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États-Unis: la vidéo du tabassage mortel de Tyre Nichols rendue publique

La vidéo du passage à tabac fatal à Tyre Nichols, un Afro-Américain de 29 ans, à Memphis (Tennessee) a été rendue publique ce 28 janvier et diffusée sur les réseaux sociaux et en boucle sur les chaînes de télévision. Premières réactions, premières manifestations : c'est le choc aux États-Unis.



Un long passage à tabac nocturne, à coups de poing, de pied, de matraque, aspersion de gaz lacrymogène sur le visage : les Américains ont découvert vendredi soir avec effroi la vidéo extrêmement choquante de l'arrestation de Tyre Nichols, un Afro-Américain, mort à l'âge de 29 ans trois jours après son arrestation.
 
Tyre Nichols, aspergé de gaz lacrymogène et visé par un pistolet Taser à décharges électriques, tente de s'enfuir mais est rattrapé ensuite par les agents, qui se déchaînent. « Maman. Maman. Maman ! », crie Tyre Nichols dans un des extraits. Ses cris n’y font rien, les policiers s’acharnent sur lui comme une meute sur sa proie, rapporte notre correspondant aux États-Unis David Thomson. Le jeune homme de 29 ans est plaqué au sol par deux agents tandis qu’un troisième lui assène de violents coups de pied au visage. Puis les policiers le relèvent, trois d’entre eux l’immobilisent pendant qu’un quatrième le frappe encore. Coup de poing après coup de poing en pleine face. Tyre Nichols s’effondre, mais ce n’est pas fini : un cinquième policier entre en scène et le frappe dans le dos avec une matraque. La victime est ensuite trainé au sol, à moitié consciente. Les images le montrent assis et adossé à la voiture de police, les yeux fermés, la bouche ouverte, le visage tuméfié.
 
La vidéo dévoile ainsi les violences infligées durant plusieurs minutes par les cinq policiers, noirs, dans le sillage d'un banal contrôle routier à Memphis, dans l'État du Tennessee, le 7 janvier. « Je voulais juste rentrer chez moi », dit Tyre Nichols dans la vidéo.
 
« Quand mon mari et moi sommes arrivés à l'hôpital et que j'ai vu mon fils, il était déjà mort. Ils l'avaient réduit en bouillie. Il avait des bleus partout, sa tête était enflée comme une pastèque », a raconté en larmes RowVaughn Wells, la mère de Tyre Nichols, dans une interview diffusée par la chaîne CNN.
 
Tyre Nichols, hospitalisé, est décédé trois jours après son interpellation. Les cinq policiers afro-américains, depuis licenciés, ont été inculpés pour meurtre et écroués. Quatre d'entre eux ont ensuite été libérés sous caution.
 
Réagissant quelque trente minutes après que la vidéo explosive eut été rendue publique, le président Joe Biden s'est dit « scandalisé » et « profondément meurtri ».
 
Manifestations
Vendredi, de premières manifestations ont eu lieu dans diverses villes du pays. À Memphis tout d'abord où une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés vendredi soir à Memphis, dans le sud des États-Unis, pour réclamer des « réponses » et des « actes ». « Qu'allez-vous faire ? », demande une manifestante armée d'un mégaphone au parc des Martyrs du centre de Memphis, s'adressant à la cheffe de la police de la ville.
 
Pour Monica Johnson, une militante de 24 ans venue d'Atlanta, il est important à présent que la police « rende des comptes » et que l'ensemble des policiers impliqués soient condamnés.
 
Malgré les troubles attendus par les autorités au moment de la publication de la vidéo, le centre-ville de Memphis reste calme, et les commerces ouverts.
 
Des marches ont également eu lieu à Washington ou encore à New York, où plus de 200 personnes ont défilé en scandant « Pas de justice, pas de paix ». Quelques échauffourées ont eu lieu à Time Square, au coeur de la ville.
 
Signe que l'affaire est potentiellement explosive, Joe Biden a exhorté à ce que les rassemblements soient « pacifiques » et s'est entretenu au téléphone dans l'après-midi avec la mère et le beau-père de Tyre Nichols.
 
Car sa mort rappelle celle de l'Afro-Américain George Floyd, tué par un policier en mai 2020. Des manifestations contre le racisme et les violences policières avaient alors embrasé le pays, fédérées autour du slogan Black Lives Matter (« Les vies noires comptent »).
 
La cheffe de la police de Memphis, Cerelyn Davis, avait prévenu que la vidéo montrant l'interpellation de cet homme pour une simple infraction au code de la route était « comparable, voire pire » à celle montrant l'arrestation policière violente de Rodney King en 1991. L'acquittement, un an plus tard, des quatre policiers impliqués, déclencha des émeutes sans précédent à Los Angeles.
 
Les autorités appellent depuis plusieurs jours au calme, anticipant des manifestations après la publication d'une vidéo jugée « épouvantable » par ceux qui l'ont vue.
 
La famille appelle à des protestations pacifiques
La famille de Tyre Nichols a elle-même demandé des rassemblements pacifiques. « S'il vous plaît, manifestez, mais manifestez en toute sécurité », a dit son beau-père, Rodney Wells.
 
À Memphis, les manifestants se sont mis en marche au moment de la publication de la vidéo, scandant : « Dites son nom. Tyre Nichols ».
 
« Vous n'avez pas voulu nous écouter », clamait le cortège dans cette ville où Martin Luther King a été assassiné en 1968.
 
Ailleurs dans le pays, les forces de l'ordre se préparaient à d'éventuels débordements. Deux conseillères de Joe Biden se sont entretenues avec les maires de 16 villes américaines à propos des manifestations.
 
Le directeur du FBI, Christopher Wray, s'est dit « horrifié », et le ministre de la Justice Merrick Garland a indiqué qu'une enquête fédérale avait été ouverte.
 
Le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a lui dénoncé un meurtre « inadmissible », tandis que le sénateur de gauche Bernie Sanders a appelé à « tout faire pour mettre fin à la violence policière contre les personnes de couleur ».
 
Tout en disant leur horreur, les avocats de la famille ainsi que les parents du jeune homme ont tenu à saluer la « rapidité » des mesures prises à l'encontre des policiers.
 
Le révérend Al Sharpton, célèbre figure de la lutte pour les droits civiques qui prononcera l'oraison funèbre de Tyre Nichols, a affirmé que le fait que les policiers soient noirs rendait « l'événement encore plus choquant ».
 
« Nous sommes contre toutes les violences policières, pas seulement contre les violences policières commises par des Blancs », a-t-il dit.

RFI

Samedi 28 Janvier 2023 - 10:00


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