, le sociologue gabonais Joseph Tonda voit plutôt en Trump la figure tutélaire du « capitalisme sauvage ». Parce que ces partisans sont ruraux, le président sortant symbolise « la force brute du rêve américain instrumentalisé par le populiste (…). Il exprime son racisme en soutenant les suprématistes blancs, et comme il a l'esprit paysan, il déteste les intellectuels et ne croit pas à ce qu'ils racontent sur le Covid-19 ». En Afrique du Sud, enfin, l’intérêt s’est plutôt porté sur Joe Biden. C’est une ancienne vidéo le montrant jeune et très énervé contre le régime de l’apartheid, qu’il qualifie de « répugnant », qui a fait le buzz.
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