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Finlande : quand la digitalisation révolutionne l'administration fiscale

Avec 90% de ses processus automatisés, l'administration fiscale finlandaise est devenue un modèle d'efficacité administrative. Sami Koskinen, Director for Stakeholder Relations, a présenté ce système innovant à des journalistes africains lors d'une visite guidée dans leur siège à Helsinki.



« En essence, la fiscalité est une gestion de données », a déclaré Sami Koskinen devant un parterre de journalistes africains réunis le 4 juin au siège de l'administration fiscale finlandaise. Cette affirmation résume l'approche pragmatique adoptée par la Finlande pour transformer son système fiscal.
Le responsable des relations avec les parties prenantes a exposé comment son pays a progressivement développé un système qui place les données au cœur de sa stratégie. Cette approche permet à l'administration de collecter plus de 80 milliards d'euros annuellement, tout en maintenant des coûts opérationnels réduits.

Une administration fiscale optimisée

L'administration fiscale finlandaise gère plus de 5 millions de contribuables individuels et environ 500 000 entreprises avec seulement 4 500 employés. Un ratio qui impressionne les observateurs internationaux et qui s'explique principalement par un niveau élevé d'automatisation.
 
Les recettes fiscales proviennent majoritairement de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (30 milliards d'euros) et de la TVA (20 milliards d'euros). En comparaison internationale, le secteur public finlandais se distingue par son efficacité, avec seulement 15% des recettes fiscales consacrées à l'administration générale.
 
« Nous devons avoir accès aux données correctes au bon moment pour collecter le bon montant d'impôts », a précisé M. Koskinen. Cette vision technocratique mais efficace a permis de réduire considérablement l'écart fiscal, qui mesure la différence entre les impôts théoriquement dus et ceux effectivement collectés.

L'automatisation comme pilier central

La performance du système repose sur une automatisation massive des processus. Plus de 90% des dossiers fiscaux sont traités sans intervention humaine : les données circulent à travers le système informatique et les avis d'imposition sont générés automatiquement.
 
Cette automatisation est rendue possible par un système informatique centralisé, mis en place il y a environ cinq ans. « Plus nous pouvons nous fier à la soumission automatisée des flux de données, moins il y a besoin de corrections ultérieures », a expliqué Sami Koskinen.
 
Du côté des contribuables, plus de 95% des interactions avec l'administration fiscale se font par voie électronique. Cette dématérialisation quasi-totale a permis d'éliminer les processus papier, traditionnellement plus lourds et sujets aux erreurs.

Une approche orientée client

L'administration fiscale finlandaise a développé une stratégie d'orientation client qui va au-delà des simples déclarations d'intention. Elle repose sur une analyse comportementale approfondie des contribuables et une segmentation selon leurs attitudes face à l'impôt.
 
Selon Sami Koskinen, l'administration adapte son approche en fonction du profil des contribuables. Les plus réfractaires font l'objet de contrôles rigoureux, tandis que ceux qui souhaitent se conformer, mais manquent d'information, reçoivent des conseils personnalisés. Pour la majorité des contribuables volontaires, l'objectif est de simplifier au maximum les démarches.
 
« Notre objectif est de réduire progressivement les ressources nécessaires au contrôle et d'augmenter l'automatisation », a précisé le responsable finlandais. Cette approche différenciée permet d'optimiser l'allocation des ressources tout en maintenant un niveau élevé de conformité fiscale.

La vision "Tax Administration 3.0"

Cette stratégie s'inscrit dans une vision plus large, baptisée "Tax Administration 3.0", qui représente selon les experts la troisième étape de l'évolution des administrations fiscales à l'échelle mondiale.
 
La première génération était caractérisée par des processus papier et des contrôles a posteriori, tandis que la deuxième a introduit le dépôt électronique et un soutien accru à la conformité. La troisième génération, que la Finlande est en train de mettre en œuvre, vise à intégrer complètement la fiscalité dans la vie quotidienne des citoyens et des entreprises.
 
« Notre vision à long terme est que la fiscalité se produit simplement en lien avec les événements quotidiens, de sorte que le contribuable n'a pas à trop s'en préoccuper », a affirmé Sami Koskinen. Cette vision, inspirée par un rapport de l'OCDE, pourrait transformer radicalement la relation entre les citoyens et l'administration fiscale.
 
Les journalistes africains présents à cette conférence ont manifesté un vif intérêt pour ce modèle, tout en s'interrogeant sur sa transposabilité dans des contextes où la digitalisation reste un défi. Sami Koskinen a reconnu que le chemin vers une telle transformation est long, la Finlande ayant commencé sa transition numérique il y a plus de 30 ans.


Vendredi 6 Juin 2025 - 05:25


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